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Distribution de l’eau : liquidation annoncée de CDE après une perte d’au moins 3,5 milliards de capitaux propres

L'administrateur nommé pour conduire la dissolution de cette entreprise doit, recenser les créanciers de la CDE et pouvoir les payer, conformément à la règlementation en la matière d’ici 2026.

La Société camerounaise des eaux (CDE) est en liquidation, selon une annonce légale publiée ce 30 mars. « Aux termes du procès-verbal de l’assemblée générale extraordinaire tenue le 1er/02/2023 et reçu en dépôt le 02/03/2023 par le notaire soussigné, les actionnaires ont décidé : de dissoudre à l’amiable la société, après avoir constaté la situation des capitaux propres devenue inférieure à la moitié du capital de la société ; de nommer monsieur Toubali Ahmed, en qualité de liquidateur, pour une durée de trois ans », renseigne l’annonce.

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A l’analyse de ce document, il apparaît que la CDE, d’un capital de 7,002 milliards de FCFA, a perdu au moins la moitié de ses fonds propres, soit 3,5 milliards de FCFA. Cette situation est compréhensible car, depuis le 30 avril 2018, l’entreprise publique Camwater, jusque-là en charge uniquement de la production de l’eau, a également repris le volet commercialisation, activité dévolue en 2008 à la Camerounaise des eaux (CDE), contrôlée par un consortium marocain conduit par l’Office national de l’eau potable (Onep).

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Ainsi, depuis près de 5 ans, la CDE est en arrêt d’activités. Par conséquent, elle ne génère plus de recettes. Au contraire, elle en perd. Dans ce contexte, la liquidation annoncée devrait aboutir à la dissolution de cette entreprise. L’administrateur marocain qui a été nommé doit, d’ici 2026, recenser les créanciers de la CDE et pouvoir les payer, conformément à la règlementation en la matière.

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La CDE est ainsi conduite vers la fin de son existence parce que l’Etat du Cameroun n’a plus voulu lui renouveler sa concession en 2018, selon une correspondance datée du 28 mars 2016, dans laquelle le SG de la présidence de la République répercutait au Premier ministre, cette instruction du chef de l’Etat camerounais. Les Marocains avaient préalablement été déclarés adjudicataires de ce contrat en septembre 2007, au terme d’un appel d’offres international lancé en juillet 2006 par le gouvernement camerounais, dans le cadre de la privatisation de la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC). L’ONEP et ses colistiers avaient alors été plébiscités au détriment d’opérateurs de renom tels que Veolia.

Le vœu du président de la République du Cameroun de voir le contrat de l’ONEP ne pas être renouvelé à échéance intervenait dans un contexte de pénurie d’eau potable sur le territoire. Le phénomène s’est accentué dans les deux principales villes du pays que sont Douala et Yaoundé. En plus de l’aggravation des difficultés observées dans la distribution de l’eau potable dans les grandes métropoles camerounaises, certains observateurs avaient vite fait de mettre cette décision du président Biya sur le compte d’une collusion d’intérêts entre des membres du gouvernement camerounais et les actionnaires de la CDE.

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