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Crédits à l’investissement : 3211 milliards dorment dans les caisses des bailleurs de fonds

Une partie de ces ressources concerne les emprunts contractés pour financer certains projets structurants dits de première génération.

A fin juin 2021, les soldes engagés non décaissés (Send’s), qui représentent la somme des emprunts contractés auprès des bailleurs de fonds par l’administration centrale, s’élèvent à quelque 3 211,6 milliards de FCFA. Ce montant ne prend pas en compte les ressources de l’eurobond d’environ 450 milliards Fcfa émis le 30 juin et bouclé avec succès le 07 juillet 2021, pour refinancer le premier eurobond 2015. Les appuis budgétaires accordés par la Banque mondiale dans le cadre d’appui aux politiques de développement pour la consolidation budgétaire et la croissance inclusive au Cameroun, pour un montant de 100 millions de dollars US, soit 54 Fcfa, n’entrent pas non plus en ligne de compte. Dans sa note de conjoncture sur la dette publique dont sont tirées ces informations, publiée fin juillet, la Caisse autonome d’amortissement (Caa) fait savoir que ces Send’s sont constitués uniquement des emprunts extérieurs. Ceux intérieurs ont été totalement décaissés à la date sous-revue, en raison de la souplesse des procédures.

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Dans le détail, ces fonds oisifs représentent 49,3% de la dette contractée auprès des bailleurs de fonds multilatéraux, 21,6% des financements provenant des partenaires bilatéraux, dont la Chine qui constitue 77,7% des Send’s bilatéraux, et 29,1% de prêts issus des créanciers commerciaux. A l’analyse du document de la Caa qui est l’organisme chargé de la gestion de la dette de l’Etat, une bonne partie de ces ressources provient des financements extérieurs sollicités pour supporter le coût des projets structurants de première génération lancés en 2010 dans le cadre de la mise en œuvre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce). Début 2020, les autorités révélaient que 11 « grands » projets de première génération, annoncés dans ce document de planification qui couvrait la période 2010-2020, ont déjà coûté au pays plus de 1 500 milliards de FCFA. Le soutien financier des partenaires pour ces 11 projets s’élevait au moins à 1 195 milliards Fcfa, les fonds de contrepartie y afférents étant estimés à 348 milliards de FCFA.

Sur les 11 grands projets annoncés, « 05 sont achevés ou sur le point de l’être, 02 sont en cours et 04 n’ont pas encore commencé. Les projets achevés ou sur le point de l’être sont essentiellement liés à l’énergie (Memve’ele, Lom Pangar et Kribi), au commerce et à l’urbanisation (phase 1 du complexe portuaire de Kribi et deuxième pont sur le Wouri). La phase 1 de l’autoroute Yaoundé-Douala (60 premiers kilomètres) et l’extension du réseau de fibre optique sont en cours », relève la Caisse autonome d’amortissement. Qui ne manque pas de noter que la question des Send’s non performants demeure au centre des préoccupations lorsqu’il s’agit de la mise en œuvre des projets bénéficiant des ressources d’emprunts. « L’Etat a en effet entrepris, il y a quelques années, des mesures spécifiques visant l’accélération du rythme de décaissement des prêts projets. Ces mesures concernent principalement la levée progressive des entraves qui peuvent être techniques, administratives, financières, règlementaires ou opérationnelles ; imputables ou non aux porteurs de projets en cours d’exécution ».

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S’exprimant au sujet des conséquences du phénomène de la sous-consommation des crédits d’investissement, dans une sortie en 2015, l’ex-directeur général de la Caa, Dieudonné Evou Mekou,  expliquait que « non seulement les prévisions de croissance liées à la réalisation de certains projets stratégiques ou structurants peuvent ne plus être atteintes, mais aussi, il y a un renchérissement des financements mobilisés pour les projets à travers l’accroissement des charges telles que les commissions d’engagement plus élevées, car, assises et proportionnelles aux montants des crédits non encore encaissés ».

Par Jean Omer Eyango

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