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Croissance et emploi : le secteur privé ne croit plus au Dsce

Dans un discours-vérité, Célestin Tawamba, le président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) a déclaré sans ambages, devant Alamine Ousmane Mey, le ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (Minepat): «on ne sait plus à quoi sert le Dsce... ». C'était le 29 juillet 2019 à Douala lors des consultations entre la communauté des affaires et le gouvernement camerounais au titre des travaux de planification post-Dsce.

Malgré quelques bons points structurels marqués par l’Etat du Cameroun depuis 2009 dans le cadre de la matrice de développement «Vision 2035», implémentée à travers le Dsce, le secteur privé reste dubitatif sur les capacités du Cameroun à relever ses défis majeurs de développement. Alamine Ousmane Mey a cité pour conforter la communauté des affaires, «la loi sur les incitations à l’investissement de 2013 promue par l’Agence de Promotion des Investissements (API), la loi portant régime général des contrats de partenariat de 2006 dont la mise en œuvre est assurée par le Carpa, la création de l‘Agence de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (APME), du Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN), le Plan directeur d’industrialisation, la mise en place des zones franches industrielles ou encore le nouveau cadre légal pour la promotion des zones économiques etc….».


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A l’occasion des consultations du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire auprès de la communauté des affaires, le secteur privé a renouvelé ses préoccupations sur les réformes annoncées par le gouvernement, mais «toujours attendues», rappelle Christophe Eken, le président de la Ccima, la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat. Ce dernier égrène les domaines du numérique, l’agriculture, l’énergie durable, l’eau et l’assainissement, l’entrepreneuriat jeune et les infrastructures de communication. Christophe Eken reste ainsi constant avec sa position rendue le 18 mars 2019, lors du CBF, le Cameroon Business Forum: «Pour sortir de l’ornière, en matière de commerce et industrie, le président de la Ccima proposait « l’amélioration des infrastructures d’appui au commerce, la célérité administrative, la promotion des produits made in Cameroon, la mise en œuvre des accords de l’OMC sur la facilitation des échanges, etc.».

Entre 2020 et 2027, le Cameroun, pays à faible revenu, envisageait intégrer le cercle des pays à revenu intermédiaire. De 2028 à 2035, il devenait « pays émergent », avec un secteur secondaire représentant 40% du PIB

Comme lors du CBF 2019, Célestin Tawamba, le président du Gicam, constate pour sa part que «l’économie du Cameroun s’est éloignée des principaux critères du Dsce. On ne sait plus à quoi sert le Dsce». Il n’y a pas d’émergence sans l’investissement privé, pense-t-il. «Les crises sécuritaires, la pénurie sévère des devises, la dette intérieure élevée, la fiscalité handicapante et l’environnement dissuasif des affaires», plombent d’après lui, l’économie du Cameroun. Célestin Tawamba s’inquiète de l’avenir du plan de développement à long terme du Cameroun baptisé « Cameroun Vision 2035« . Ce plan prévoyait dans l’intervalle 2010/2019, la modernisation de l’économie du Cameroun avec une croissance moyenne du PIB de 5.5%. Entre 2020 et 2027, le Cameroun, pays à faible revenu, envisageait intégrer le cercle des pays à revenu intermédiaire. De 2028 à 2035, il devenait « pays émergent », avec un secteur secondaire représentant 40% du PIB.


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De même, le taux de croissance du Cameroun entre 2010 et 2019 avait été estimé par le Fonds monétaire international (FMI) à 4,2% environ, soit en deçà des 5,5% prévus dans le Dsce, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi. « La part du secteur secondaire dans le PIB n’a cessé de décroître« , relève encore le Coordonnateur patronal du Cameroun: De 36,5% en 2000, il a dégringolé à 24,3% en 2017, soit 11 points de recul.

Par ailleurs, la Banque mondiale, dans un mémorandum publié en février 2016, estime que pour que la vision 2035 du Cameroun se concrétise, il faut que sur 20 ans, le pays doit  afficher 8% de taux de croissance annuel, un taux d’investissement annuel de 20%, et 2 points de gain de productivité annuel.

Concernant le taux d’investissement, il est projeté dans le Dsce à 25% en 2020, puis 30% en 2025. Pourtant, ce taux stagne autour 22%, « avec une part du secteur privé qui ne cesse de décroître en raison d’une attractivité faiblissante de notre pays« , selon Célestin Tawamba. Pour retrouver le sentier de la Vision Dsce 2035  » il va falloir gagner 7 points de PIB à l’horizon 2025, soit une moyenne d’investissements de 600 milliards de FCFA  supplémentaires chaque année par rapport à l’année précédente. Il s’agira de passer de 4800 milliards de FCFA actuels à une moyenne de 7000 milliards de FCFA sur les 7 prochaines années. Une tâche titanesque« , reconnaît le président du Gicam. Les partenaires techniques du Cameroun, le patronat, les chefs d’entreprises ainsi que le secteur informel ont présenté au Minepat, à travers un chapelet de recommandations, leur vision du contexte économique post-Dsce.

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