Business et Entreprises
A la Une

Emmanuel Wafo : « Je ne ménagerai aucun effort pour défendre le Gicam » (Interview)

L’Assemblée générale constitutive de l’entité née de la fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) est prévue ce 14 décembre à Douala. A moins de 24 heures de l’événement, le président de la Commission économique et du développement de l'entreprise au Gicam, qui est opposée depuis le départ au projet de fusion création, estime que les textes que l’on veut faire valider demain souffrent du défaut de n’avoir pas été rendus publics dans les délais raisonnables. Il promet par ailleurs de poursuivre la bataille judiciaire en vue de l’invalidation du traité signé en avril 2023 entre Célestin Tawamba et Protais Ayangma.

Qu’est-ce qui sous-tend votre démarche de contestation du projet de fusion création Gicam-Ecam engagé par l’exécutif actuel du Gicam ?

Les membres du Gicam ne veulent pas voir mourir le Gicam sous quelque prétexte que ce soit. Plusieurs raisons soutiennent leur action. D’abord ce projet de fusion n’apporte rien aux membres du Gicam pris individuellement ou collectivement. Ensuite, ce projet viole allègrement les statuts du Gicam. Enfin, les porteurs de ce projet ont grossièrement déconsidéré les aînés, Membres du Comité des Sages.

De quels moyens disposez-vous pour avoir gain de cause ?

Notre démarche a toujours été, depuis le début de ce combat, portée par trois piliers principaux, à savoir le soutien des membres du Gicam, les actions en justice et le dialogue. Concernant les membres du Gicam, les 26,3% qui ont voté contre la fusion lors de l’AGE du 11 juillet 2023 constituent un groupe important qui s’est exprimé et dont il faut respecter le vote. Bien plus, ceux-ci sont rejoints par un nombre croissant d’autres membres qui, grâce à nos actions de sensibilisation, comprennent mieux notre démarche et la soutiennent. A propos des actions en justice, avec toutes leurs incidences, elles contribuent à maintenir la pression pour mettre la vérité au grand jour. Pour ce qui est du dialogue, enfin, il convient de clarifier un point ici. Certains essaient de nous présenter comme des va-t-en-guerre et pourtant il n’en est rien. En effet, nous avons à maintes reprises, tenté de rencontrer le président du Gicam au début de son opération de fusion, nous n’avons pas pu obtenir la moindre audience. C’est alors que nous nous sommes tournés vers d’autres moyens d’expression pour faire entendre notre cause. Cela dit, nous restons entièrement ouverts au dialogue, pourvu que celui-ci soit constructif et de bonne foi. Etes-vous candidat à la tête du patronat ?

Dans les circonstances présentes, cette question n’est ni opportune, ni pertinente. Notre action ne saurait être circonscrite à une ambition personnelle ou à un raccourci pour accéder à une position de pouvoir.

Lire aussi : Fusion Ecam-Gicam : le Tribunal déclare non-fondée, l’une des cinq  requêtes déposées par Joël Sikam et Cie

A mon humble avis, le GICAM a des préoccupations plus importantes en ce moment…

Seriez-vous toujours membre du Gicam si la nouvelle entité venait à être créée ?

Chacun d’entre nous est libre d’adhérer ou de sortir d’une association qui ne satisfait plus à ses aspirations. Cette liberté est un acquis démocratique de notre pays. Pour ma part, je suis et demeure membre du Gicam. Je lance donc un appel à tous les autres membres du Gicam pour barrer la route à l’imposture et au diktat de la fusion qu’on cherche à nous imposer à tous les prix.

Que pensez-vous des statuts du projet d’association patronale annoncée ? 

Un des acquis du Gicam est la transparence qui a toujours été une de ses caractéristiques fondamentales. Nous tenons à souligner que le Gicam a des statuts connus de tous et déposés auprès des instances publiques compétentes. Par contre, les textes qu’on veut faire valider le 14 décembre 2023, souffrent du défaut de n’avoir pas été rendus publics dans les délais raisonnables. Ce qui a empêché que les membres potentiels de cette nouvelle entité formulent leurs observations en connaissance de cause. Il y a donc risque de voir perdurer le flou artistique que nous dénonçons depuis le début de cette opération.

Vous avez dit dans une récente interview que vous faisiez confiance à la justice, pouvez-vous nous faire le point des procédures judiciaires engagées ?

Il n’est pas de notre droit de rendre compte sur la place publique des procédures judiciaires pendantes. Nous réaffirmons notre confiance à l’institution judiciaire de notre pays.

Lire aussi : Patronat : un Conseil d’administration conjoint annoncé après l’approbation du traité de fusion

Il importe néanmoins de rappeler que les conditions d’élaboration du traité de cette fusion n’ont pas respecté pas les textes du Gicam, chose que nous décrions depuis le début mais en vain.

Ne craignez-vous pas que les décisions de justice interviennent trop tard ?

La saisine des instances judiciaires vise à rétablir les membres du Gicam dans leur bon droit. Il ne faut donc pas craindre la justice. La vérité doit triompher.

Vous vous êtes toujours dit favorable au regroupement du patronat. Dans ce sens, les promoteurs de cette fusion la présentent comme un gage de meilleure représentativité des catégories d’acteurs économiques. Ne trouvez-vous pas que cette question est plus importante que la défense du label Gicam que vous tenez absolument à préserver ?

Nous sommes bien conscients des réformes à faire pour que le Gicam soit plus inclusif et garantisse la représentation de tous les acteurs économiques. Dans ce sens, il est de notre responsabilité de favoriser la conciliation entre ses membres ainsi que le dialogue avec les pouvoirs publics et les autres acteurs sans aucune attitude de témérité ou de condescendance. Au demeurant, nous tenons à préciser que le Gicam n’est pas un syndicat, encore moins un parti politique. Notre conviction est que le Gicam est un acquis, un patrimoine à préserver. Nous ne transigerons pas sur sa défense, ce d’autant plus que les services qu’il rend à ses membres ne souffrent d’aucune critique de la part des promoteurs de la fusion.

Lire aussi : Gicam – E.Cam : les membres se prononcent à plus de 73 % en faveur de la fusion

A propos des actions en justice, avec toutes leurs incidences, elles contribuent à maintenir la pression pour mettre la vérité au grand jour.

Si le Gicam est dissout, seriez-vous membre de la nouvelle entité ?

La dissolution du Gicam n’est pas à l’ordre du jour. Il importe néanmoins de rappeler que les conditions d’élaboration du traité de cette fusion n’ont pas respecté pas les textes du Gicam, chose que nous décrions depuis le début mais en vain. Ce qui nous laisse penser que les motivations profondes de ce projet sont cachées. Ainsi, en l’absence de fondements juridiques solides et au regard du non-respect des principes démocratiques, nous n’y voyons aucune garantie de succès dans ses missions. Pour ces raisons, continuons de croire que notre combat est juste et que tôt ou tard l’avenir me donnera raison.

Le Gicam par la voix de son président a pris position dans l’affaire qui oppose l’opérateur économique camerounais Baba Danpullo aux sociétés Mtnc, Mobile Money Corporations, Chococam et Broadband Telecom. Quelle est votre lecture de cette actualité ?

A mon humble avis, le Gicam a des préoccupations plus importantes en ce moment… Cependant, étant entendu d’une part que cette affaire reste pendante devant des instances judiciaires, et d’autre part qu’elle met aux prises plusieurs membres du Gicam, il aurait été plus appréciable que le Gicam se positionne en médiateur en écoutant les deux parties et en essayant de les regrouper autour d’une table pour une conciliation. Sinon, il aurait été plus éthique de laisser la justice faire tranquillement son travail.

Lire aussi : Fusion Gicam-Ecam : Emmanuel Wafo persiste et signe

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page