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Contreperformance : 11 entreprises publiques ont perdu 30 milliards FCFA en 2021

Malgré un vent de réforme en cours, les entreprises relevant du portefeuille de l’État multiplient les contreperformances qui impactent le budget de l’Etat à travers des recapitalisations.

La Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic(CTR)vient de publier son traditionnel rapport sur la situation des entreprises et établissements publics(EEP) au Cameroun. Le document qui fait une autopsie de la générale de ces entités étatiques au 31 décembre 2021 souligne que leur performance s’est nettement améliorée grâce au chiffre d’affaires qui a progressé de 33,5% à 1 493,569 milliards FCFA contrairement à une baisse observée entre 2019 et 2020 de -25,54 %.

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Cette embellie tient de plusieurs facteurs. Le rapport de la CTR évoque par exemple la sortie progressive de la crise sanitaire qui a permis de relancer les activités dans plusieurs secteurs notamment le transport aérien (CAMAIR-CO, ADC), maritime et le secteur hôtelier(CHC). La relative accalmie dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a également participé à la relance des activités de CDC et Pamol. Mais le bond du chiffre d’affaire sur un an glissant est principalement soutenu par la Sonara grâce aux mesures du gouvernement relatif à l’allocation de 80% des importations des produits pétroliers à cette société ; son activité ayant été réduite à l’importation des produits pétroliers pour l’approvisionnement du marché camerounais depuis la destruction, en 2019 de ses unités de production.

Contreperformance

Toutefois, l’implication dans le tissu de production et ce dans tous les secteurs d’activités (primaire, secondaire et tertiaire) ne porte pas toujours chance à l’État dont les entités ne sont pas suffisamment rentables. Plusieurs enchainent les pertes qui impactent le budget de l’Etat à travers des recapitalisations, des réhabilitations et des appuis divers. En 2021, 11 entreprises ont enregistré un résultat net négatif dont le cumul est de 29,673 milliards de FCFA. Camair-Co(-12 695 milliards ) et Cicam(5,154 milliards) pèsent pour plus de la moitié de cette contreperformance.  Cet indicateur s’est également dégradé pour la Semry qui passe d’un RN négatif de 865,7 millions de F en 2020 à 1,4 milliard un an plus tard soit près du double. Sopecam, jusqu’ici au vert passe au rouge avec une perte sèche de 77, 403 millions de F contre un bénéfice de plus de 446,5 millions de FCFA.

Nom de l’entrepriseChiffre d’affaires 2021 (en FCFA)Résultat net 2021(en FCFA)
Camair-Co-9 983 260 776-12 695 212 971
Cicam-3 552 388 545– 5 154 014 543
CDC-18 304 886 277-4 929 238 185
CNIC-3 225 866 199-3 000 725 400
Semry– 865 780 645-1 405 184 832
Magzi-19 632 576-944 364 129
Pamol-1 245 510 515-786 793 510
CRTV– 657 009 083-346 829 018
Anafor-71 046 648-285 232 975
Sopecam446 584 815-77 403 974
Mipedecam– 79 911 753-48 988 182
Total-29 673 987 719
Rapport sur la situation des Entreprises Publiques et des Etablissements publics au 31 décembre 2021, CTR  

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La contre-performance globale pourrait être plus importante car plusieurs entités en difficulté ces dernières années (Camwater, BC-PME, LANAVET, SODEPA…) n’ont pas été évalués dans le rapport de la CTR.  Toutefois, le chiffre sus évoqué ne prend pas en compte les établissements publics que l’article 2 de la loi de 2017 portant statut général des établissements publics distingue des entreprises par leur objet non commercial et non financier. Ils n’ont donc pas forcément pour but la recherche de la rentabilité.

Menaces de dissolution

Du fait de leurs résultats négatifs successifs certaines entreprises publiques ont absorbé l’entièreté de leurs capitaux propres et vivent désormais des subventions de l’État ce qui en fait des clients sérieux à la dissolution. L’article 664 de l’Acte Uniforme Ohada relatif aux Sociétés Commerciales et Groupement d’Intérêt Economique dispose en effet que : “Si, du fait de pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les capitaux propres de la société deviennent inférieurs à la moitié du capital social, le Conseil d’Administration ou l’Administrateur Général, selon le cas, est tenu, dans les quatre mois qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, de convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de décider si la dissolution anticipée de la société a lieu”.

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“Si la dissolution n’est pas prononcée, la société est tenue, au plus tard à la clôture du deuxième exercice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue, de réduire son capital, d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pas pu être imputées sur les réserves si, dans ce délai, les capitaux propres n’ont pas été reconstitués à concurrence d’une valeur au moins égale à la moitié du capital social” poursuit l’article 665. Plusieurs entités suscitées tombent sous le coup de cette norme notamment Camair-co CDC, Semry, Anafor, Cicam…

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