BusinessA la Une

Compétitivité : l’offensive du Port de Kribi vers l’Afrique de l’Ouest

Son directeur général veut élaborer une stratégie marketing par la mise en œuvre et le suivi des plans de développement des filières de croissance pour le rendre compétitif sur la côte ouest-africaine.

Le Port de Kribi ambitionne donc se lancer à la conquête de la côte ouest-africaine. En effet, dans le top 10 des meilleures plateformes portuaires du continent, les ports de la côte ouest africaine occupent une place de choix. Le Port de Lagos, le Port de Lomé, le port d’Abidjan, le port de Tema (Ghana), le port de Dakar et le port de Cotonou sont des inconditionnels de ces classements. C’est désormais avec ces derniers que souhaite compétir le Port Autonome de Kribi (PAK). Son directeur général, Patrice Melom, vient de lancer un avis à manifestation d’intérêt relatif au recrutement d’un consultant chargé de l’élaboration d’ une stratégie marketing par la mise en œuvre et le suivi des plans de développement des filières de croissance pour rendre le PAK compétitif sur la côte ouest-africaine. Il sera question pour l’adjudicataire de cet avis à manifestation d’intérêt d’identifier des facteurs et indicateurs de compétitivité des ports de la côte ouest africaine, de faire l’analyse des besoins et les offres du marché en vue de déterminer avec précision le potentiel de vente des services et les segments les plus intéressants du marché ; tout en tenant compte de la concurrence de son importance.


>> Lire aussi – Port de Kribi : la conception stratégique et financière de la zone économique confiée aux étrangers


Mais aussi de faire une analyse comparative de la compétitivité du Port de Kribi et celle des ports de la côte ouest africaine ; et une analyse des éléments qui rendent le PAK unique dans l’action de commercialisation de ses services et la captation/fidélisation de sa clientèle. Enfin, identifier des filières de croissance sur la base d’un ensemble de critères jugés pertinents ; élaborer des plans de développement des filières retenues et les modalités de mise en œuvre et de suivi des plans de développement des filières retenues. Au terme de cette étude, le PAK souhaite disposer d’«une fiche descriptive synthétique des différents ports. Une matrice des facteurs et indicateurs de compétitivité portuaires pertinente. Une maîtrise détaillée des forces et faiblesses des ports de la côte ouest africaine. Et une maîtrise de l’élaboration des plans de développement grâce aux missions de benchmarking dans un port d’Afrique francophone de référence et même des séminaires de formations locales ». Egalement, le PAK devrait disposer des outils de maîtrise de la production du plan marketing triennal par la combinaison de la maîtrise de l’analyse PESTEL et l’analyse de marchés. De même qu’il sera capable d’identifier et d’élaborer les plans de développement des filières de croissance retenues autour du port de Kribi.

En rapport avec leurs performances des ports de la côte ouest-africaine, en 2017 par exemple, rapporte l’Agence Ecofin, 285 porte-conteneurs ont emprunté les sept routes commerciales intercontinentales en direction de l’Afrique de l’Ouest. Déployés par 24 opérateurs différents, leur capacité moyenne était de 3300 EVP. Le plus gros navire, un navire de 13 600 EVP, est exploité par MSC (Mediterranean Shipping Company) dans le cadre d’un service hub and spoke, reliant Lomé à un grand nombre de ports régionaux. Avec le redressement des prix du brut, les volumes de conteneurs en Afrique de l’Ouest, devraient atteindre 4,3 millions d’EVP d’ici 2021, à raison d’une croissance annuelle estimée à 5 % pour les cargaisons en conteneurs.

 

500 hectares pour le développement d’une zone économique spéciale

C’est un indicateur majeur vers plus de compétitivité au port  de Kribi : la mise en place d’une zone économique spéciale. Le top management de Port Autonome de Kribi (PAK), souhaite en effet viabiliser la première tranche de la zone industrialo-portuaire afin de favoriser l’implantation d’entreprises logistiques et industrielles de premier plan. Le projet tel que conçu par le PAK, apprend-on, consiste à la viabilisation complète d’un espace 500 hectares à travers le terrassement et la préparation des parcelles prêtes à la location, la construction des réseaux routiers, d’eau, d’électricité, d’assainissement, d’éclairage public et à la réalisation d’aménagements paysagers. La composante immobilière dudit projet prévoit la construction d’un centre des affaires et de plusieurs entrepôts logistiques. Outre la qualité des infrastructures offertes, les investisseurs pourront bénéficier de toutes les incitations administratives et fiscalo-douanières prévues par la loi suscitée. Le PAK, en tant que promoteur de cette zone économique, envisage de s’associer avec des partenaires techniques et financiers afin de co-développer ce projet à travers la création d’une structure ad-hoc à laquelle serait confié le mandat de gestionnaire de la zone économique.

Eu égard aux très fortes retombées socio-économiques que pourrait générer le développement d’une zone industrielle attenante au Port, les autorités camerounaises ont identifié ce projet comme une initiative pilote, dans le cadre de l’implémentation des premières zones économiques du Cameroun, en application de la loi n°2013/011 du 11 décembre 2013 régissant les zones économiques au Cameroun.  Ce projet rentre dans le cadre du projet global d’attractivité du Port de Kribi, et afin de permettre la montée en puissance de l’activité et des trafics.


>> Lire aussi – Importations : que vaut le contrôle technique à l’entrée des marchandises au Cameroun ?


En effet, c’est l’expertise étrangère qui a été retenue pour La conception stratégique et financière de cette  zone économique au Port de Kribi. Aucune entreprise basée au Cameroun ne figurant parmi les entreprises préqualifiées admises à soumissionner pour l’exécution de ce marché. Le directeur général du Port Autonome de Kribi a en effet rendu publique la liste des entreprises retenues à l’issue de l’avis à manifestation d’intérêt du 06 août 2018 relatif à la mission de conseil stratégique et financier du Port Autonome de  Kribi dans la structuration du projet  de développement d’une zone logistique. Parmi les entreprises retenues, il y a le Groupement Attijari Finance Corp :Tangermed/Roland Berger/Attijari Securities/Dentions Morocco, basé à Casablanca au Maroc, Groupemt Catram/Samarcande/Finance Consult/Pl Engineering, basé à Paris en France ; Maritime And Transport Business Solutions (MTBS) basé à Rotterdam aux Pays-Bas ; Groupement Studi/Hanon Capital/Gmaps de Tunis en Tunisie ; Groupement  WSP House/Bowman Gilfillan/Moore Stephens/Acaexportise/Leas Consultants de Londres en Grande Bretagne et le Groupement Cabinet Nyemb/Okan Partnerts, basé à Paris en France.

Des chiffres plus qu’encourageants

Ce sont des chiffres jugés flatteurs par le top management du Port en eau profonde de Kribi, dans la région du Sud. Cette structure qui a été mise en service officiellement le 02 mars 2018, revendique après un an de fonctionnement, avoir enregistré 329 escales de navires toute forme de navigation confondue. Ce qui a généré un peu plus de 157  000 conteneurs, au niveau du terminal à conteneurs, destinés à l’import et à l’export. Au même moment, le terminal polyvalent, a quant à lui effectué 423 000 tonnes de bois manutentionnées. Ce sont donc environ 1.300.000 tonnes de marchandises ont été traitées sur un trafic contrôlé de 190 navires provenant de la Chine, du Vietnam, des États-Unis, de la France, des Pays-Bas, de l’Italie, de l’Allemagne, la Turquie et l’Afrique du Sud, entre autres.


>> Lire aussi – Les ports du Cameroun sont-ils encore compétitifs ?


Le trafic de transbordement, explique-t-on, a quasiment explosé, favorisé par le tirant d’eau et la position géographique du Port de Kribi, ainsi que la qualité des infrastructures, la compétitivité des tarifs et la qualité des services, selon l’autorité portuaire. Ce trafic est passé ainsi de 3 441 EVP (équivalent vingt pieds) au mois de mars à quelques 70 000 EVP au 30 octobre 2018, consolidant ainsi le rôle stratégique du port de Kribi pour les lignes maritimes. A ce jour, plus de 90 000 EVP ont été traités par l’opérateur du terminal à conteneurs.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page