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Dégradation de la notation financière : le DG de la CAA se prononce sur les décisions prises par S&P et Moody’s sur le profil emprunteur du Cameroun

Dans une interview à Cameroon Tribune, le quotidien à capitaux publics, Adolphe Noah Ndongo, le directeur général (DG) de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), se veut rassurant sur les capacités de remboursement de la dette publique, en dépit des mauvais signaux envoyés par certaines agences de notation. Le haut commis de l’Etat revient également sur la question de la viabilité et de la soutenabilité de la dette du pays, le volume et la pertinence de cet endettement qui s’est accéléré ces dernières années, exposant le Cameroun à un risque élevé de surendettement.

« A ce jour, le Cameroun ne compte aucun arriéré de paiement de dette extérieure. De plus, diverses mesures ont été instruites par le président de la République pour assurer le paiement régulier des échéances de la dette. Malgré cette notation, les acteurs financiers, tant au niveau national qu’international, continuent de faire confiance au Cameroun. Ceci est illustré par les prêts en cours de négociation et ceux déjà autorisés par décret présidentiel, se chiffrant à ce jour à plus de 5 000 milliards de FCFA. En clair, l’impact de la récente notation des agences suscitées pourrait être relativisé. Le pays continue à faire preuve de résilience en honorant tous ses engagements, tout en travaillant à améliorer sa perception auprès de la communauté financière internationale ». Selon ces propos extraits d’une interview parue dans Cameroon Tribune au mois de septembre dernier, pour Adolphe Noah Ndongo, le directeur général de la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le Cameroun n’a aucune crainte à se faire après les dernières dégradations de la notation souveraine du pays par les agences Moody’s et Standard & Poors.

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En effet, s’appuyant sur le fait que l’Etat du Cameroun a accusé un retard dans le paiement d’une créance commerciale à l’international, ces deux agences américaines ont, en juillet 2023, dégradé de deux paliers la note souveraine du pays. « Moody’s a réduit la note du Cameroun de b2 à CAA1, indiquant un risque accru pour les obligations émises par le pays. De son côté, Standard & Poors (S&P), après avoir initialement déclaré un défaut sélectif pour le Cameroun, l’a réévalué à CCC+/C. Cela signifie que les obligations camerounaises sont considérées comme vulnérables. Le pays est alors perçu comme présentant un risque élevé de non-remboursement sur les marchés internationaux », rappelle le DG de l’entreprise publique chargée de la gestion de la dette publique au Cameroun.

Et celui-ci d’expliquer l’origine de cette décision des agences de notation suscitées : « le Cameroun a accusé un léger retard dans le remboursement de certaines échéances auprès d’une banque commerciale. Ces retards, d’environ dix jours en moyenne, résultent des problèmes techniques et ne sauraient être considérés de notre point de vue comme des défauts de paiement. Il faut souligner que Fitch, une autre agence de notation avec laquelle les autorités échangent régulièrement, n’a pas été aussi pessimiste que les deux premières ».

Risque élevé de surendettement

Aussi, fort de cet argumentaire, Adolphe Noah Ndongo pense-t-il qu’au cours des prochains mois, le Cameroun pourra sereinement continuer à solliciter des bailleurs de fonds pour financer ses projets de développement, malgré les signaux négatifs envoyés par S&P et Moody’s. « Il sied de rappeler que les emprunts contractés ont principalement financé des projets structurants d’envergure nationale. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le Port en eau profonde de Kribi avec ses infrastructures connexes, les infrastructures sportives majeures et l’aménagement de plus de 3 000 km de routes nationales et régionales, dont les tronçons Kumba-Mamfe-Bamenda, Sangmelima-Djoum, Ayos-Bonis, Maroua-Bogo, et Batchenga-Ntui-Yoko. Ces projets routiers ne représentent qu’une fraction des nombreuses initiatives entreprises. Sur le plan énergétique, des barrages tels que Memve’ele, Mekin et prochainement Nachtigal ont été mis en service pour augmenter l’offre en électricité. Par ailleurs, d’importantes améliorations ont été apportées aux infrastructures de télécommunications, favorisant ainsi une meilleure connectivité via internet et la téléphonie mobile. Des hôpitaux modernes ont été construits dans différentes régions du pays et des efforts significatifs ont été déployés pour augmenter l’accès à l’eau potable dans de nombreuses localités », énumère le DG de la CAA, lorsqu’on l’interroge sur l’opportunité et la pertinence de l’endettement public.

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Un endettement public qui, de son point de vue, reste viable et soutenable jusqu’ici, en dépit du risque élevé de surendettement auquel s’expose le Cameroun. « La hausse de l’endettement public au Cameroun ces dernières années est le reflet des ambitions de développement des infrastructures du pays. (…) Il importe également de relever que la politique d’endettement public menée par le gouvernement est alignée sur la Stratégie nationale de développement pour la période 2020-2030 (SND30), qui vise à concrétiser la vision du chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA, de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035 », soutient le gestionnaire de la dette publique au Cameroun.

Et de poursuivre : « (…) l’encours de la dette du secteur public à fin août 2023 est estimé à 12 008 milliards de FCFA soit environ 43,7% du PIB, en diminution de 0,7% par rapport à fin juin 2023. Le taux d’endettement du Cameroun, qui est de 43,7% du PIB, reste en deçà du seuil des critères de convergence communautaire en zone Cemac, fixé à 70% du PIB. A la vérité, nous disposons d’une marge d’endettement substantielle pour financer d’autres projets et programmes d’investissement porteurs de croissance. (…) Selon la dernière Analyse de viabilité de la dette (AVD) effectuée par le FMI à la fin décembre 2021 et mise à jour par les autorités nationales dans le cadre de la Loi de Finances 2023, la dette publique du Cameroun est viable, mais présente un risque élevé de surendettement, principalement à cause de la faiblesse des recettes budgétaires et d’exportations. (…) Afin de conserver cette viabilité et réduire progressivement le risque de surendettement, le gouvernement a initié des réformes pour renforcer les politiques économiques, budgétaires et fiscales, améliorer la compétitivité extérieure du Cameroun et soutenir l’implémentation de la politique d’import-substitution ».

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