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Congo : Pourquoi Standard & Poor’s a rehaussé la note de Brazzaville

Embellie sur les recettes pétrolières, augmentation du stock en devises, service de la dette assurée, réformes structurelles en cours avec le FMI… Face à ces améliorations, l’agence de notation américaine a relevé la note de crédit souverain du Congo-Brazzaville de « CCC+/C » à « B-/B ».

Près de 3 ans après avoir rétrogradé le Congo à « CCC+/C », Standard & Poor’s(S&P) se ravise. Le 27 juillet dernier, l’agence de notation financière américaine a rehaussé d’un cran la note de crédit souverain à long terme du Congo de « CCC+ » à « B » , et de six crans celle de court terme qui passe de « C » à « B ». Assortie d’une perspective stable, cette notation éloigne un peu plus Brazzaville du défaut de paiement, lui permettant par la même occasion d’obtenir désormais plus facilement des financements auprès de ses créanciers. L’agence prévoit à cet effet une troisième année consécutive de croissance du PIB à 3,7% en 2023 après une période de récession.

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Embellie sur la manne pétrolière

Selon le rapport d’évaluation consulté par EcoMatin, 3 raisons ont conduit l’agence de notation à prendre cette décision. Il y’a d’abord l’augmentation prévue de la production pétrolière qui devrait franchir la barre de 300 000 barils/jours d’ici 2026 contre 263 000 en 2022, selon les projections de S&P. Cette embellie sera soutenue par l’entrée en service de nouveaux champs pétroliers mais également une hausse du cours du baril estimé par l’agence à 85 dollars entre 2024 et 2026.

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Ces ressources additionnelles aideront à Brazzaville d’assainir ses finances en réduisant considérablement les arriérés domestiques accumulés pendant la période de récession ce qui permettra « d’assouplir les conditions de financements et de soutenir les investissements privés dans l’ensemble de l’économie » note l’agence.

Le coup de pouce du FMI

L’autre raison ayant poussé S&P à rehausser la note du pays, c’est l’approbation par le FMI le 19 juillet dernier d’un décaissement de 43 millions de dollars la troisième revue au titre de la facilité élargie de crédit. Ce décaissement traduit des efforts du gouvernement congolais en matière de réformes structurelles de son économie. Le Congo a, en effet, entrepris une série de réformes pour corriger les critères de performance qu’il n’avait pas respecté lors de la précédente revue. Le pays s’est par exemple engagé à réduire « de manière significative» les subventions accordées à la SNPC et a augmenté les prix du carburant à la pompe. « Bien que les risques restent élevés, nous pensons qu’ils ont diminué et que le Congo-Brazzaville devrait être en mesure d’assurer le financement jusqu’en 2023 et 2024 ».

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La décision de S&P s’est également appuyée sur la solvabilité du pays. Après des défauts de paiements en 2016 et 2017 sur ses obligations internationales, Brazzaville s’est attelé à honorer ses remboursements et ce « malgré les conditions de liquidités tendues en 2020 en raison de la pandémie du Covid 19 et du choc pétrolier ».

Ces perspectives optimistes sont cependant fragilisées par la trop forte dépendance du pays vis-à-vis des recettes pétrolières qui représentent 60% des recettes annuelles du pays selon S&P. Ce qui signifie que le pays est vulnérable à des chocs qui pourraient à l’immédiat l’empêcher d’honorer ses engagements auprès de ses créanciers.

« Nous pensons qu’un nouveau choc pétrolier pourrait assombrir les perspectives économiques. En outre, l’arrivée à maturité des gisements de pétrole pourrait poser des risques à long terme car, sans investissements supplémentaires significatifs, la production diminuera d’ici la fin de la décennie » prévient l’agence américaine.

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