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Climat social : pourquoi le personnel du Labogenie est en grève ?

En grève depuis le 26 juin 2023, le personnel du Laboratoire national de Génie civil du Cameroun (Labogenie) revendique des conditions de travail équivalentes à une entreprise qui, officiellement, se porte financièrement bien.

Le personnel du Laboratoire national de Génie civil du Cameroun (Labogenie) dont le siège est situé au quartier Ekounou (Yaoundé 4) est en grève depuis le 26 juin 2023. Il s’agit là, de la  mise à exécution du préavis de grève adressé au délégué régional du ministère du Travail et de la Sécurité sociale(Mintss) du Centre le 13 juin dernier.  En effet, le courrier qui visiblement n’a pas eu d’effet escompté, soulève une vingtaine de revendications ; lesquelles gravitent autour  de la qualité du management de cette entreprise assuré par Jean Moufo. « Les salaires du personnel ne sont pas déclarés et les cotisations Cnps, bien que prélevés mensuellement au personnel depuis plus de 15 mois ; les avancements du personnel sont gelés depuis 4 ans et les indemnités de congés ne sont pas payées selon la réglementation en vigueur : les primes du personnel affectés sur le terrain ne sont pas payées depuis plus de 3 ans, les arriérés de paiement des salaires de certains personnels, etc. », apprend-t-on.

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Pour ces derniers, les chiffres connus au Labogénie ces dernières années ne devraient pas conduire à ce climat tendu. Pour preuve, pour l’exercice 2023, son budget a été arrêté à 12,670 milliards de FCFA de recettes et 12,04 milliards de FCFA de dépenses.  En termes de performances, cette entreprise publique a enregistré des bénéfices après impôts de 380,684 millions de FCFA en 2020 et 763, 469 millions de FCFA en 2021. Une embellie qui n’a pourtant pas permis à la direction générale de rénover son équipement. « En 6 ans, on n’a acheté aucun véhicule, en 6 ans, on n’a pas renouvelé le parc automobile. Il n’y a pas d’outil de production… », déplore-t-on.

Le Top management mis à l’index

Cette situation délétère qui intervient deux semaines après le préavis de grève, est une conséquence de ce que le Top management de l’entreprise ne se serait pas rendu disponible pour trouver un consensus avec ces travailleurs qui revendiquent leurs droits. « Le délégué régional de la Sécurité sociale a convié le Directeur général à une réunion le 21 juin dernier pour une médiation comme le prévoit la loi. Mais le DG a répondu absent. Il a plutôt adressé une correspondance à l’autorité compétente pour dire qu’il n’est pas d’accord. Par la suite, le délégué a lui-même envoyé un de ses collaborateurs mais la direction générale lui a fermé le portail au nez », nous confie un travailleur du Labogénie.

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Pire encore, poursuit une autre source, « lorsque le DG a reçu le préavis, il nous a donné des demandes d’explication et il nous a mis dehors depuis la semaine dernière ». Vu cet état de chose, les grévistes exigent donc avant toute chose, la réintégration des 39 personnels « mis à la porte » ainsi que la réhabilitation des délégués des personnels à leurs postes respectifs, lesquels ont été « mutés sans leur consentement préalable ».

Conformité des ingénieurs du Génie civil

L’on se souvient tout de même que le 12 juin 2023(veille du préavis de grève, Ndlr), le Mintp adressait une correspondance à tous les ingénieurs relevant du corps du Génie civil, les invitant à se mettre en règle par rapport à l’Ordre national des ingénieurs de Génie civil(Onigc). « J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir vous inscrire  l’Ordre national des ingénieurs de Génie civil(Onigc) afin de vous conformer à la profession de l’ingénieur de Génie civil ; vous acquitter annuellement de vos cotisations annuelles vis-à-vis de l’ordre ; régulariser votre situation vis-à-vis de l’ordre en ce qui concerne les aérées de cotisations, participer régulièrement et activement aux différentes sessions et activités relevant de l’initiative de l’ordre », enjoignait Emmanuel Nganou Djoumessi.

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Toutefois, cette injonction du Mintp semble difficile à appliquer au Labogénie du fait des dysfonctionnements mentionnées supra. «  Ce n’est pas facile. Un fonctionnaire qui a 175 000 F de salaire et qui fait 3 ans, 4 ans sans réverser ses cotisations pour qu’il reçoive l’attestation, il va faire comment ? Ça devient très difficile. Combien de fois nous les travailleurs, lorsque l’entreprise ne cotise pas à notre place, ça devient difficile de prélever de nos salaires. Quand on nous parle de 70 000 F par an. Peut-être c’est insignifiant mais pour nous qui avons les aérés depuis 3 ans, 4 ans…sortir 350 000 F pour être à jour, ce n’est pas facile », fait remarquer un travailleur au sein du Labogénie.

Pour le reste, compte tenu du fait qu’une éventuelle fermeture du Labogénie pénaliserait l’Etat du Cameroun, ces travailleurs qui observent un mouvement d’humeur restent disposés à toute médiation. Mais pour l’heure, ni le ministère des Travaux publics(Minfi) qui assure la tutelle technique du Labogenie, le ministère des Finances(Minfi) qui en assure la tutelle financière  encore moins le Directeur général du Labogenie ne se sont pas encore clairement exprimés sur cette affaire qui fait des mules.

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