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Économie : les grandes promesses des chefs d’États de la CEMAC pour 2024

Paul Biya, Teodoro Obiang Nguema, Oligui Nguema, Faustin Touadéra… Les six chefs d’État des pays membres de la Cemac ont sacrifié au rituel des vœux à la nation le 31 décembre dernier. EcoMatin retrace des grandes annonces faites par ces derniers pour booster l’économie de leurs pays respectifs.

Gabon : Banque de développement, nationalisation d’Assala Energy, etc.

Après avoir construit, bitumé et réhabilité 413 kilomètres de routes, donné du travail à 8950 personnes à la fonction publique, et payé la dette du Gabon, le président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema a annoncé le démarrage des travaux de construction du nouvel aéroport de Libreville, situé à Andeme, à 80 kilomètres de la capitale. Mais, plus concret, c’est le prix des produits pétroliers à la pompe qui a connu le 1er janvier, une baisse considérable comme promis le 31 décembre par le chef de l’État. 

S’agissant de la problématique de l’emploi, les entreprises gabonaises, tous secteurs confondus, devront doubler leur production, question de procurer plus de travail aux chômeurs. «Nos jeunes doivent cesser de rêver d’être fonctionnaires et privilégier l’entrepreneuriat. Sortons des idées reçues qui consistent à penser que les petits métiers avilissent l’homme. Au contraire, ce sont eux qui portent la société vers la croissance et le développement», assure le président de la République. Et pour accompagner les entreprises à créer davantage de valeur ajoutée, le président annonce la création très prochaine d’une banque nationale de développement, pour l’entreprenariat des jeunes, capable d’accompagner les PME-PMI à travers les 9 provinces.

Le pays étant engagé dans une quête de recherche de financements et d’augmentation des recettes publiques, le chef de l’Etat a décidé du  rachat de la société pétrolière Assala. « C’est un acte de grande portée nationale qui permettra à la République de marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier, poumon de notre économie», explique le président.

Cameroun : Energie, routes, réduction des dépenses publiques…

Paul Biya, chef de l’État camerounais, n’est pas passé par quatre chemins pour annoncer que la subvention des produits pétroliers à la pompe sera encore réduite après le repli de 2023 qui l’a ramenée de 1000 milliards de Fcfa à 640 milliards de Fcfa. Traduction, l’État, face aux pressions du FMI et en respect aux exigences du programme économique et financier conclu avec cette institution multilatérale, les prix des carburants doivent se réguler d’eux-mêmes à la pompe, et laisser la vérité des prix triompher pour le bien des caisses de l’Etat.

Dans le domaine de l’énergie, si le dossier de la réhabilitation de la Sonara devrait connaître en 2024 une accélération, reste que, s’agissant de la fourniture de l’énergie électrique, le barrage de Nachtigal devrait entrer en production dans quelques semaines selon le chef Paul Biya. Dans la même veine, l’usine de pied du barrage hydroélectrique de Lom Pangar, sera, selon l’annonce présidentielle, opérationnelle en 2024. Ce qui « permettra d’accroître l’offre énergétique dans la ville de Bertoua et ses environs.

Dans le secteur, les barrages de Kikot (500 MW) dans l’arrondissement de Nyanon, département de la Sanaga Maritime, région du Littoral, qui représente un investissement d’environ 650 milliards de FCFA, devrait voir son bouclage financier cette année, pour un démarrage des travaux en 2025 et une mise en service en 2029. À côté, le projet d’aménagement hydroélectrique de Minkouma à Mbandjock, département de la Haute Sanaga, région du Centre, d’une capacité de production comprise entre 240MW et 300MW, sera également engagé.

Quant au barrage de Grand Eweng sur la Sanaga (1080MW), dont le financement peine à être bouclé, le chef de l’Etat annonce que celui-ci pourrait connaître des avancées en cette année. Idem pour celui de Bini à Warak (75 MW), dans la région de l’Adamaoua. A terme, espère le président de la République, «la capacité installée de tous ces ouvrages va assurer à notre pays, l’autosuffisance en matière d’énergie électrique. Elle nous fera, en plus, accéder au statut envié de pays exportateur d’électricité».

S’agissant des infrastructures routières, les 700 kilomètres de routes construites, réhabilitées ou bitumées en 2023, seront complétées par d’autres linéaires. Il s’agit de la boucle de la Lékié et des axes Kumba-Ekondo Titi et Babadjou-Bamenda. Le chef de l’Etat assure également que les travaux de construction de la route Ebolowa-Kribi, vont démarrer cette année suite au bouclage des négociations avec les partenaires financiers. Il en est de même de la réhabilitation de la route Ngaoundéré-Garoua. L’achèvement des routes Mora-Dabanga-Kousséri, Edéa-Kribi et Douala-Bafoussam, reste suspendu aux négociations avec les financiers.

Congo : année de la Jeunesse

En 2024, le président Denis Sassou Nguesso prescrit à ses compatriotes une vigilance accrue, afin de rendre irréversibles les performances économiques et sociales du Congo. Aussi exhorte-t-il ces derniers à maintenir le cap et sauvegarder les forêts du Bassin du Congo, afin de préserver les populations des effets dévastateurs des changements climatiques.

Mais au-delà de ces défis, le chef de l’Etat entend accorder la priorité à la jeunesse cette année. «C’est pourquoi, pour une meilleure prise en charge de leurs aspirations, Je décrète 2024, Année de la Jeunesse ». Il s’agira, tout au long de l’année, d’intensifier les efforts en vue d’apporter des réponses pertinentes, lisibles et concrètes aux problèmes d’éducation, de formation et d’emploi. 

Tchad : Cap sur les infrastructures et l’énergie

Le président Mahamat Idriss Déby Itno ne fait pas mystère des contraintes auxquelles son pays est confronté pour s’émanciper des importations en tout genre. C’est pourquoi, pour 2024, le pays doit se doter d’une énergie suffisante, sans laquelle l’industrialisation du Tchad restera une éternelle chimère. Au-delà, le développement de l’agriculture, de l’élevage, des mines et de l’énergie permettront au Tchad d’assurer son autosuffisance alimentaire ainsi que son indépendance économique.

2024 sera également marqué  par la construction de routes, de ponts et passerelles, le rapprochement des villes qui aboutira au désenclavement du pays question d’élargir les horizons des citoyens du pays.

RCA : développement de l’agriculture, énergie, transport, réformes structurelles…

À Bangui, le président Faustin Archange Touadera pense le développement de plusieurs secteurs pour libérer son pays de l’étreinte du chantage aux financements internationaux et des appuis budgétaires. C’est pourquoi, la priorité en 2024 sera, en plus de la mise en œuvre des réformes structurelles permettant une meilleure collecte des taxes fiscalo-douanières et la sécurisation des recettes publiques, l’organisation d’une table ronde des bailleurs de fonds de la RCA.

Cet évènement qui se tiendra au premier trimestre 2024, intervient dans le cadre de la diversification des partenaires du pays et la stimulation de nouveaux partenariats gagnant-gagnant. La cible du gouvernement s’est resserrée pour cela autour des bailleurs de fonds internationaux mais surtout des Fonds de financement islamiques et arabes.

À côté de ce gigantesque évènement, le président centrafricain compte également investir dans le domaine des transports, grâce à la mise en valeur des espaces dédiés au transit des marchandises dans les ports de Pointe-Noire au Congo, de Douala et Kribi au Cameroun. Raison pour laquelle, il envisage la construction d’un port à Mongoumba, la réhabilitation du port de Bangui et du port pétrolier de Bangui, ainsi que la finalisation des travaux de rénovation de l’aérogare de l’aéroport international de Bangui M’Poko. Pour ce qui est de la fourniture électrique, celle-ci, annonce Faustin Archange Touadera, sera améliorée en 2024 avec la mise en service de deux centrales solaires photovoltaïques à Sakaï et Danzi d’une puissance cumulée de 40 mégawatts. Une performance qui permet à la société Enerca, le fournisseur public d’énergie électrique, de passer de 37 MW de puissance installée depuis 2016, à 105 mégawatts aujourd’hui.

De plus, le pays entend mettre en service deux centrales hybrides solaires/ photovoltaïques à Berberati et Bambari. Les villes de Bouar, Birao, Bangassou, Bossembelé, Obo et Nola, verront des activités d’électrification rurale engagées en 2024. Des études permettront en cours d’année, de mettre à contribution les sites de la Lobaye, de Dimoli, de Palambo et de Lancrenon, victimes de 40 années d’absence d’investissements dans ce secteur vital. Dans le volet des recettes publiques, le président de la République de Centrafrique compte sur la levée totale de l’embargo sur le diamant, l’intensification de la lutte contre la fraude et la contrebande et l’exploitation industrielle de la petite mine dont les permis ont été accordés à deux sociétés pour accroître les revenus de l’Etat dans ce secteur.

Pour le désenclavement du pays,  le pays va lancer les travaux de bitumage de 1 200 kilomètres de route dans l’arrière-pays  ainsi que des projets de développement du corridor de transport multimodal (CD13) et intégrateur de la CEEAC pour la construction d’un pont sur le fleuve Oubangui (CD14), reliant Bangui et Zongo.

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