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Cemac : les prémices d’un possible essoufflement des SVT sur le marché des titres publics

Le taux moyen de couverture des montants mis en adjudication par les Etats a atteint le niveau le plus bas en 10 ans. Dans le même temps, les taux d’intérêts ne cessent de grimper. Si aucune mesure appropriée n’est prise, les Etats pourraient bientôt avoir du mal à mobiliser l’ensemble des financements attendus sur le marché des titres publics de la Beac.

Entre janvier 2021 et janvier 2022, l’encours des titres émis par les Etats de la Cemac sur le marché des titres publics de la Beac a connu son niveau de progression le plus élevé au cours des 10 dernières années. Selon des récentes données du Conseil de surveillance de la cellule de règlement et de conservation des titres (Crct), cet encours a atteint 4 708,3 milliards de FCFA à la fin janvier 2022. Comparé à la même période en 2021, l’on note une hausse significative de 1383,9 milliards soit 41,7%. Toujours selon la Crct, la tendance haussière s’est également étalée sur les coûts des émissions qui sont passées respectivement à 8,80% et 5,69% pour les OTA et BTA contre 8,54 et 5,19% un an plus tôt. De même, le taux de couverture moyen des émissions pour les 6 Etats de la Cemac a connu une baisse de 21,3%, passant de 117,97% à 96,64%. C’est le taux de couverture le plus bas du marché des titres publics depuis son institution en 2011. Un fait inédit qui trahit un niveau de saturation des investisseurs SVT face à une demande en financements sans cesse croissante.

Diversification du portefeuille des titres

En réaction à l’urgence de la crise sanitaire du coronavirus en 2020 et face à la baisse de leurs revenus, les États de la Cemac ont, depuis 2020, accru leur demande de ressources sur le marché des valeurs du Trésor en émettant plus précisément des titres de longue maturité. Dans le même temps, les demandes de crédits des opérateurs privés ont connu une forte baisse en raison de l’attentisme et du contexte incertain. Du coup, en 2020, la faible demande sur d’autres instruments d’investissements a fait que les banques ont orienté une grande partie de leurs ressources vers les titres publics mis en adjudication. Seulement l’année d’après, avec la reprise de la demande de crédit, d’autres alternatives se sont présentées aux banques.

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En termes de produits financiers rentables au cours cette période, il y a aussi eu les émissions obligataires privées et souveraines sur le marché boursier. De quoi diversifier les portefeuilles des banques.

Au-delà de cette explication qui relève d’un fait de conjoncture, l’obésité qui caractérise aujourd’hui le portefeuille titre des banques pourrait également être une des raisons de la réduction de l’offre. Elles détiennent à elles seules plus de 80% de l’encours des titres en circulation ce qui selon la Beac « expose grandement le système bancaire au risque souverain ».  A moyen terme,la capacité des SVT à soutenir cette dynamique pourrait se buter aux contraintes prudentielles visant à préserver le secteur bancaire en contenant son exposition aux risques souverains dans les limites acceptables. Ce qui suppose que dans la dynamique actuelle et si les conditions ne changent pas, il sera difficile pour les Etats de mobiliser la totalité des financements sur ce marché.  

Dynamiser le marché secondaire

Pour la Beac, inverser la tendance de saturation actuelle passe inéluctablement par la dynamisation du marché secondaire ; celui auquel ont accès les particuliers. « Afin d’amener les SVT à soutenir la dynamique croissante de ce marché sans être exposés aux contraintes prudentielles d’exposition au risque souverain, il est utile de mettre en place des stratégies visant à impulser le développement du marché secondaire » explique la banque centrale. Dans la Cemac, les SVT ont l’obligation de céder annuellement au minimum 30% de leurs souscriptions des valeurs du trésor, de participer à toutes les adjudications des trésors publics et de détenir pour compte propre au moins 5% de l’ensemble des montants émis par trésor public chaque année. Des exigences qu’elles peinent à remplir et qui handicapent fortement le développement de ce marché. Pour Samuel Roger Mbassa, le marché secondaire souffre de l’absence d’un réel cadre qui régit son fonctionnement. Un réaménagement pourrait y booster les transactions :« La Beac doit pouvoir, sur le marché secondaire, établir des règles de fonctionnement, autant qu’il y’en a sur le marché primaire. Sur le marché primaire vous avez des règles et procédures qui sont bien connues or le marché secondaire n’est pas encore organisé dans la Cemac. En normant les échanges sur le marché secondaire, il y’a des chances que cela incite à plus d’opérations » a réagi le Trésorier Régional et SVT des six trésors de la CEMAC.

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