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Consommation : péril sur le marché des cultures maraîchères à l’Est

A cause de la perte de plus de 90% de leur production enregistrée pendant la période de confinement en 2020, la majorité des producteurs des cultures maraîchères a changé d’activité en 2021. Sur le marché à Bertoua, la pénurie et la fluctuation des prix se généralisent. Pour mieux organiser son intervention, le ministère de l’Agriculture et du développement rural a commis une étude dans les 10 régions du pays sur l’impact de la crise sanitaire sur l’agriculture en générale.

Méfiré Mama est une victime des disfonctionnements du marché des cultures maraîchères depuis 2020 dans la région de l’Est. Cultivateur de tomates et de pastèques depuis 1984 dans la région de l’Ouest et qui s’est installé à l’Est depuis 2002 pour continuer ses activités, Méfiré Mama a passé une saison tourmentée en 2020. « La pandémie de coronavirus a sérieusement impacté nos activités en 2020. En début de l’année dernière, je suis allé camper dans un village de l’arrondissement de Ngoura dans le département du Lom-et-Djerem, et avec un prêt de 1,6 millions de Frs, j’ai cultivé 1 hectare et demi de pastèques. Je me suis déplacé de Bertoua pour cette localité parce que la terre est fertile pour cette culture. La production a bien réussi, mais la vente n’a pas suivi parce que les grands clients qui ont l’habitude de venir faire des chargements au champ avec les camionnettes de 6 roues et les pick-up pour les grandes villes et même les détaillants de Bertoua qui achètent avec les tricycles, ne venaient plus à cause du confinement », explique ce cultivateur qui totalise près de 40 ans dans les cultures maraîchères. Après cette malheureuse expérience, Méfiré Mama a changé sa stratégie. « Puisque j’ai récupéré moins de 100.000 Frs sur les 1,6 millions Frs que j’ai investi, je me suis lancé dans d’autres cultures, ce qui m’a permis de commencer à rembourser une partie de la dette cette année», affirme-t-il.

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De l’autre côté, la culture de tomate a aussi subi de plein fouet les effets néfastes de la crise sanitaire de coronavirus de 2020. « Beaucoup de jardiniers n’ont plus cultivé cette saison (Ndlr : 2021) à cause de l’impact négative de la Covid-19 en 2020 puisque des grandes quantités de tomates ont pourri ici au marché parce que les grands clients du Gabon, la Guinée Equatoriale et le Grand-Nord ne venaient plus », indique Jean Claude Menzepo, producteur. Dans l’espace consacrée à la vente en gros de la tomate au marché central de Bertoua, la rareté est visible, moins de 5 caisses de tomate étaient disponibles pendant notre passage dans ces lieux lundi 09 juillet 2021. Pour démontrer d’avantage le degré de la pénurie, notre interlocuteur qui totalise une quinzaine d’année dans cette activité précise que, « quand les champs de tomate réussissent, on peut avoir plus de 100 caisses chaque jour, maintenant, on n’arrive pas à avoir 20 caisses par jour parce que les cultivateurs ont changé l’activité ».

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De façon générale, les principales cultures maraîchères pratiquées dans la région de l’Est (la tomate, la pastèque, les légumes, les condiments verts et le piment entre autres), ont subi les effets néfastes de la crise sanitaire de 2020. En plus de méventes enregistrées sur le marché, la nature périssable de ces cultures a intensifié les pertes auprès des centaines de producteurs en activité dans la région notamment dans les départements du Lom-et-Djerem et la Kadey.

Fluctuation des prix

Sur le marché à Bertoua, les cultures maraîchères connaissent une fluctuation généralisée des prix. « Actuellement, à cause de la rareté, nous vendons un sac de 100 kg de piment entre 40.000 et 50.000 Frs, or l’année passée au cœur de la crise, on liquidait ce même sacs à 5000 Fcfa », affirme une cultivatrice de piment et vendeuse au marché de Bertoua. Cette dernière précise néanmoins qu’« avant la crise, le sac de 100 kg de piment coutait normalement 25.000 Fcfa ». Par ailleurs et selon les producteurs, une caisse de tomate se vend désormais entre 25 000 et 30.000 Frs alors qu’en 2020 pendant la période forte de la crise on la liquidait entre 5000 et 8000 Fcfa. Or, bien avant la Covid-19, une caisse se vendait à 20.000 Fcfa.

D’autres difficultés

Au-delà de la crise sanitaire, les producteurs des produits maraîchers dans la région de l’Est font face à plusieurs difficultés. « Le rendement dans les champs cette saison a été impacté négativement par les variations climatiques notamment au niveau des pluies variantes. On a aussi noté que les plantes de tomate mourraient parce qu’elles ont été attaquées par les insectes », déplore Jean Claude Menzepo. Dans le même sillage, Mefiré Mama, par ailleurs propriété d’un point de vente de pastèque à Bertoua évoque « le manque de financements pour l’achat d’équipements et intrants (motopompe pour arrosage pendant la rareté des pluies, fongicides, insecticides, semences et engrais) ». Ce dernier déplore spécifiquement, la présence d’un insecte dangereux dénommé « Boko Haram » qui décime les champs de pastèque dans les zones de production. Plus grave, les producteurs déplorent le fait que dans la riposte contre la Covid-19, aucune mesure d’atténuation n’a été accordée aux gardiniers alors que ces derniers ont perdu plus de 90% de leur production en 2020.

Martin Foula

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