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Cartonnage : les entreprises locales asphyxiées par les importations

Les contenants en plastique, fer, bois ou papier subissent la rude concurrence des conditionnements provenant de l'extérieur. Le secteur de la cimenterie dont l'offre est de plus en plus croissante, se limite à une production de 30 millions d'unités de sacs de ciments sur un besoin annuel de 90 millions. Les entreprises du secteur accusent le gouvernement et les cimenteries opérant au Cameroun.

Comme le riz, le sucre, la farine, les pâtes alimentaires, les métaux, ou la tomate concentrée, l’emballage figure également parmi les produits confrontés à la concurrence venue de l’extérieur. Plusieurs petites et moyennes entreprises camerounaises du secteur de la production des emballages, sacs et autres paquetages ou conditionnement éprouvent en effet des difficultés face aux importations massives. Plasticam, Teepackaging group, Sofecam, Ok Plast, Emballage plastique Cameroun ou Icrafon et Multiprint subissent la rivalité mercantile provenant de Chine, France ou du Nigeria. Si quasiment tous les segments des emballages sont concernés par le phénomène (alimentaire, plastique, verre, papier, métal, bois etc…), celui relatif à la production des sacs de ciment se particularise.

Capacités

Avec 6 cimenteries (Cimencam, Dangote, Cimaf, Medcem, Mira Company, Egin), les entreprises camerounaises spécialisées dans la fabrication des emballages pour ciments occupent moins de 30% de ce vaste marché dont le besoin est évalué annuellement à 90 millions d’unités de sacs de ciment: «l’arrivée sur le marché de 5 nouvelles cimenteries depuis 2014 a provoqué un triplement de l’offre», constate Samuel Kondo Njanga Ngande, le Président directeur général de la Société camerounaise de cartonnage, de fournitures de matériel scolaire et de bureau (Socarto). La Socarto détient à elle seule 28% de cet étroit marché, partagé entre les entreprises locales productrices d’emballage de sacs de ciment. Soit une production de 30 millions d’unités. Parmi les clients de la Socarto, figurent en effet Cimencam ou Dangote Cement Cameroon.

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Les responsables de la principale entreprise de ce secteur déplorent par conséquent le fort taux d’importation du sac d’emballage de ciments : «l’importation massive du ciment a éprouvé le modèle de Socarto sur ce segment. Pas parce que l’entreprise ne pouvait pas compétir. Mais pour des raisons qui n’ont rien à voir avec nos équipements de production», révèlent les dirigeants de Socarto. Causes de ce faible taux de parts de marché, l’entrée dans le territoire camerounais du ciment provenant des importations déjà mis sous emballages: «plusieurs concessionnaires de cimenteries ont choisi de ne pas s’attacher les services et l’expertise locale. Ils préfèrent inonder le marché de ciment dont l’emballage provient parfois de très loin», apprend-on davantage.

Gap

Également, certaines cimenteries font recours, par voie d’appels d’offres internationaux, à des prestataires étrangers pour une livraison en emballage. Autre raison évoquée, le coût de l’emballage produit localement. Le coût final de l’emballage produit localement reste élevé, reconnaît un responsable de la Socarto. Plus cher que celui provenant de l’importation. Fuh Calistus Gentry, le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt), a personnellement effectué une descente dans des cimenteries de Douala à l’effet de s’imprégner des réalités de ce segment de production camerounaises des emballages.

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Le Ministre des mines, de l’industrie et du développement technologique a par ailleurs fait escale dans les installations de la Socarto : «il s’agit de veiller au respect des mesures visant à garantir aux industries locales, un rôle majeur de levier du développement économique et social, d’encourager la production nationale d’emballages souples en produits kraft dans l’industrie du ciment», s’exprimait Samuel Kondo Njanga Ngande le 17 novembre 2020, face au membre du gouvernement. Il était concrètement question de soumettre à Fuh Calistus Gentry, quelques mesures pour rendre compétitive, la production camerounaise des emballages : limitation des importations, exonération sur les intrants, incitations fiscales, sensibilisation des entreprises sur la préférence nationale, lutte contre la contrebande etc…Des solutions qui permettront incontestablement de combler le gap de 60 millions d’unités de sacs de ciment actuellement manquant de la production nationale.

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