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Dangers sur la filière porcine

Après la grave épizootie qui l’a touchée il y a deux ans, la filière a du mal à redécoller dans certaines zones de grande production. L’Etat tente d’apporter de l’aide aux producteurs, mais certaines contraintes empêchent la dynamique d’avoir des résultats probants.

Entre 2010 et 2015, la production des porcins est passée de 2,44 millions de têtes à plus de 3,37 millions de têtes. En 2011, l’effectif abattu était légèrement au-dessus du million, pour 71 086 tonnes de viande ; tandis qu’en 2015, l’on avait abattu quelque 580 000 bêtes pour avoir un peu plus de 40 000 tonnes de viande de porc. Ces données, contenues dans l’annuaire statistique publié récemment par l’Institut national de la statistique (INS), sont les plus récentes. Elles démontrent en tout cas que la filière porcine est en baisse depuis quelques années.

Une baisse d’autant plus inquiétante que la filière est régulièrement atteinte d’épizootie, notamment la peste porcine africaine. L’an dernier, la région de l’Ouest, qui est un grand bassin de production, a été touchée et les éleveurs ont dû abattre des milliers de bêtes. Plus loin, la région de l’Adamaoua qui compte 25% du cheptel, avait également été touchée en 2014. Signalons que la peste porcine africaine avait fait sa réapparition en 2010, dans l’Extrême-Nord, causant l’abattage de quelque 25 000 porcs. Depuis, elle refait régulièrement surface à certaines périodes de l’année.

Au regard de ce qui se passe sur le terrain, les efforts des pouvoirs publics semblent insuffisants pour permettre à cette filière de redécoller dans le pays. Entre 2005 et 2014, le Cameroun a investi plus de 4 milliards FCFA pour le développement de la filière, selon les responsables du ministère de l’Elevage, des pêches et des industries animales. Cela n’a pas été suffisant pour y parvenir. D’autres investissements, ponctuels ou sur le long terme, sont également consentis. De nombreux projets d’élevage de porcs sont implémentés à travers le pays, mais les résultats se font toujours attendre, alors qu’entre la production et la demande, il y a un gap d’environ 30 000 tonnes de viande de porc à combler.

A la peste porcine africaine, il faut ajouter comme freins au développement de la filière la défectuosité du système d’alerte mais surtout la mauvaise collaboration entre les autorités administratives et les acteurs de la filière. Ce dernier conduit parfois à des situations incompréhensibles. Le mois dernier, par exemple, des éleveurs de la région du Nord, qui avaient subi les affres de l’épizootie de 2010, déclaraient n’avoir pas encore été indemnisés, alors qu’au niveau du gouvernement les fonds étaient décaissés. Ce sont ainsi des dizaines d’acteurs qui n’ont jamais pu reprendre leurs activités.

Pourtant, les pistes de solutions ne manquent pas.  En février 2015, la FAO avait proposé à l’Etat un « Plan stratégique de prévention et de lutte contre la peste porcine africaine au Cameroun ». lequel proposait, entre autres : le renforcement du réseau d’épidémio-surveillance ; la veille sanitaire permanente appuyée d’une prise en charge des éventuels foyers décelés ; le renforcement des capacités des check points et contrôle sanitaire des mouvements des porcs à l’intérieur du pays ; l’amélioration de la biosécurité ; la sensibilisation, l’information et la formation des producteurs ; la mise en place d’un cadre institutionnel pour le paiement des compensations aux producteurs sinistrés. Reste que trois après, sa mise en œuvre n’est pas encore efficiente…

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