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Empreinte carbone : déboutée face à Greenpeace, la crédibilité de TotalEnergies remise en question en zone Cemac

Le 28 mars, le tribunal de Paris a déclaré nulle l’assignation en justice de Greenpeace par le groupe pétro-gazier français, qui souhaitait obtenir la suppression d’un rapport de l’ONG, l’accusant de polluer près de quatre fois plus qu’annoncé. Un échec qui soulève des questionnements sur l'engagement de TotalEnergies en matière de transparence environnementale et qui suscite des doutes quant à la fiabilité de ses données carbone, notamment dans la région de la Cemac (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale).

C’est le continent qui pollue le moins. C’est aussi le continent qui en subit le plus les conséquences. Et pourtant, l’Afrique est devenue la proie des multinationales en matière d’émission de carbone. C’est notamment le cas de TotalEnergies. Le géant français, dont les énergies fossiles représenteraient une grande partie de son activité, estime à 455 millions de tonnes ses émissions de CO2. Or, selon un rapport intitulé « Bilan carbone de TotalEnergies : le compte n’y est pas », publié le 3 novembre 2022 par l’ONG Greenpeace avec le bureau de conseil Factor-X, les effets des activités du groupe pétro-gazier français sur le climat en 2019 est « quatre fois supérieur à celui que communique la major, soit un total d’émissions de 1 milliard 637 millions 648 mille tonnes de CO2 ».

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TotalEnergies a porté plainte en mai 2023 contre l’ONG, dénonçant le « caractère faux et trompeur des informations communiquées par Greenpeace et Factor-X » et réclamé le retrait dudit rapport, s’estimant victime d’un « préjudice moral ». La justice française a rendu son verdict dans cette affaire le 28 mars 2024. Le tribunal de Paris a annulé la procédure du groupe pétro-gazier contre Greenpeace. « La justice a donné raison à Greenpeace, jugeant l’assignation trop imprécise pour [lui] permettre […] de se défendre utilement sur le fond », a réagi l’ONG, célébrant « un camouflet pour la major, le jour de ses 100 ans ».

Transparence

Dans un communiqué consulté par EcoMatin, l’ONG a salué « une très belle victoire pour la liberté d’expression, non seulement de Greenpeace mais aussi de toute la société civile et du monde de la recherche qui doit pouvoir questionner l’ampleur de l’impact climatique de TotalEnergies ». C’est le cas en Afrique, principalement en zone Cemac où le groupe français est présent dans quatre pays à savoir le Cameroun, le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale. En effet, les récentes péripéties judiciaires de TotalEnergies en France suscitent déjà quelques commentaires sur la crédibilité environnementale de l’entreprise et les éventuels effets à long terme de son empreinte carbone sur l’environnement et le climat dans la zone. « L’échec face à Greenpeace doit inciter TotalEnergies à revoir ses pratiques en matière de communication et de gestion de ses émissions de gaz à effet de serre. Elle doit renforcer ses efforts de transparence et investir davantage dans des initiatives de réduction des émissions et des impacts environnementaux de ses activités, afin de répondre aux préoccupations croissantes en matière de durabilité et de responsabilité sociale des entreprises », souligne un analyste ayant requis l’anonymat.

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Vive polémique au Congo

La major française a promis qu’elle sera neutre en carbone d’ici à 2050, et ce, grâce notamment à la compensation carbone. Le principe consiste ici, à planter des arbres qui absorbent le carbone. C’est ce qu’elle a entrepris au Congo par exemple où la compagnie a loué des terres pour y planter des millions d’acacias sur plusieurs dizaines de milliers d’hectares, visant à compenser sur 20 ans plus de « 10 millions de tonnes de CO2 ». Un projet qui fait grincer des dents au pays de Denis Sassou-Nguesso. En effet, une enquête publiée le 12 décembre 2022 par Mediapart révèle « des documents internes au gouvernement congolais et des témoignages prouvant que TotalEnergies s’est approprié des terres d’agriculteurs sans leur libre consentement. Le but ? Créer à la place de leurs cultures une plantation industrielle d’arbres pour que le pétrolier puisse continuer ses activités climaticides ». L’entreprise, elle, se défend de ce que « ces terres n’ont pas été réquisitionnées car elles ont appartenu et appartiennent toujours à l’Etat ».

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