Conjoncture

Criminalité: Cameroun plaque tournante du trafic de drogue en Afrique Centrale

L’interception a été effectuée par l'équipe de Roger Tafam, le Commandant du Groupement actif des douanes Littoral 1, le 5 septembre 2018. Une curieuse cargaison en provenance de l'Inde. En l'espace de quelques jours, des stocks de kétamine, méthamphétamine et de Dizapam ont été intercepté en provenance ou à destination du Cameroun.

Le phénomène du  trafic et de consommation de drogues douces et dures au Cameroun préoccupe. Au point de susciter une sortie du gouvernement, à travers son porte-parole. Issa Tchiroma Bakary a dressé un tableau très sombre de la situation, en milieu jeune notamment.  C’était lors d’une conférence de presse donnée à Yaoundé, le 27 août 2018. D’après des statistiques du Comité national de lutte contre la drogue (Cnld), statistiques reprises par le membre du gouvernement, 21% de la population camerounaise a déjà expérimenté la consommation d’une drogue. Par ailleurs, les consommateurs réguliers représentent 10%, soit 60% des jeunes âgés entre 20 et 25 ans. Quant à la couche sociale la plus concernée, les jeunes de moins de 15 ans, plus de 12.000 sujets consomment les stupéfiants au Cameroun.

Parmi les principales substances les plus consommées, le Comité national de lutte contre la drogue place en tête, le cannabis avec  un taux de consommation de près de 60%, associé au tabac. La demande en Tramadol, un antalgique dopant de niveau 2 composé de codéine et d’extropropoxygène, est de 44, 8 %. 12,10% pour la cocaïne, puissant stimulant, alcaloïde psychotrope tropanique, extrait de la feuille de coca. Ces statistiques officielles dévoilent ainsi un vaste réseau de mafia solidement construit autour des stupéfiants, drogues et produits psychotropes. Le trafic génèrerait d’ailleurs au profit  des dealers et trafiquants secondaires des centaines de milliards de FCFA, en import et export clandestins. Parfois avec la complicité de certains fonctionnaires civils ou armés, positionnés dans divers check-points terrestre, maritime ou aérien.

Le lundi 13 août 2018, les éléments de la Brigade Commerciale des Colis Postaux et Messageries du Secteur des Douanes du Littoral II, ont effectué une saisie de 1,5 kilogramme de kétamine, à destination des Etats-Unis d’Amérique. La kétamine est une amine dissociative psychotrope utilisée comme anesthésique général en médecine humaine et en médecine vétérinaire. Elle est aussi utilisée comme analgésique et sédatif, ainsi que pour traiter les douleurs chroniques. Très prisée par certains consommateurs de drogues, la kétamine est aussi utilisée de manière détournée pour ses fortes propriétés stupéfiantes.

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Dans la Vierge Marie

Le 27 août 2018, les éléments de la Brigade Commerciale des Colis Postaux et Messageries de Douala ont saisi 22 colis de Dizapam, produit psychotrope non déclaré d’un poids total de 3,74 kilogrammes. Ce même jour, les gabelous de la tente Dhl ont intercepté une curieuse cargaison de plus de 4 kg, dissimulée dans une statuette de la «Vierge Marie»! Le pot au rose découvert a dévoilé un stock de métamphétamine, une drogue dure de synthèse, en partance pour les Philippines. Les douanes camerounaises estiment le nombre de saisies effectuées annuellement sur les produits psychotropes et stupéfiants entre 200 à 300. Faisant du Cameroun une importante plaque tournante du trafic, à l’import et à l’export, de ces dangereux produits. Le gouvernement camerounais prend la chose très au sérieux. Une vaste campagne nationale de lutte contre la drogue, impliquant plusieurs ministères, a été lancée en  janvier 2018. Parmi les départements ministériels parties prenantes, figurent le Ministère de l’Agriculture et du développement rural initiateur de la promotion des cultures de substitution plus saines afin de détourner certains acteurs de la culture du cannabis. Les Ministères de la jeunesse et de l’éducation civique, celui des enseignements secondaires, de la santé, des finances, de la communication ou de la défense participent également à cette lutte acharnée.

Mais l’Etat du Cameroun envisage, face à la gravité de la situation, « passer désormais à la répression », d’après Issa Tchiroma Bakary.  D’où son appel lancé en faveur de « la dénonciation » contre la culture, la commercialisation et la consommation de la drogue qui prospère également du fait de la porosité de nos frontières.

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