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Compte unique du Trésor : l’Etat fait main basse sur 1500 milliards de Fcfa

Avec l’entrée en vigueur de la comptabilité patrimoniale, l’Etat mettra en service le compte unique du trésor qui lui garantit un accès prioritaire et illimité aux ressources publiques oisives des entités publiques logées dans les banques commerciales.

La campagne de sensibilisation du ministère des Finances auprès des entités publiques disposant de comptes dans les banques commerciales a pris fin le 31 décembre 2021. Dès le mois de février 2022, l’Etat qui rentre de plain-pied dans la comptabilité patrimoniale, mettra en service la compte unique du trésor en vue d’avoir une vue globale et transversale des avoirs publics où qu’ils se trouvent. Aujourd’hui, ces fonds logés dans les banques privées, vont basculer dans le compte unique du trésor. Toutes choses qui selon le directeur de la comptabilité publique au ministère des Finances, Achille Bassahag, vont centraliser en temps réel l’ensemble des avoirs liquides des entités publiques et  permettre de programmer avec plus d’efficience et d’efficacité, les engagements de l’Etat à court terme.

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Après la phase de recensement, les équipes de la direction de la comptabilité ont inventorié plus de 1000 comptes appartenant aux entités publiques et disposant d’une trésorerie dormante de plus de 1500 milliards de Fcfa. Ce qui est une aubaine pour le gouvernement qui fait régulièrement recours au marché financier ainsi qu’aux banques locales pour financer ses opérations ponctuelles. «Nous allons procéder à une mutualisation des ressources parce que les ressources mobilisées par l’Etat le sont pour la réalisation des projets et n’ont pas vocation à être thésaurisées dans les banques privées. Donc ce solde va basculer dans le trésor public au cours de ce premier trimestre et servira aux opérations de l’Etat», assure le directeur de la comptabilité publique.

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Les fonds ainsi basculés vont limiter le recours de l’Etat aux emprunts tat sur le marché domestique que sur le marché financier et lui permettront de maîtriser son rythme d’endettement. «Les ressources de l’Etat qui dorment dans les banques privées sont supérieures aux fonds levés sur le marché financier ou sur le marché domestique. Si on met cet argent à la disposition de l’Etat, nos emprunts seront réduits et nous n’aurons plus à nous endetter pour des sommes qui seront désormais à notre disposition », explique Achille Bassahag.  Qui poursuit : «l’Etat est plus riche que les gens ne le pensent en réalité ; ce qui se passe dans les pays développés c’est que l’Etat après avoir utilisé les ressources dont il a besoin pour ses besoins de développement, place l’excédent auprès des banques commerciales sous forme de prêts », poursuit-il.

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Seulement, pour les entités publiques, plus rien ne sera comme avant. Si ces dernières pourront adresser leurs besoins au trésor public, l’accès aux ressources sera désormais motivé pour des sommes importantes. «Tout le monde est concerné et les différents acteurs ne pourront agir dans ce compte qu’en recettes, c’est-à-dire qu’ils ne pourront qu’y déposer de l’argent et ne pourront pas le retirer  directement sans adresser de demande au préalable, au trésor public, comme ils le font dans les banques privées», précise Achille Bassahag.

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Une perspective qui suscite des craintes et des inquiétudes au sein de la communauté des acteurs. «Et les frais de scolarité des universités publiques, est-ce qu’ils sont concernés par cette réforme ?», s’interroge un haut responsable de l’université de Yaoundé II. «En dehors des mairies et des autres collectivités territoriales décentralisées qui vont basculer en 2023, tout le monde, y compris les universités, est concerné. Les universités bénéficient déjà des subventions de l’Etat et ne peuvent donc pas dire qu’elles auront des problèmes pour fonctionner. Les recettes propres de ces entités seront des dépôts à vue auprès du compte unique», martèle-t-il.

Simon Pierre Mbarga

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