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Décentralisation: replacer la commune au cœur du développement local

C’est l’un des buts recherchés par la tenue, les 6 et 7 févriers derniers à Yaoundé, des premières assises générale de la commune

« Approfondir la décentralisation pour une commune camerounaise rénovée ». Le thème retenu pour les premières assises générales sur la commune au Cameroun résume à lui seul la place centrale et le rôle déterminant que doit jouer cette entité dans le processus de décentralisation au Cameroun. Et si depuis le début de la mise en œuvre effective de la décentralisation, les populations à la base ne se sont pas senties de plus en plus impliquées dans la gestion de leur développement au plan local, c’est sans nul doute parce que la commune n’a pas toujours joué ce rôle de penser le développement au niveau local. Les initiatives de développement venant très souvent du pouvoir central sans très souvent prendre  en compte les réalités locales. Et les premières assises générales de la commune qui ont mobilisé les 360 maires et 14 délégués des communautés urbaines du Cameroun du 6 au 7 février à Yaoundé, ainsi que  de nombreux départements ministériels, notamment, les ministères de la Décentralisation et du Développement local et de l’Habitat et du développement urbain, avaient pour but, comme l’a précisé le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, à l’ouverture de ces travaux, de « donner un souffle nouveau au développement local ». Plus concrètement, il était question de voir comment concrétiser davantage le transfert des compétences aux communes et booster le développement.


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C’est en réalité, précise-t-on, de la traduction dans les faits d’une prescription du chef de l’Etat Paul Biya dans la perspective du septennat dit des « Grandes Opportunités ». Comme l’a rappelé le chef du gouvernement, le moment est donc venu pour les communes de « jouer pleinement leur rôle ». Durant deux jours, les échanges ont donc porté sur des thématiques qui donnent plus de contenu à décentralisation. Notamment, le cadre normatif et institutionnel applicable à la commune, le transfert de compétences, la planification et développement local, les ressources de la commune, les ressources humaines et gouvernance locale. L’objectif à terme étant que les communes camerounaises puissent mieux organiser leur fonctionnement sur la base des résolutions concrètes.  Si plus de 22 ans après sa constitutionnalisation, la décentralisation traine toujours le pas, Georges Elanga Obam, le ministre de la Décentralisation et du Développement Local croit fermement que les toutes premières assises générales de Yaoundé vont « contribuer au processus d’accélération de la décentralisation ».

On se rappelle que lors de son discours d’investiture pour le nouveau septennat, le 06 novembre 2018, le président Paul Biya qui lançait son nouveau mandat avait réitéré sa détermination à œuvrer pour l’effectivité de la décentralisation

Et, c’est certainement le début de la mise en œuvre des actions tant annoncées pour accélérer le processus de décentralisation au Cameroun. On se rappelle que lors de son discours d’investiture pour le nouveau septennat, le 06 novembre 2018, le président Paul Biya qui lançait son nouveau mandat avait réitéré sa détermination à œuvrer pour l’effectivité de la décentralisation. « Dans les meilleurs délais, des mesures seront prises pour élargir le champ de compétence des collectivités territoriales afin de leur donner les moyens d’une plus grande autonomie» déclarait-il.

Besoin de plus d’autonomie pour les communes

Ils ont donc fait foule à Yaoundé. Les 360 maires et 14 délégués des communautés urbaines du Cameroun ont en majorité répondu présent aux premières assises générales sur la commune, du 6 au 7 février à Yaoundé. Et, ces derniers n’ont pas hésité à s’exprimer sur leurs attentes à l’issue de ces travaux. Pour bon nombre d’entre eux, une plus grande autonomie des collectivités territoriales décentralisées reste une priorité. Pour Hyacinthe Mba Mbo, maire de la commune d’Ambam dans la région du Sud par exemple, « nous militons pour le renforcement de l’autonomie des collectivités territoriales décentralisées. Autonomie financière et autonomie administrative. Beaucoup de communes ont encore des difficultés à mobiliser des ressources à cause d’un personnel non qualifié. Nous voulons que l’Etat consacre 10% du budget au profit de la décentralisation. Soit 20 milliards de Fcfa à chaque commune. De plus en plus, nous sommes confrontés au problème de sécurité, il faut revoir la question de police municipale. Puis, il faut voir la question de mise en place d’une fonction publique locale ».


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Pour sa part, Yama Gilbert, maire de la commune de Mogodé dans la région de l’Extrême-Nord, il faut plus de ressources aux communes. « La décentralisation est un outil de développement. Donc, nous voulons qu’il ait un véritable transfert de compétences et de ressources. Nous prévoyons l’amélioration de l’existant. Par exemple, les centres de santé. Avec beaucoup plus de ressources, nous ferons mieux. C’est-à-dire, l’entretien routier, l’accès à l’eau, etc. » Presque le même point de vue est partagé par Hamidou Laimani, maire de la commune de Garoua 3ème  dans la région du Nord, qui suggère que «  la décentralisation soit effective en termes de transfert de compétences. Ensuite, que le gouvernement puisse accompagner sur le plan technique les communes. Il faut aussi le transfert des hommes. Que les mairies soient davantage renforcées sur le plan financier. Car, c’est les communes qui résolvent les difficultés des populations à la base. Nous parlons d’un transfert intégral de ressources.au potable, à l’éducation et à la santé ».

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