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Denrées de grande consommation : « L’import-substitution » à rude épreuve

Derrière la décision du gouvernement d’importer un stock de sécurité de 200 000 tonnes de riz en exonération des droits et taxes de douanes, se cache une pénurie qui se dessinait à l’horizon.

Beaucoup y ont vu un double langage de la part du gouvernement, tellement les discours étaient contradictoires. Dans une correspondance signée le 05 juin dernier et adressée au Directeur général de la Sonam (premier importateur de riz au Cameroun en 2019) le ministre des finances demande à l’importateur de constituer « un stock de sécurité de 200 000 tonnes de riz en exonération des droits et taxes de douanes à l’importation, à l’effet de couvrir les besoins du marché national pour le reste de l’année 2020 » écrit Louis Paul Motaze.

L’on apprend par la suite que les 200 000 tonnes à importer ont été réparties entre différents importateurs la société Sonam, devra importer 70 000 tonnes. Une décision qui n’a pas manqué de susciter des questionnements légitimes au sein de l’opinion publique. Et pour cause, elle intervient au moment où le gouvernement s’est engagé à donner la priorité au développement de la production locale et à resserrer l’étau contre les exportations qui amenuisent les devises du pays. Louis Paul Motaze l’avait par ailleurs précisé lors du conseil de cabinet du 02 juillet dernier, que le Cameroun entendait se tourner vers « l’import substitution » à travers « la réduction ou la suppression progressive des exonérations sur certains produits qui crèvent la balance commerciale de manière à favoriser leur importation locale à plus grande échelle ». Face à ce qui s’apparente à un double langage du gouvernement, un responsable du ministère des finances rencontré par EcoMatin explique que les stocks de réserve de riz sont actuellement « insuffisants ».

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Pourtant…

 Au mois de mars 2020, alors que la pandémie du coronavirus qui bat son plein à travers le monde a réduit considérablement les échanges commerciaux, des voix s’élèvent au Cameroun pour évoquer un risque de pénurie des denrées de grande consommations qui sont en très grande majorité issues des importations. Afin de rassurer l’opinion, le ministre du Commerce monte au créneau « rien ne justifierait une pénurie ni une spéculation des prix pendant les trois prochains mois » déclare-t-il. Selon Luc Magloire Mbarga Atangana, les stocks des produits de grande consommation disponibles au Cameroun pourraient couvrir une période de trois à quatre mois, soit 191 265 tonnes de riz, 40 718 tonnes de poissons, 100 302 tonnes de pâtes alimentaires et 2 165 tonnes de lait. Seulement 04 mois sont passés et malgré les importations qui se sont poursuivis, le Cameroun n’a pratiquement plus de stock de réserve. C’est au vue de la conjoncture incertaine que le chef de l’Etat a probablement été avant-gardiste en constituant un stock de garantie jusqu’en fin d’année.

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