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Compétitivité : le riz Semry hors de prix

Les prix de vente bord usine de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture, toutes gammes confondues, sont plus élevés que le riz importé de Thaïlande, de Chine ou d’Indonésie.

Une note interne à la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) portant fixation des nouveaux prix de vente bord usine du riz blanchi et ses sous-produits, renseigne qu’un kilogramme de riz de luxe complet coûte 1800 Fcfa. Ce prix est de loin plus élevé que celui du riz 5% thaïlandais de même gamme, commercialisé dans les grandes surfaces de Yaoundé, Douala, etc., à 1500 Fcfa. Il irait même au-delà du prix du kilogramme de riz Basmati (1800 Fcfa), si l’on intègre les coûts du transport entre les différents sites de production de la Semry basés dans le Nord et l’Extrême-Nord et le sud du Cameroun. En clair, pour assurer une plus grande présence du riz de luxe complet produit pas cette entreprise publique en dehors des trois régions septentrionales, le gouvernement qui accorde déjà des subventions à cette société devrait en plus supporter les surcoûts liés au transport.

Le problème ne se pose malheureusement pas qu’avec cette gamme du reste réservée à une clientèle Vip et qui ne connaît pas de tensions de stocks dans le pays (la demande dans ce segment est largement couverte par les importations), il concerne également le riz marchand, le riz brisure supérieur, le riz brisure ordinaire, entre autres gammes à la portée des bourses moyennes, qui ne foisonnent pas sur le marché local depuis la survenue du coronavirus. La pandémie a en effet provoqué une dérégulation des chaînes d’approvisionnement sur le marché international, et cette réalité a créé une fausse pénurie sur le marché camerounais. Conséquemment, cette réalité a provoqué un renchérissement du prix de cette denrée de grande consommation, sur fond de spéculation.

Pour contourner la contrainte des coûts du transport qui rend moins compétitifs ses produits en dehors du septentrion, la Semry a, en effet, fait le choix d’exporter jusqu’à 70% de sa production vers le Nigeria. L’information a été révélée dans une récente étude du Bureau de mise à niveau des entreprises (Bmn) sur le positionnement stratégique de la filière fabrication des produits à base de céréales. Pour mémoire, le Cameroun produit environ 140.000 tonnes de riz l’an, pour une demande nationale estimée à quelques 576 949 tonnes, soit un déficit structurel d’environ 436 239 comblé chaque année par des importations.

Par Jean Omer Eyango 

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