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Complexe sportif d’Olembe : Après avoir touché 42 milliards, Magil lève le camp

L’entreprise canadienne résilie unilatéralement le marché relatif à l’achèvement des travaux et promet d’ester le Cameroun en justice. Le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, y voit une intention malsaine et saisit la Primature.

C’est un autre démêlé judiciaire auquel va faire face le Cameroun dans les jours à venir. Magil Construction Corporation a fait part au ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep), Narcisse Mouelle Kombi, le 06 décembre dernier, de son intention de résilier sous 30 jours le marché relatif à l’achèvement des travaux du complexe sportif d’Olembe, à Yaoundé, dont il est l’adjudicataire. « Sans même attendre ce délai, ce qui semblait lors n’être qu’une intention, est devenu une décision de résiliation unilatérale, exprimée dans une nouvelle correspondance datant du 21 décembre, dans laquelle Magil nous informe qu’à partir du 05 janvier 2023, l’affaire sera portée en arbitrage international », lit-on dans une correspondance du Minsep adressée il y a deux jours (le 03 janvier dernier) au secrétaire général des services du Premier ministre. Le constructeur canadien va plus loin et réclame le paiement « immédiat de 10% de la valeur du marché conformément aux dispositions de l’article 18.7 du contrat », ceci assortie à des compensations financières.Dans la correspondance citée supra, Narcisse Mouelle Kombi dit ne pas être surpris par la décision de Magil, car, depuis la signature dudit contrat, les actes posés par ce prestataire « démontrent des intentions malsaines ». En effet, écrit le ministre, « jusqu’en décembre 2021, malgré nos multiple relances de rappel, Magil a refusé de nous transmettre le retroplanning permettant un meilleur suivi du projet ».  

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Pour comprendre, Magil qui avait hérité du chantier du complexe sportif d’Olembe en décembre 2019 après le constat par le maître d’ouvrage de la défaillance du premier adjudicataire, l’italien Piccini, avait signé un contrat de 55 milliards Fcfa avec l’Etat du Cameroun représenté par le Minsep. Les termes du contrat prévoyaient, dans la première phase, l’achèvement des travaux du stade principal de 60 000 places, des stades d’entraînement, l’aménagement des parkings et des voiries, et même la construction d’un hôtel quatre étoiles qui reste attendu. La deuxième phase des travaux concerne la construction d’une piscine olympique dans l’enceinte du complexe, d’un gymnase, d’un centre commercial, du gymnase, de terrains de basketball et de volley-ball, de courts de tennis et de la clôture. Selon nos informations, Magil a reçu à ce jour 42 milliards Fcfa sur l’enveloppe globale de 55 milliards Fcfa représentant le coût des travaux, dont 38 milliards Fcfa du prêt-garanti et 4 milliards Fcfa du prêt-relais gouvernemental, détaille le ministre des Sports. Qui ajoute que malgré ces diligences, Magil n’a achevé aucune composante du complexe d’Olembe laissée par son prédécesseur Piccini. « Ces montant cumulés représentent 76% du budget total du projet, sachant que les autres composantes de la phase 2, prévues par Piccini et bien que revues, sont restées au stade de maquettes », dénonce Mouelle Kombi.

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Dans un style sans artifices, le Minsep accuse Magil d’avoir mis en place « des stratagèmes pour gonfler artificiellement ses prestations à travers le ralentissement des travaux, leur arrêt pur et simple, des surfacturations, des doubles facturations, la rémunération exponentielle du personnel expatrié, etc. « Pour illustration, entre 2020 et 2021, sous le fallacieux prétexte du manque de matériel, le chantier fut mis à l’arrêt pendant 6 mois. Après vérification, il s’est avéré que les stocks de matériels laissés par Piccini et disponibles sur le site pouvaient permettre d’achever le stade principal, ses deux annexes, l’hôtel, le centre commercial et les salles de cinéma », rapporte le ministre. Qui craint que du fait de ces pratiques, les coûts de la phase 2, évalués par Magil à 55 milliards Fcfa, se situent plutôt entre 65 milliards et 110 milliards Fcfa ; « ce qui pourrait porter le coût définitif du complexe sportif d’Olembe à plus de 250 milliards Fcfa », souligne-t-il. En septembre 2021, la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme qui gère la dette publique, révélait un surcoût d’au moins 19 milliards Fcfa sur le montant initial des travaux du projet. Ce qui portait à 187 milliards Fcfa le coût total.   

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Rappelons qu’en juillet 2022, Magil avait suspendu les travaux sur le chantier pour non-paiement es décomptes dans lesquels se trouvent les factures des sous-traitants et des fournisseurs, d’un montant total de 12 milliards.

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Jean Omer EYANGO et Amina MALLOUM

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