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Cemac : la Beac dresse le bilan de l’année 2019

Politique monétaire, système bancaire, position extérieure, résultats financiers... la Banque des Etats de l’Afrique Centrale fait le tour de la situation socio-économique dans la zone Cemac en 2019.

De manière générale, l’activité économique a connu au cours de l’année 2019 un ralentissement. Le taux de croissance mondial est revenu à 2,9% en 2019, après avoir atteint 3,6% en 2018. Une tendance générale qui n’a cependant pas entraîné les 6 pays de la Cemac. D’après les estimations faites par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) dans son rapport annuel 2019, la croissance économique dans cette zone a plutôt été positive en 2019, soit 2,1%, contre 1,8% en 2018. Cette hausse, explique la Banque centrale, est due à une légère progression des activités du secteur pétrolier, conjuguée avec un maintien du rythme de progression des activités dans le secteur non pétrolier. Plus globalement, le secteur primaire a le plus contribué à la croissance, avec un apport de 1,1 point, suivi des secteurs secondaire et tertiaire, avec un apport de 0,6 point chacun. La dynamique des activités dans le secteur primaire est tirée par la hausse la production pétrolière passée à 45,9 millions de tonnes. Autre indicateur macroéconomique, c’est le taux d’inflation qui selon l’institut d’émission s’est replié à 2,0 %, contre 2,2 % en fin décembre 2018. La situation budgétaire s’est améliorée, avec un déficit du solde budgétaire qui est passé de – 0,3 % du PIB en 2018 à 0,0 % du PIB en 2019.

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Politique monétaire

En 2019, la Beac a poursuivi avec la consolidation du nouveau cadre de sa politique monétaire. Ce dispositif permet de renforcer la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle tout en maitrisant progressivement la liquidité du système bancaire. Ainsi donc, les interventions de l’Institut d’émission sur le marché monétaire au cours de la période sous revue se sont traduites uniquement par des injections de liquidités de plusieurs ordres. De prime abord l’opération principale d’injection de liquidités au système bancaire s’est situé à 40 milliards, souscrit à 59,7 % par des banques implantées en Guinée Equatoriale et au Tchad. « La régression observée s’inscrit dans la dynamique voulue par le Comité du Marché Monétaire, visant à resserrer les conditions monétaires et stimuler par conséquent les transactions interbancaires » explique la Beac. S’agissant des facilités permanentes, le volume moyen a progressé à 211,9 milliards en décembre 2019, contre 180,4 milliards en décembre 2018.

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L’opération d’injection de liquidité de maturité longue par la banque centrale n’a pas connu d’enthousiasme auprès des établissements de crédits en 2019. Huit opérations d’injection de liquidités, pour des échéances d’un mois et de trois mois, ont été déclenchées. Les trois premières opérations d’une durée de trois mois ont porté chacune sur un montant de 30 milliards ; les trois suivantes de même durée ont porté sur 20 milliards. Les deux dernières opérations, d’une maturité d’un mois, ont également porté sur 20 milliards. De manière générale, les injections de liquidités de la Beac dans le système bancaire ont connu une baisse passant de 481,4 milliards au 31 décembre 2018 à 287,7 milliards un an plus tard. D’après la Beac, cette baisse résulte de la diminution du montant des liquidités injectées par la Banque Centrale lors de ses opérations principales, de la réduction de l’encours des crédits sur le guichet spécial de refinancement, et du remboursement complet de la liquidité d’urgence et des avances au taux de pénalité consolidées sur deux établissements de crédit. Si l’activité d’injection connais de manière globale un repli, le compartiment interbancaire, a lui été des plus dynamiques avec l’accroissement du volume des transactions entre les banques commerciales de la zone Cemac. L’encours cumulé des transactions interbancaires (289 transactions déclarées) s’est élevé à 2 358,1 milliards contre 928,6 milliards en 2018.

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Réserves de changes

C’est le 1er mars 2019 qu’est officiellement entrée en vigueur la nouvelle règlementation de changes de la Beac. En vertu de ce texte, les établissements de crédits et opérateurs économiques sont tenus de rétrocéder à la Banque centrale, par l’entremise de leurs correspondants à l’étranger, au moins 70% des devises issues de l’ensemble des opérations internationales effectuées de la Cemac vers l’étranger. L’entrée en vigueur de cette règlementation a fortement favorisé la rétrocession des devises par les assujettis, faisant progresser de 14% les réserves de changes de la Beac. Au 31 décembre 2019, les réserves de change de la BEAC se sont situées à 4 336 milliards, contre 3 775 milliards au 31 décembre 2018. Le stock d’Or a quant à lui été de 201 903,398 onces, valorisé à 179 milliards, soit une appréciation de sa valeur de marché de 20,81 % par rapport à 2018. Les Avoir en DTS détenus par la Beac pour le compte de ses Etats membres et pour son compte propre ont atteint 167 milliards à fin décembre 2019, contre 166 milliards un an auparavant.

La monnaie électronique

En 2019, l’activité de la monnaie électronique a enregistré 818 941 707 transactions pour un montant de 11 335 milliards, contre 572 362 635 transactions pour une valeur de 8 296 milliards pour toute l’année 2018. Le Mobile Money a représenté 96 % de cette valeur. Au cours de cette période, 21 banques ont été autorisées à exercer l’activité d’émission de monnaie électronique et 68 220 points de services à travers la CEMAC. Le nombre de comptes de paiement associés aux instruments de monnaie électronique (porteurs) a considérablement évolué, passant de 17,8 millions d’inscrits à la fin de l’année 2018 à 24,7 millions douze mois plus tard.

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Les bons comptes de la Beac

Au plan de la gestion interne, la Beac a poursuivi le renforcement de son équilibre financier, avec un bénéfice net avant affectation, de 19,6 milliards, contre 6,5 milliards pour l’exercice 2018, soit une hausse de 203,1 %. Ce résultat a été soutenu par des hausses importantes sur les commissions (+130%) et autres produits bancaires (+90,9%), mais aussi par une légère réduction des charges (-2,48%). Cela a permis à la BEAC de propulser sa rentabilité, car pour ce niveau de marge nette, elle n’a pas eu besoin de booster particulièrement son bilan, soit en termes de soutien à ses Etats membres, soit en termes d’avance dans le secteur bancaire. Le gros de son produit net bancaire est donc à mettre à l’actif d’une reprise de contrôle sur les opérations de change menées dans le secteur bancaire. Entre les commissions de transferts, de change sur la salle des marchés et celles de change manuel, l’institution d’émission monétaire a gagné plus de 17,5 milliards FCFA. Les autres produits bancaires ont été augmentés de près de 5 milliards FCFA, avec la contribution des établissements financiers aux frais administratifs de la BEAC, et des sanctions pécuniaires d’un peu plus de 2 milliards FCFA. Le total du bilan de la Banque Centrale s’est par ailleurs établi à 7 909 milliards, contre 7 512 milliards au 31 décembre 2018, soit une hausse de 5,3 %.

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