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Congo : la subvention au carburant a coûté 4 607 milliards de FCFA à l’Etat entre 2008 et 2022

Rien que pour l’exercice 2022, le pays aurait pu réaliser des économies de 700 milliards de Fcfa si le gouvernement n’avait pas fait le choix de soutenir les prix des produits pétroliers à la pompe depuis environ 20 ans.

Publiée jeudi 1 février 2024 à 14:25:52Modifiée vendredi 3 mai 2024 à 12:12:26Temps de lecture 5 minPar Simon Pierre Mbarga

Du carburant à la pompe
Du carburant à la pompe

Selon le rapport sur l’impact de la réduction des subventions des produits pétroliers sur l’économie congolaise, réalisé par le ministère de l’Economie et des Finances du Congo, le volume du soutien de l’Etat à la consommation des produits pétroliers à la pompe est révélateur de dépenses somptuaires. De fait, sur la base des lois de règlements de la période 2000-2020 et des statistiques sur les subventions pétrolières compilées par la direction des études et de la planification de ce département ministériel, le total cumulé des subventions des produits pétroliers à la pompe, entre 2008 et 2022, est de 4 607 milliards de Fcfa, soit une moyenne annuelle de 329 milliards de Fcfa.

Ce montant n’inclut pas le non-reversement systématique des contreparties des cargaisons de pétrole brut reçues de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), (l’entreprise qui commercialise les parts de bruts congolais pour le compte de l’Etat), par la société de raffinage du pays, la Congolaise des raffinages (Coraf). D’après les rapports de l’Initiative de transparence sur les industries extractives (ITIE), ces sommes s’élèvent à 1 442,333 milliards de Fcfa entre 2011 et 2022. Calculette en main, cela fait une érosion sèche de plus de 6049 milliards de Fcfa tout au long de ces deux périodes, soit 14 et 11 ans.

Selon le rapport du gouvernement, l’étendue de ces subventions provient « de la valorisation des approvisionnements des produits pétroliers à des prix d’entrée de distribution en-deçà des prix du marché international ». Du coup, les montants reçus de la mise à disposition sur le marché national, ne couvrent ni le coût des importations, ni celui des cargaisons de pétrole brut reçues par la raffinerie. «Les taxes attendues de ces activités, faute d’être recouvrables, alimentent les subventions», justifie le rapport.

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Le rapport avance l’hypothèse suivant laquelle, si l’on avait indexé les prix des produits pétroliers à la pompe aux cours de la valeur des importations en 2022, la vérité des prix dans les essenceries afficherait des cotations bien plus élevées, soit du simple au double. Ainsi par exemple, suivant les simulations réalisées par le ministère de l’Economie et des Finances, en 2022, si l’Etat n’avait pas soutenu le prix d’entrée de distribution, la SNPC et la raffinerie auraient généré au total 637,814 milliards de F CFA, bien plus que les 568 milliards de F CFA nécessaires aux achats de l’ensemble des approvisionnements du marché, cargaisons de pétrole brut fournies à la Coraf, et produits pétroliers importés compris. Ce qui aurait permis aux compagnies gouvernementales SNPC et CORAF, de récupérer des sommes nécessaires à l’acquisition des importations, des taxes et des cargaisons de pétrole brut de l’État sans forte subvention.

À titre d’illustration, rien qu’en 2022, en affichant la vérité des prix à la pompe en fonction des prix à l’importation, l’État aurait recouvré 455 milliards de Fcfa , incluant la valeur des cargaisons livrées à la rafinerie. Et, poursuit le rapport, en ajoutant la valeur des importations de 2022 estimée à 268 milliards de Fcfa, montant entièrement couvert par les subventions, l’État et ses entreprises nationales auraient économisé environ 700 milliards de Fcfa.

Une option qui aurait permis à la SNPC de supporter intégralement le coût des importations sans subventions additionnelles ainsi que les taxes et droits de douane. Malheureusement, ce scénario, qui est celui d’une réduction drastique des subventions des produits pétroliers, aurait apporté un certain équilibre au secteur pétrolier-aval, et permis à la raffinerie de développer ses programmes d’investissements pour l’amélioration de la productivité et l’élargissement de ses capacités d’offre.

Malheureusement, en continuant de subventionner les prix des produits pétroliers à la pompe, le gouvernement qui a pris l’engagement de réduire la subvention de 30 à 45%, dépenserait 568 milliards de Fcfa par an pour ravitailler le pays, mais va continuer d’afficher des prix évalués à 253, milliards de Fcfa, soit une perte sèche de 315, 049 milliards de Fcfa. «Une augmentation des prix de 30 % du prix entrée de distribution fournirait à peine 303,950 milliards de F CFA pour l’ensemble des produits raffinés localement et acquis à l’importation, et 366,919 milliards de F CFA dans le scénario d’une augmentation des prix de 45 %», détaille le rapport qui trouve les marges de manœuvres du gouvernement limitées, engagé à rechercher des financements additionnels pour achever ses projets de développement. 

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