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Congo : une unité flottante de production du gaz naturel liquéfié entrera en activité en décembre 2023

Le pays deviendra ainsi le troisième Etat de la Cemac à abriter ce type d’infrastructure, après le Cameroun et le Gabon. Ce qui lui permet par la même occasion de se positionner sur le marché mondial de ce combustible pour lequel l’Europe lorgne de plus en plus vers l’Afrique, depuis le déclenchement du conflit entre l’Ukraine et la Russie, son principal fournisseur.

Parti de Dubaï le 21 octobre 2023, sous les yeux du ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, et de Maixent Raoul Ominga, le directeur général de la Société nationale des pétroles du Congo, le méthanier reconfiguré et baptisé Tango Floating Liquefied Natural Gas (FLNG) appareille actuellement vers la République du Congo. Selon la Chambre africaine de l’énergie (AEC), ce navire amarrera dans les prochaines semaines dans les eaux congolaises,pour lancer la première phase du projet Congo LNG, qui consiste à produire du gaz naturel liquéfié à partir d’un navire flottant. Le démarrage effectif de la production, qui se fera en partenariat avec le producteur italien d’hydrocarbures Eni, est prévu pour décembre 2023, selon les parties au projet.

Doté d’une capacité de liquéfaction d’environ un milliard de mètres cubes de gaz par an, Tango FLNG devrait voir sa production monter progressivement en puissance, de manière à atteindre environ 4,5 milliards de mètres cubes. Selon Eni, un deuxième navire FLNG est d’ailleurs actuellement en construction, et va lui-aussi mettre le cap sur le Congo pour une entrée en production d’ici 2025. « En tant que porte-parole du secteur énergétique africain et fervent défenseur de la réalisation de projets de gaz naturel liquéfié (GNL) à grande échelle en Afrique, la Chambre africaine de l’énergie félicite le gouvernement du Congo et Eni pour cette étape importante. (…) Cette réalisation est importante pour la République du Congo, car elle permet au pays d’émerger comme un acteur redoutable sur le marché mondial du GNL (Gaz naturel liquéfié). Le projet répond non seulement à la demande croissante d’énergie du pays, mais offre également une occasion unique d’exploiter les ressources excédentaires de gaz par la production de GNL. En conséquence, la République du Congo est prête à rejoindre les rangs des exportateurs mondiaux de GNL en un temps record », indique l’AEC dans un communiqué officiel parvenu à Ecomatin.

A la différence des installations terrestres fixes, les FLNG sont une solution hautement plus rapide, commercialement attractive et respectueuse de l’environnement, pour monétiser les champs gaziers offshore isolés et éloignés des côtes, ou alors les gaz associés à la production pétrolière. «Le FLNG est à labri des risques à terre tels que linsurrection armée et le sabotage des infrastructures. Il offre ainsi aux producteurs une solution flexible aux défis existants», ajoute Fraser Carson, analyste principal chez le conseiller sur l’énergie Wood Mackenzie, parlant de la sécurité que procurent ces unités de production flottantes, vers lesquelles les pays africains se tournent de plus en plus. Et pour cause, fait remarquer la Chambre africaine de l’énergie, ces infrastructures, déjà présentent au Cameroun et au Gabon en ce qui concerne l’Afrique centrale, « peuvent être déployées rapidement et à un coût plus abordable que les trains GNL terrestres ».

Du coup, pour les pays africains regorgeant des réserves comme le Congo, les unités flottantes sont une technologie idoine pour développer l’économie gazière, en se positionnant rapidement sur le marché mondial du gaz naturel, et pouvoir ainsi saisir les opportunités comme celle née de la guerre en cours entre l’Ukraine et la Russie. En effet, même si le pays de Vladimir Poutine continue d’alimenter l’Europe en gaz, malgré les tensions avec les pays de l’OTAN, de nombreux pays de l’Union européenne se sont tournés vers d’autres pays, notamment africains, pour garantir leurs approvisionnements en gaz naturel. C’est par exemple le cas de la France qui, depuis 2022, est devenu un gros importateur du gaz naturel produit au Cameroun à partir du Hilli Episseyo, unité flottante opérationnelle au large de la ville de Kribi depuis 2018.

En effet, selon les chiffres révélés par le ministère de l’Economie de France, alors qu’ils étaient quasi inexistants en 2020 (65,6 millions FCfa), les achats d’hydrocarbures (huiles brutes et gaz naturel liquéfié) depuis le Cameroun se sont élevés à 26,8 milliards FCfa en 2021, avant d’exploser à 495,9 milliards FCfa au cours de l’année 2022, période correspondant au déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Le scénario est en passe de se reproduire en 2023. A titre d’exemple, pour le compte du premier semestre 2023, le ministère de l’Economie de France annonce déjà un nouvel accroissement des importations d’hydrocarbures (pétrole brut, gaz naturel liquéfié et condensats de gaz) depuis les pays de la Cemac, à cause « principalement de la hausse des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis le Cameroun, dont le montant a atteint 463,8 millions d’euros (304,2 milliards FCfa) ». Dans ce contexte, l’unité flottante de liquéfaction du gaz naturel en route pour Brazzaville devrait pouvoir bien tirer son épingle du jeu.

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