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Décentralisation : batailles d’influence autour de Dion Ngute

Nominations dans les collectivités territoriales décentralisées ; gestions des compétences transférées, les pommes de discordes se multiplient entre les administrations sectorielles et les collectivités. L’arbitrage du premier ministre attendu.

Colère sourde au ministère des finances (Minfi) contre, indignation au ministère de la Décentralisation et du développement local (Minddevel), panique et émoi dans les mairies… la dernière actualité au sujet de la nomination des receveurs municipaux et la gestion des carrières interroge sur la volonté réelle du gouvernement à accélérer ce processus de décentralisation.

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Nommés le 06 juillet receveurs municipaux auprès des communes de Yaoundé 6e et de Yaoundé 7e, respectivement, Alphonse Achille Atanga et Jean Bernard Minfegue n’ont toujours pas pris fonction au sein de ces municipalités. En cause, une contradiction entre les dispositions du récent décret portant règlement général de la comptabilité publique et celles du code général des collectivités territoriales décentralisées (CTD). Le premier texte attribue le pouvoir de nomination de ces personnels au Minfi alors que le second le confie au Minddevel.

Quelques semaines plus tôt, c’est le maire de la commune de Njombe Penja, Paul Eric Kingue qui en appelait à l’arbitrage du Minddevel dans un litige qui l’oppose aux exploitants des carrières de pouzzolane dans sa commune. Se fondant sur une disposition du code général des CTD, le maire conteste le taux des redevances que les exploitants reversent à sa commune ; les entreprises incriminées, elles, contestent la compétence du maire à remettre en cause leurs permis d’exploitation. Pour départager les parties, le Minddevel, à travers un message porté, instruit les communes de surseoir à l’exploitation des carrières dans leur ressort territorial. Le ministre invoque le fait que le décret d’application n’est pas encore signé.

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Ces évènements qui apparaissent aux yeux de l’opinion comme une véritable cacophonie gouvernementale n’ont, jusqu’à présent, suscité aucune réaction du chef du gouvernement. Pourtant, dans une correspondance aux membres du gouvernement, début avril 2020, le Premier ministre (PM), Joseph Dion Ngute rappelait les principes cardinaux devant guider l’action de chacun et qui se résument en une franche collaboration, la solidarité ainsi que le respect des procédures. Au-delà des protagonistes directs, les querelles actuelles révèlent surtout un déficit de coordination de l’action gouvernementale. Et, désormais, tous les regards se tournent vers l’Immeuble étoile, siège des Services du Premier ministre. Non seulement en tant que Chef du gouvernement mais également comme président du conseil national de la décentralisation, Dion Ngute est appelé à dire que qu’il y a lieu de comprendre entre « la lettre » et « l’esprit » de la loi.

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Entre les administrations sectorielles et les CTD, c’est donc une bataille d’influence qui s’ouvre autour du PM. Du reste, le président de la République n’a eu de cesse de souligner que la décentralisation était un processus irréversible. « Les consultations que j’ai menées, mais aussi les multiples avis et suggestions que j’ai recueillis, m’ont conforté dans l’idée que nos concitoyens souhaitent participer davantage à la gestion de leurs affaires, notamment au niveau local », avait-il déclaré dans son Message à la nation le 31 décembre 2017. Ajoutant que « je crois fermement à cet égard, que l’accélération de notre processus de décentralisation va permettre de renforcer le développement de nos régions. J’ai dans cette optique, prescrit la mise en œuvre des mesures nécessaires pour concrétiser rapidement cette réforme majeure. »

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