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En 6 ans, Boko Haram a volé pour près de 60 milliards de FCFA de bétail à l’Extrême-Nord

Les chiffres sont de la Banque mondiale et du ministère camerounais de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) sur la période allant de 2012 à 2018.

Selon la Banque mondiale (BM), depuis 2013, Boko Haram a volé aux éleveurs de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, un volume de bétail d’une valeur globale atteignant 3 milliards de FCFA. L’information est contenue dans son rapport intitulé « Briser les obstacles au commerce agricole régional en Afrique centrale », publié en 2018 à Yaoundé. Pour l’institution de Bretton Woods, de 2012 à 2018, « au cours de leurs attaques dans les régions indiquées, les éléments de Boko Haram ont au total fait main basse sur environ 17 000 têtes de bovins et des milliers d’ovins et de caprins ».

Estimation partielle

Les autorités camerounaises estiment que ces chiffres sont partiels « parce que la secte a fait bien pire ». Selon elles, « les exactions commises par Boko Haram sur le secteur de l’élevage ne s’arrêtent pas aux vols du bétail, mais touchent également le fonctionnement des marchés du bétail, la prise en charge sanitaire des bêtes, ou encore le fonctionnement de l’activité d’élevage dans son ensemble, avec de lourdes conséquences financières ».

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C’est ainsi qu’une étude du Minepia sur la période 2012-2016 révèle que « le secteur de l’élevage et de la pêche a perdu environ 90 milliards de FCFA dont 65%, soit environ 54,8 milliards de FCFA pour le seul secteur de l’élevage. Ces pertes sont attribuées aux vols, rapts, tueries d’animaux ».

Dans son rapport 2018, intitulé « Évaluation stratégique de la criminalité organisée dans la région de l’Afrique centrale », Interpol évoque le vol de bétail comme « une menace criminelle croissante pour les pays de la région de l’Afrique centrale ». L’organisation mondiale de police criminelle va plus loin et lie cette activité « à la criminalité organisée et au financement du terrorisme ». Pour Interpol, le fait pour un groupe d’individus de respecter des instructions et de s’organiser pour voler le bétail à des fins commerciales constitue une activité criminelle qui revêt un aspect de plus en plus transnational dans la mesure où le bétail volé traverse souvent une ou plusieurs frontières ».

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La surveillance exercée autour des activités illégales de cette secte djihadiste pousse les combattants de Boko Haram à créer leurs propres marchés. Pour écouler les fruits de leurs rapts, les éléments de Boko Haram recourent également à la dispersion et la vente du bétail en petits lots sur des marchés éloignés ou sur de petits marchés locaux en pratiquant des prix au rabais. Il leur arrive aussi que des marchés d’Afrique de l’Ouest leur servent pour dissimuler certaines têtes de bétail qu’ils revendent quelques mois après à prix fort.  

Dans cette entreprise criminelle transfrontalière, Boko Haram compte sur des receleurs ingénieux pour faire disparaître toute trace pouvant aider à remonter l’origine et le propriétaire d’un animal. Une fois vendues, les bêtes volées sont rapidement transformées et leurs marques sont modifiées.

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