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Culture du blé : 160 tonnes de semences pour relancer la Sodéblé

D’après Noé Woin, directeur général de l’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad) c’est n’est qu’à ce prix qu’on pourra couvrir intégralement les 16 000 ha dont dispose la Sodéblé.

« Depuis pratiquement 10 ans, le ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) fait des essais de blé dans l’Adamaoua à Wassande, dans l’Ouest à Bangourain, Bangoua et Bansoa. Les essais sont en cours. Mais il faut reconnaître aujourd’hui que le blé est une culture très gourmande en fertilisants. Nous sommes obligés de mettre au moins 400 kilos de fertilisants par hectare et avec la flambée des prix des engrais, vous comprenez que ce n’est pas pour demain la grande vulgarisation de la culture du blé au Cameroun». En avril dernier, c’est en ces termes clairement pessimistes que Gabriel Mbaïrobe, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, évoquait le processus de relance de la culture du blé mise en œuvre dans le cadre du Projet national de structuration et d’accompagnement  des producteurs et de la vulgarisation agricole (Prosapva).

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Le membre du gouvernement invitait par ailleurs les camerounais à intensifier la production de produits du terroir tels que la patate, le manioc et le plantain, dont la transformation pourrait aisément constituer des substituts viables à la farine faite à base de blé. «Les farines camerounaises peuvent être introduites à proportions réduites pour la fabrication du pain. Nous avons de la farine de manioc, de la farine de Plantain et de la farine patate douce. Nous sommes en train de mettre en place un système pour produire non seulement des farines de bonne qualité, mais en quantité suffisante pour réduire de manière sensible les importations», a révélé le Minader.

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Ce défaitisme assumé cadre avec les projections faites récemment par Noé Woin, directeur général de l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD). D’après le responsable de cette structure, bras séculier de l’Etat en matière de recherche agricole, il faudrait une quantité faramineuse de semences pour relancer la culture du blé dans les lieux d’expérimentation aménagés à cet effet dans le cadre du Prosapva. Sur le site de Wassandé, plus précisément sur les espaces aménagés de l’ex-Sodéblé, dont la superficie est estimée à 16 000 ha, il faut environ 160 tonnes de semences pour espérer une relance optimale de la culture du blé sur ces terres, et par ricochet une relance de cette société qui a fait faillite à la fin des années 80. «Pour impacter les importations de blé, il faudrait tabler sur une production locale de 300 000 tonnes de blé. Il faudra environ 160 tonnes de semences pour couvrir les 16 000 ha aménagés dont dispose la Sodéblé à Wassande», a révélé Noé Woin.

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Bien qu’il soit convaincu de la nécessité de redynamiser la filière blé en décuplant la disponibilité des semences, le directeur général de l’Irad insiste cependant sur l’impératif de qualité. A en croire ce dernier, des variétés de semences d’élites baptisées Irad, Irad2, Bamenda et Banyo fruit d’essais et de tests préalables menés par l’institution dont il a la charge, sont les mieux adaptés pour le site de l’ex-Sodéblé dont le sol est acide. «Les résultats de la vulgarisation des semences de blé par le Prosapva à travers les unités de démonstration et des champs écoles paysans menés dans le site de Wassandé avec des coopératives agricoles sont concluants», a affirmé Noé Woin. C’est pourquoi, l’école dont il a la charge, «va poursuivre la multiplication des semences de prébase et la production des semences de base des variétés sollicitées par le Minader pour assurer de façon durable l’offre en semence de semences de blé en quantité et en qualité», a-t-il poursuivi.

Toutefois, la mise en œuvre de cette politique nécessite des moyens fonciers conséquents, dont l’Irad ne dispose pas. «Malgré les avancées de la recherche agricole, les moyens financiers (…) très limités ne permettent pas une transformation à grande échelle de la chaîne de valeur du blé au Cameroun…», expliquait l’Irad dans une note publiée au mois d’avril 2022.

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