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Covid-19 : le non-respect des mesures barrières plombe le marché des kits de protection

Depuis l’assouplissement des mesures barrières et la diminution des cas de contamination ; l’on observe un certain relâchement des citoyens au niveau du port du masque et l’usage des gels hydro alcooliques. Une situation qui plombe sérieusement le marché des camerounais ayant investi dans la vente de ces kits anti-Covid.

Eux qui coutaient encore il y a quelques mois des sommes faramineuses et affichaient des ventes records, les masques et les désinfectants sont  désormais en agonie dans les grandes surfaces et les rues. Ils sont passés de 500 FCFA à 200 et de 1500 FCFA à 700 FCfa en moyenne. Cette implosion du marché s’explique à plusieurs niveaux. Depuis l’assouplissement des mesures barrières par le gouvernement et le faible taux de contaminations relayé par  les medias, les habitants de Yaoundé retrouvent de plus en plus leurs vieilles habitudes et la demande en kits de protection anti-covid se fait de plus en plus moindre occasionnant ainsi de grosses pertes en termes de bénéfices pour les commerçants.

Au marché acacias par exemple, le carton du désinfectant coûte 18.000 FCFA aux commerçants. Celui-ci renferme 36 flacons de 100 ml qui étaient revendus à 1000 FCFA  le flacon. Le carton une fois entièrement écoulé donnait 36.000 FCFA soit un bénéfice de 18000 FCFA pour une équivalence de 100% à la vente. Le commerçant qui a tenu à rester sous anonymat pouvait ainsi écouler 15 cartons en un mois ce qui lui faisait un bénéfice net de 270.000 francs par mois. « La demande était vraiment forte au mois d’avril et il nous arrivait d’être en rupture de stock » confie-t-il. Si ce même carton est passé de 18.000 FCFA à 14.400 FCFA aujourd’hui, le coût du  flacon a également baissé. « Nous revendons maintenant ce flacon de 100 ml à 600 FCFA et c’est à peine qu’on arrive à écouler un carton entier à la fin du mois. Tenez par exemple, ce stock qui je suis en train d’achalander, je l’ai pris lundi nous sommes jeudi et  je n’ai vendu qu’un seul flacon. Les gens ne sont plus intéressés par ça » se plaint- il. Le carton entièrement écoulé donne à présent 21600 FCFA soit 7200 FCFA de bénéfice net. Une différence de profit assez énorme tant sur le montant par carton que la quantité de cartons par mois.

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Les vieilles habitudes refont surface

Hervé, client d’un grand supermarché du centre-ville  ne trouve plus la nécessité de s’acheter plusieurs flacons. « Aujourd’hui le compte rendu hebdomadaire qui est fait de la pandémie de Coronavirus montre que le pire est derrière nous même si la maladie existe toujours alors maintenant je ne prendrai qu’un seul flacon de  1500 ml  au lieu de 2 ou 3 comme à l’accoutumée » explique-t-il visiblement pris au dépourvu par notre question. Alice O. quant à elle a une explication : « j’ai pris l’habitude de fabriquer le gel désinfectant à la maison pour ma famille et moi alors je ne trouve plus important  d’en acheter. C’est du gaspillage d’argent » plaisante-t-elle.

En ce qui  concerne la vente des masques de protections, c’est la même galère, même si l’on remarque que les petits commerçants ont pris d’assaut les grands axes de la capitale politique et les entrées des lieux de grande affluence tels que les ministères, les établissements bancaires, les formations sanitaires et autres grands carrefours. Le but de cet exode c’est bien évidemment l’opportunité de toucher plus de potentiels clients.

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Dans plusieurs marchés, on  retrouve des masques chirurgicaux jetables d’origines douteuses. D’abord vendu 1200 FCFA maintenant on les retrouve à 500 FCFA. «J’ai déboursé 2 500 FCFA pour obtenir cinq masques, et pourtant le prix était plus élevé», affirme Gaétan Feudjio rencontré à l’avenue des banques. Les vendeurs ambulants ici ont fait siège. La petite Maimouna nous explique : « nous achetons un paquet de 50 masques jetables à 5050 FCFA et lorsqu’un paquet est terminé on peut se retrouver avec 22 000 FCFA ou 25.000 FCFA quand il n’y a pas eu de problèmes » ; avant poursuit-elle « on pouvait vendre 18 paquets en un mois mais les gens préfèrent déjà les masques lavables » pour contourner le problème, une nouvelle opportunité d’affaire s’est offerte : vendre les masques lavables à tissus synthétiques. « Ces masques nous les achetons à 300 FCFA la pièce pour revendre à 500 FCFA. Le bénéfice n’est pas pareil mais c’est mieux que rien. Le seul problème ici c’est que les clients qui ont déjà plusieurs masques n’achètent plus et le marché devient très difficile. Il faut prendre 3 jours pour vendre 10 masques ». Il  faut également compter le fait que « depuis l’affaire de coronavirus, les gens préfèrent se faire confectionner des masques assortis à leur tenues directement chez leur couturiers. Du coup pour nous qui avons arrêté nos activités pour nous lancer dans la fabrication, ce n’est plus du tout évident. Le marché est très rude et on préfère abandonner la confection pour reprendre nos travaux habituels » confie Ghislaine, styliste au quartier Nsimeyong.

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Sensibilisation

Si  la propagation du Coronavirus continue son bonhomme de chemin même si c’est à la petite échelle et que celle-ci inquiète encore beaucoup les camerounais. Il est important de faire remarquer cette mouvance de désinvolture face au respect des mesures barrières dans nos rues. Deux facteurs majeurs jouent un rôle prépondérant dans l’évolution de la pandémie dans un pays. Tout d’abord, les camerounais pensent qu’à base des potions naturelles, ils peuvent juguler la pandémie. Chacun y va à sa manière et  souvent les recettes douteuses sont partagées dans les réseaux sociaux. Une chose entrainant une autre, il y a un relâchement au niveau du suivi des moyens de protection et de prévention.

 Le respect scrupuleux des règles d’hygiène est le moyen le plus fiable pour maintenir ce virus hors de portée. Plus qu’une nécessité, la sensibilisation reste l’arme la plus importance pour renverser la donne et donc ralentir l’avancée du virus. Le gouvernement camerounais, via le Minsanté encourage toutes formes de campagnes de sensibilisation initiées par des particuliers ou non. Dans les marchés, les quartiers, dans les lieux de travail, etc., montrer aux uns et aux autres l’importance d’une distanciation passé d’1m à celle d’1,5m, un lavage constant des mains avec de l’eau et du savon, d’un port de masque lors des sorties indispensables et surtout l’intérêt à rester chez soi le plus longtemps possible. A chacun désormais de se sentir responsable à son niveau.

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