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Crise russo-ukrainienne : les meuniers n’excluent pas une nouvelle hausse du prix du pain au Cameroun

Après l’augmentation de 25 F concédée aux boulangers qui vendent désormais le pain à 150 FCFA, le prix de cette denrée pourrait à nouveau augmenter, si les prix du blé à l’importation continuent de grimper.

Le 15 mars 2022, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, les associations de consommateurs et les syndicats de boulangers se sont réunis autour d’une même table, pour discuter des mesures urgentes à prendre pour essayer d’atténuer les répercussions économiques de la crise russo-ukrainienne sur la fière meunière. C’est que depuis le déclenchement de ce conflit qui oppose deux des plus grands importateurs mondiaux de blé, le prix de cette denrée connaît des fluctuations haussières (+65% en glissement annuel) qui tendent à perdurer. Ce qui rend difficile l’approvisionnement en cette matière première nécessaire à la fabrication de la farine de blé, qui est revendue aux boulangers par les meuniers. Au terme des concertations, les pouvoirs publics ont donné l’autorisation à ces deux représentations syndicales qui se plaignaient déjà de la hausse des coûts de production bien avant le conflit susmentionné, de procéder à une augmentation du prix de la baguette de pain de 200 grammes et du sac de farine de 50 kg. Depuis le 17 mars 2022, le sac de farine de 50 kg (entrée de gamme-sortie usine) coûte 24 000 FCFA au lieu de 19 000 FCFA. Quant à la baguette de pain de 200 grammes, elle est passée de 125 FCFA à 150 FCFA. «On avait besoin de ça pour commencer à éponger nos dettes envers nos fournisseurs, qui nous disaient que faute de quoi, même les navires en cours, ne connaîtraient pas de déchargement. Les multinationales disaient même que si le prix de la farine restait en l’état, elles préféraient réorienter la destination Douala vers des ports où elles ont des filiales plus rentables», a indiqué Alfred Momo Ebongue, Secrétaire général du Groupement des industries meunières du Cameroun

Une nouvelle hausse en perspective

Bien qu’accueillie avec joie par les meuniers et les boulangers, cette inflexion que le gouvernement refuse d’officialiser en raison de sa vocation à lutter contre la vie chère, ne signifie pas la fin de tous les problèmes au sein de la filière. Jeudi 17 mars 2022, Euronext, la principale place boursière européenne, indiquait que les cours du blé étaient repartis à la hausse, en raison de l’intensification  des bombardements russes en Ukraine. « Vers 14h, le blé Euronext à échéance mai 2022 montait de 2,75 €/t, à 366,25 €/t, tandis que le contrat décembre 2022 s’amplifie de 2,50 €/t, à 313,50 €/t». Au vu de ce qui précède, les meuniers et les boulangers envisagent déjà l’organisation de nouvelles concertations avec le gouvernement pour discuter des prochaines dispositions à mettre en œuvre  pour faire face aux inévitables conséquences économiques qui decouleraient de cette situation. Concertations qui pourraient aboutir à une nouvelle hausse du prix du sac de farine et par ricochet, du pain. «Maintenant , si le prix de la tonne de blé continue d’augmenter à la vitesse à laquelle elle a augmenté ces derniers temps, à très court terme on sera obligé de s’asseoir pour réfléchir de nouveau»,  a révélé Alfred Momo Ebongue.

D’autres secteurs concernés

La crise russo-ukrainienne pourrait également affecter plusieurs autres secteurs de l’économie camerounaise. Comme l’indiquait le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) lors d’une rencontre avec les  Associations de défenses et de protection des droits de consommateurs  le 8 mars 2022. « Le spectre d’une rupture de l’approvisionnement du marché intérieur sur certains produits semble plus qu’inévitable, une part importante d’entreprises faisant état d’un niveau de stocks de matières premières qui ne leur permettra pas d’assurer l’approvisionnement des marchés au-delà du 1er semestre 2022», annonçait  Célestin Tawamba, président de cette organisation patronale. Une éventualité qu’il adossait non seulement à la crise sus-évoquée, mais également à une politique fiscalo-douanière prohibitive.

Lire aussi : Farine de blé : le gouvernement autorise la hausse du prix du pain à 150F

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