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Catastrophes urbaines : l’autopsie du gouvernement

Une analyse du secrétaire général du Mineped confirme que les responsabilités sont partagées entre les populations et les pouvoirs publics. D’où l’application rigoureuse de la loi sur l’urbanisme afin d’anticiper sur les évènements.

Le drame  de Mbankolo(Yaoundé) survenue le 8 octobre 2023 est venu porter à plus de 100, le nombre de personnes déjà décédées dans un éboulement de terrain au Cameroun. Les membres du gouvernement descendus sur le site du sinistre en l’occurrence le Minhdu Célestine Ketcha Courtes, se sont limités à exhorter les populations d’abandonner ces zones à hauts risques (ce qui les éviterait d’un nouveau drame).

Toutefois, dans un entretien accordé au poste national ce 11 octobre, Paul Tchawa, le Secrétaire général du ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (Minepded) n’est pas passé par quatre chemins pour faire une évaluation critique de la situation qui prévaut. Pour le membre du gouvernement, les responsabilités sont partagées entre les populations elles-mêmes et les pouvoirs publics. « J’observe de façon froide que c’est un mélange d’incivisme, de tolérance administrative et quelque part, il faudrait une meilleure coordination entre les administrations clés…Quand je dis tolérance admirative c’est difficile au plan politique. On ne déplace pas comme ça et sur un coup de tête, des milliers de personnes », a-t-il relevé.  

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Pour inverser la tendance, au-delà de mettre en place un mécanisme de sensibilisation, le SG du Minepded invite toutes les parties prenantes à l’action. « Ce que je voudrais dire de manière claire, c’est qu’il faut anticiper. Il ne faut pas attendre que ces évènements surviennent pour agir. Il faudrait de façon urgente, qu’on mette à jour la cartographie des sites dits impropres à l’habitat [l’Institut national de la cartographie(INC), Minepded, l’Université, la Recherche, etc.]. Et sur cette carte, on peut la superposer à la carte d’occupation des sols pour voir où sont les établissements humains qui se trouvent sur des sites non constructibles et prendre des mesures », a-t-il suggéré.

Dans le même registre, Paul Tchawa estime qu’il faille non seulement respecter le schéma directeur, les plans d’affectation mais aussi, « identifier des sites de recasement et l’Etat devrait trouver les moyens pour que ces sites soient des sites constructibles et faire en sorte que l’accès aux lots soit un lot à l’accès des revenus de ces couches vulnérables ».

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Le géophysicien sera-t-il donc écouté dans la pratique? Difficile d’y répondre pour le moment. Toujours est-il c’est depuis au moins 04 ans que les éboulements de terrain déciment des nombreuses populations. C’est dire que la lutte contre les catastrophes urbaines incombe aux Collectivités territoriales décentralisées(CTD), l’Observatoire national sur les changements climatiques au Cameroun(Oncc)-qui joue pleinement son rôle- les pouvoirs publics en l’occurrence le Minhdu ou encore le ministère de l’Administration territoriale(Minat) qui abrite l’Observatoire national de risques à la Direction de la protection civile.

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Selon l’article 37 de la loi régissant l’urbanisme au Cameroun, « (1) le Plan d’occupation des sols est un document qui fixe l’affectation des sols et les règles qui la régissent pour le moyen terme (10 à 15 ans). Il définit le périmètre de chacune des zones d’affectation et édicte, pour chacune d’entre elles, les règles, restrictions et servitudes particulières d’utilisation du sol », lit-on. Malheureusement, ces plans « existent mais ne sont pas systématiquement appliqués », déplore l’universitaire.

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