Dialogue public privé : le rappel méthodologique de Paul Biya au gouvernement
Le bras de fer ouvert qu’avait engagé le groupement inter patronal du Cameroun contre le gouvernement vient de tourner à l’avantage du patronat suite à l’intervention du chef de l’Etat. Il demande d’identifier des mesures supplémentaires permettant aux opérateurs économiques de poursuivre leurs activités dans la sérénité.
La situation de blocage née des tensions entre le patronat et le gouvernement sur le contenu des mesures d’allègement du poids négatif occasionné par la pandémie de Covid-19 sur l’économie, vient de connaître un début de solution. En effet, le chef de l’Etat, lors de son discours à la nation, a instruit le gouvernement d’identifier des pistes pouvant garantir la poursuite des activités du secteur privé dans un environnement allégé de contraintes.
«Dans un environnement macro-économique fortement perturbé par la pandémie du Covid-19, il a fallu continuer à garantir la compétitivité du secteur privé. Il n’échappe à personne que cette pandémie a entrainé un renchérissement du fret maritime, avec pour incidence immédiate, une inflation du coût des produits de première nécessité. C’est donc conscient des sacrifices considérables que les opérateurs économiques nationaux ont consenti pour atténuer les effets de la pandémie, que j’ai instruit le gouvernement de réduire de 80%, le montant du fret maritime à intégrer dans le calcul des droits de douane », souligne Paul Biya dans son adresse à la nation le 31 décembre 2021.
Pour cela assure le président de la République, « le gouvernement devra également poursuivre les échanges avec le secteur privé, à l’effet d’identifier les mesures supplémentaires susceptibles d’être mises en œuvre». Pour l’économiste Dieudonné Essomba, le chef de l’Etat ne tranche pas en faveur du Gicam mais rappelle au gouvernement la posture méthodologique à adopter.
«Il est normal que lorsque la dynamique des prix augmente à l’international du fait de facteurs extérieurs que le Cameroun ne maîtrise pas, que les contrecoups soient atomisés et supportés par les trois acteurs : le gouvernement doit ajuster ses prévisions fiscales, les entreprises doivent abandonner une partie de leurs bénéfices et les consommateurs doivent accepter de payer un peu plus cher les produits. Il n’appartient pas à un seul acteur de tout subir et de l’abandonner. Et dans cette situation, la posture du Gicam est la plus raisonnable et non celle d’un gouvernement dont la vision est étriquée et obnubilée par les gains fiscaux qu’il peut réaliser», analyse l’économiste.
Côté Gicam, l’on ne souhaite pas encore faire de commentaire sur ce discours du président de la République. L’on promet une déclaration ultérieure afin de donner une position officielle et concertée. Toutefois, l’on se souvient que le dialogue entre l’Etat et le secteur privé avait été rompu unilatéralement par le patronat sur fond de menaces d’arrêt de production des denrées et autres produits de grande consommation à la faveur de l’explosion des coûts des intrants, de la crise des containers et de l’envolée des cotations du fret maritime international. Les patrons avaient en effet refusé de participer au Cameroon Business Forum le 15 décembre dernier au motif de la non-prise en compte par le gouvernement de leur plaidoyer pour l’organisation de cette rencontre et surtout sa refondation.
«Face aux nombreux défis sociaux et économiques auxquels fait face le gouvernement et à la grogne croissante des entreprises, l’urgence à refonder le cadre de partenariat entre l’Etat et le secteur privé est plus que jamais réelle », indique le Gicam pour qui, il faut une structure novatrice dénommée Cameroon Business Council placée sous l’autorité du chef du gouvernement voire du président de la République.
Simon Pierre Mbarga