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Le ministre du Commerce demande aux sociétés brassicoles de surseoir au réajustement de la ristourne commerciale reversée aux détaillants

Luc Magloire Mbarga Atangana invoque des menaces de trouble à l’ordre public et suggère à la Cameroon Alcohol Producers Association de privilégier le dialogue avec les syndicats des exploitants des débits de boissons. Il annonce également des concertations dans les tout prochains jours entre les différentes parties sous l’égide du gouvernement.

Le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana qui faisait partie des autorités ampliataires de la correspondance adressée le 28 septembre dernier aux autorités administratives par le collectif des barmen du Cameroun, laquelle portait déclaration de manifestation publique à compter du 02 octobre devant les usines des entreprises membres de la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA) pour protester contre la décision de celle-ci de procéder à un abattement de 50% de la ristourne/épargne, est dans une démarche de conciliation pour mettre fin à cette crise naissante dans l’écosystème de la bière. Dans une correspondance adressée le 02 octobre au président de la CAPA, Austin Ufomba, qui est par ailleurs directeur général de Union camerounaise des brasseries (Ucb), le Mincommerce lui demande de surseoir au réajustement envisagé, « au regard des risques de menace à l’ordre public que pourrait engendrer ce mouvement de sit-in initié par les barmen, et au nom du dialogue social et républicain prescrit, en toutes circonstances, par le gouvernement, en vue de rechercher des solutions consensuelles, en cas de différend, entre les différents acteurs de la vie socio-économique de la nation ».

Le membre du gouvernement prescrit la même attitude au collectif des barmen par rapport à leur mouvement, « en attendant les concertations qui devront intervenir dans les tout prochains jours entre l’ensemble des parties prenantes, sous l’égide du gouvernement ». La Cameroon CAPA qui regroupe l’ensemble des industries brassicoles au Cameroun, est en effet déterminée à réaménager la ristourne/épargne commerciale retenue et reversée aux détaillants. Ses responsables ont annoncé que la décision prendrait effet à compter du 1er octobre. Dans une correspondance commune adressée le 07 septembre aux différents syndicats des exploitants des débits de boissons, les directeurs généraux de Boissons du Cameroun, de l’Union camerounaise des brasseries, (Ucb), de Guinness Cameroun S.A et de Fermencam, annoncent qu’ils vont notamment procéder à un abattement de 50% de ladite ristourne/épargne, en lieu et place de sa suppression pure et simple envisagée en première solution. A travers cette solution médiane, la CAPA dit vouloir permettre aux barmen de faire également face à leurs multiples charges (fiscales et d’exploitations).

L’association précisait même que cette solution est prise « dans l’espoir que la loi de finances prochaine ne sera pas défavorable pour [leur] activité et que le contexte socio-économique actuel connaitra une stabilité ». En clair, une augmentation de la pression fiscale sur le secteur brassicole en 2024 obligerait la CAPA à supprimer définitivement la ristourne. La décision des sociétés brassicoles qui, d’après  elles, est une question de survie, est liée d’une part au renforcement de la fiscalité et, d’autres part, à la crise du Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne à l’origine d’une crise inflationniste mondiale sans précédent. La conjoncture est en effet lourde pour ces entreprises qui subissent sans discontinuer depuis 2019 une augmentation drastique de leurs charges « dont une infime partie seulement a pu être répercutée en 2019 à la suite du changement de la base d’imposition au droit d’accises ad valorem ». « Face à cette situation, nous avons été obligés, depuis plus de quatre ans, d’absorber l’essentiel de ces coûts additionnels, et ce faisant, de voir notre rentabilité se dégrader progressivement. Pire, malgré le contexte devenu pratiquement intenable, la loi de finances pour l’exercice 2023 n’a pas hésité à nous vulnérabiliser davantage à travers l’élargissement de l’assiette des droits d’accises et l’extension de la taxe spéciale sur les produits pétroliers au gaz naturel, énergie que nous utilisons désormais pour pallier les insuffisances du fournisseur Eneo ».

En fait d’augmentation des charges, la Capa relève notamment que la persistance de l’inflation constatée sur les principales matières premières et consommables de ses membres se poursuit : malt (+50% vs 2022), gritz de maïs (+35% vs 2022), alcool bon goût (+18% vs 2022), énergies (+16% vs 2022), elles n’ont pas d’autres choix que de procéder à ce réaménagement de la ristourne/épargne commerciale retenue et reversée aux détaillants. Du reste, l’abattement de 50% envisagé sur la ristourne/épargne commerciale retenue et reversée aux détaillants « ne permettra que d’atténuer partiellement les effets de ces multiples crises sur le modèle économique et social de nos entreprises », assure le président de la CAPA dans une interview accordée hier aux confrères d’Investir au Cameroun. En considérant la date du 1er octobre comme celle de son entrée en vigueur, « ce réaménagement n’impactera pas les ristournes payables en octobre 2023 au titre du trimestre juillet-aout-septembre. Ce changement impactera en revanche les ristournes payables en janvier 2024 au titre du dernier trimestre 2023 », précise Austin Ufomba. Lui non plus ne ferme pas la porte à de nouvelles concertations avec les exploitants des débits de boissons qui, outre les sit-in annoncés, appellent au boycott des produits des entreprises membres de la CAPA et au lancement d’une opération « bars morts ».

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