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Cobalt de Lomié : Geovic se retire du projet et cède ses actifs à l’américain Cloudbreak

19 ans après avoir délivré le permis pour l’exploitation de ce gisement minier, le Cameroun espère voir enfin l’exploitation démarrer dans 24 mois avec le nouveau partenaire.

Cloudbreak Holding, une multinationale d’investissement dans les ressources naturelles, basée aux États-Unis, a annoncé le 2 mars dernier avoir conclu un accord avec Geovic Mining pour « financer et exploiter » le gisement de cobalt de Nkamouna, localité située dans l’arrondissement de Lomié, région de l’Est du Cameroun. La junior minière américaine a, effet cédé tous ses actifs sur ce projet, notamment les 60,5% des parts qu’elle détenait au sein de sa filiale locale Geocam, l’entreprise qui possède le permis d’exploitation de ce gisement. Les dirigeants de Cloudbreak Holding ont d’ailleurs rencontré les autorités camerounaises et annoncent le démarrage de l’exploitation de ce minerai dans exactement 24 mois. « On s’attend à ce que le cobalt devienne rapidement une source d’exportation très importante pour le Cameroun, justifiant le soutien de longue date de la présidence camerounaise au projet » a expliqué l’entreprise dans un communiqué.

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Nkamouna est présenté comme l’une des plus grandes réserves primaires prouvées de cobalt au monde et détient également des gisements de nickel, de manganèse et de terres rares. Pour l’exploitation de ce gisement, l’investissement est estimé à 400 millions de dollars. Un montant colossal, que n’était pas parvenu à mobiliser Geovic jusqu’ici et qui ne semble pas constituer un problème pour le nouvel exploitant. « Nous avons présenté aux autorités camerounaises nos capacités financières ; ce qui les a immédiatement convaincues. Je puis vous rassurer que nos capitaux viennent de gros investisseurs privés. Nous n’entendons pas contracter de dettes auprès des banques ou sur les marchés financiers » a expliqué à EcoMatin Justin Lowe, cofondateur de Cloudbreak. Dans le projet, la Société Nationale de Mines(Sonamines), sera chargée de veiller sur les intérêts de l’Etat. L’entreprise publique sera détentrice de 10% des parts du capital de Geocam contre 29,5% pour la SNI. 

L’arlésienne ?

L’arrivée de ce nouvel acteur n’est qu’un énième épisode d’un feuilleton qui dure depuis une bonne vingtaine d’année. En effet, c’est depuis le 11 avril 2003 que Geovic a décroché le tout premier permis d’exploitation minière du pays, pour exploiter le gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna. La junior minière américaine annonçait par ailleurs plus 700 emplois directset des retombées inestimables pour le Cameroun. Malgré son étude de faisabilité bancable présentée au gouvernement, l’entreprise n’a jamais pu sortir le moindre gramme de Cobalt à Nkamouna pour le commercialiser. Selon Investir au Cameroun, elle aurait même déserté le site en 2013 avant de tenter en vain de céder tous ses actifs sur le projet minier, à la société chinoise Jiangxi Rare Metals Tungsten Group Holdings Company Ltd. En 2017, las d’attendre que les promesses se concrétisent, le ministre camerounais des mines de l’époque, Ernest Gbwaboubou, va solliciter le retrait du permis d’exploitation à Geovic. Les raisons ? « L’intérêt que d’autres investisseurs plus sérieux portent au projet de Nkamouna » et « le fait que Geovic se serve de ce permis de recherche aux fins de spéculations sur les places boursières ». Un an après, William Alan Buckovic, le fondateur de Geovic sera reçu par le Secrétaire général de la Présidence de la République, à qui il va assurer la relance « imminente du projet ». Une autre promesse finalement non tenue car à l’évidence, l’entreprise n’avait pas les moyens de sa politique.

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Au moment où elle prend pleinement les rênes du projet, la firme américaine Cloudbreak Holding se dit consciente des enjeux liés à l’exploitation de ce minerai. « Nous savons qu’il y’a eu des difficultés par le passé ; des promesses non tenues ; mais nous pensons qu’il faut tourner la page » a déclaré  Justin Lowe.

Cobalt : une mine prisée

Difficile de dire si cette fois sera la bonne tant les rétropédalages sur cette affaire sont récurrents.  Mais une chose est sûre, la montée de la demande mondiale du cobalt, composante essentielle dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques mais aussi dans d’autres produits électroniques, comme les smartphones, tablettes… est un élément qui peut accélérer son extraction du sous-sol Camerounais. Jusqu’ici, l’essentiel du Cobalt utilisé à travers le monde provient en grande partie des mines situées au sud de la République démocratique du Congo (RDC). A cause de la demande croissante, de grands groupes tentent de se protéger contre une possible pénurie. La réserve du Cameroun se présente comme une opportunité à saisir. Autre avantage, c’est le caractère moins risqué du projet ; l’exploitation ayant déjà été réalisée il n’y a plus de doute sur la présence du minerai. La rentabilité du projet dépendra donc de l’évolution du cours de cette matière première ; ce qui, selon Cloudbreak, ne devrait pas chuter d’ici peu. « Nous ne contrôlons pas le prix du marché. Si ce prix est en dessous de 10 dollars, le projet n’est pas économique. La garantie que ce projet est économique c’est que le monde est obligé de passer à cette transition et certains gouvernements sont en train de faire des pieds et des mains pour passer à l’électrique. Il serait extrêmement inattendu que la demande baisse » a expliqué Justin Lowe.

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