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Dialogue public-privé : ce que Dion Ngute va faire au Gicam

Après avoir boudé le ministre Jean de Dieu Momo et sa délégation le 15 avril 2021, le patronat revient à des meilleurs sentiments. Le Chef du gouvernement est l’invité de la communauté des affaires ce 18 mai à Douala, dans le cadre du dialogue Etat-Secteur privé.

“A tout seigneur tout honneur”, dit un proverbe. Le Premier ministre, Chef du gouvernement en aura donc au groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), ce 18 mai 2021, pour son rang, son mérite et sa responsabilité vis-à-vis de la communauté des affaires. C’est à Joseph Dion Ngute que revient cette année le privilège d’ouvrir le bal des rencontres de concertation entre le secteur public et le secteur privé. Comme nous vous l’avons annoncé le 14 mai dernier sur www.ecomatin.net, le Chef du gouvernement, accompagné de quelques membres de son équipe, va rencontrer le Gicam, la plus importante organisation patronale du pays, demain à Douala. 

Même si les deux parties refusent de dévoiler le contenu de cette concertation, Des sources proches du dossier pensent que les échanges devraient tourner autour de la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ainsi que l’amélioration du climat des affaires à travers la réforme du dialogue Etat-Secteur privé. 

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C’est un secret de polichinelle. Les relations ne sont plus au beau fixe entre le gouvernement et le patronat camerounais. Le second ne supporte plus le traitement «sans égard » que lui réserve le premier. Or, les analystes indiquent qu’il est de la responsabilité de l’Etat de construire et d’organiser ce dialogue Etat/Secteur privé, tant ce dernier est un instrument essentiel pour réformer l’environnement des affaires et la gouvernance économique en général d’un pays.

Autant dire qu’un dialogue inexistant ou imparfait constitue un sérieux frein au déploiement des efforts collectifs destinés à stopper l’hémorragie que subissent les entreprises dans le contexte actuel de crises économiques, sécuritaire et sanitaire.

Partenariat

Le Gicam se dit conscient que le cercle vertueux d’une croissance vigoureuse, résiliente et inclusive, résulte d’un dialogue fécond entre la puissance publique et les acteurs du monde des entreprises, nourri par une relation de confiance mutuelle et de complémentarité des rôles, au profit de la collectivité.

Pour le président du Gicam, Célestin K. Tawamba, « plus l’Etat consultera et prendra en compte les doléances de ceux qui connaissent le monde de l’entreprise – au premier rang desquels les organisations représentatives du secteur privé -, plus adapté sera cet environnement. » Cette conviction serait nourrie par les expériences vécues ailleurs, lesquelles montrent, selon le patron des « patrons camerounais » que « l’environnement des affaires est davantage propice dans les pays où l’Etat associe comme partenaire responsable à cette œuvre, le Patronat ; loin du climat de méfiance réciproque, qui obstrue leurs relations. »

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Pour lever toute équivoque, l’on souligne au Gicam que l’objectif poursuivi est de construire une relation de confiance entre toutes les parties prenantes au développement. Pour y parvenir, quelques conditions semblent incontournables : « Le secteur privé, notamment le Gicam doit être perçu comme l’avocat déterminé et légitime des PME/PMI ; L’Etat doit s’engager à mettre en place un environnement des affaires propice au développement de la PME ; Les programmes d’accompagnement doivent être adapté et pointu et répondre aux préoccupations véritables des entreprises ».

Un nouveau cadre de concertation pour booster le business

Dans son Avant-propos du “Livre blanc du Gicam sur l’économie camerounaise”, le président de la plus importante organisation patronale nationale, Célestin K. Tawamba, prend la posture d’un “mendiant” de la paix et de la collaboration entre la puissance publique et le Secteur privé. Si malgré toutes les dissensions entre les deux parties, “tout n’est pas perdu et tout reste possible, le temps en revanche est compté”, écrit-t-il, “il faut, au plus vite, dans un sursaut collectif, rassembler toutes les forces pour relever les défis pressants. Faute de quoi, le déclin sera irréversible et collectif.”

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Depuis 2017, le Gicam a plaidé auprès du Premier ministre en faveur de réformes visant à une plus grande efficacité du CBF. D’abord par le renforcement de son mode opératoire; Ensuite par l’extension de son  périmètre de réflexion. C’est ainsi que dans la perspective du CBF 2019, il fut décidé de la mise sur pied de deux comités de suivi distincts, l’un relevant du Doing Business stricto-sensu, le « Comité Doing Business », et l’autre relevant de l’environnement des affaires, le « Comité CBF ». Ainsi furent dessinés les contours d’un CBF de transition, prélude à un CBF 2020 d’un type nouveau.

Aujourd’hui, face aux nombreux défis économiques et sociaux auxquels fait face le gouvernement et à la grogne croissante des entreprises, l’urgence à refonder le cadre de partenariat entre l’Etat et le Secteur privé est plus que jamais réelle.

Ainsi, sur les cendres du CBF, l’on annonce l’avènement d’une structure de dialogue public/privé novatrice et efficace, placée sous l’autorité du Premier ministre, Chef du gouvernement. Elle devrait permettre de mieux engager des réflexions sur l’environnement des affaires au sens complet du terme et sur l’investissement privé : le Cameroon Business Council (CBC). Il s’agira d’une Institution bipartite présidée par le Premier ministre et dont le président du Gicam serait le Vice-président. Le CBC constituerait le nouveau cadre permanent de concertation de haut niveau entre l’Etat et le secteur privé.

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Pour M. Tawamba, “la volonté de dialoguer de ces deux entités serait factice sans réelle pratique du dialogue.” La responsabilisation des acteurs étant assurée, il importera désormais que la pratique du dialogue épouse les contours d’un mécanisme favorisant l’implication et la satisfaction de tous. Plusieurs principes participent de la réalisation de cet objectif : “le partage de l’agenda et du calendrier, l’élaboration conjointe des plannings de mise en œuvre, la contractualisation des recommandations, érigée en règle et non comme l’exception, l’institution d’un organe de pilotage paritaire et fonctionnant comme tel, un travail de fond préparatoire, en amont des rencontres publiques et/ou officielles”, énumère le «patron des patrons» du Cameroun.

Nord-Ouest/Sud-Ouest : la crise qui menace la SND30

Fermetures, délocalisations, arrêt d’activités, dégraissages. La crise sociale, politique et sécuritaire qui sévit depuis novembre 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pèse de plus en plus sur l’économie locale et nationale. Au moins 260 milliards de Fcfa de pertes directes et indirectes pour les entreprises et le Trésor public, selon l’évaluation du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Avec une population estimée à 3,5 millions d’habitants, soit 16 % de la population camerounaise, les deux régions contribuaient encore pour 16,3 % au PIB en 2015, selon l’Institut national de la statistique (INS). Une part significative dont le gouvernement ne peut se passer dans sa planification.

Dans le cadre de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), le gouvernement table sur l’hypothèse d’un retour progressif de la paix dans lesdites régions à l’horizon 2023.

 “La non réalisation de cette hypothèse devrait notamment avoir des conséquences non seulement, sur le développement économique, mais également sur les finances publiques et l’amélioration des conditions sociales de base”, prévient-on.  

Le gouvernement a érigé les deux régions en zones sinistrées. De même, une zone industrielle a été aménagée à Bamenda au lieudit Zibam. Dans l’esprit du gouvernement, les deux régions étant à califourchon entre l’Afrique Centrale et occidentale, c’est une position stratégique pour tout projet industriel. Mais la crise sociopolitique qui sévit paralyse littéralement l’activité économique. De quoi justifier la rencontre entre le Premier ministre et les milieux d’affaires pour s’accorder sur les possibilités d’investissement dans ces régions, en vue de leur reconstruction.

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