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Eneo/Globelec : les détails sur le projet de cession des créances de 82,6 milliards à BGFI

La filiale du groupe bancaire panafricain a été désignée pour arranger cette opération dans laquelle plusieurs banques commerciales en activité dans la sous régions ont accepté de participer.

C’est une grosse bouffée d’oxygène pour Kribi Power Development Corporation(Kpdc) et Dibombari Power Development Corporation(Dpdc). En panne de trésorerie, les filiales camerounaises du groupe Globeleq, producteur indépendant d’énergie, ont trouvé un terrain d’entente avec Eneo, pour le remboursement de leurs créances en souffrance de 2015 à 2020. Le distributeur exclusif de l’énergie électrique au Cameroun accumule des factures impayées vis-à-vis de ses fournisseurs de 82,632 milliards de FCFA, soit plus que leur chiffre d’affaires (72,9 milliards de FCFA en 2020). Selon les informations de EcoMatin, une convention de crédit a été signée le 15 avril dernier entre les deux parties et BGFI Cameroun. Cette convention fait suite au plan d’apurement des créances ratifié en octobre 2020 et en vertu duquel Eneo avait pris l’engagement de régler cette dette sur une période de 48 mois. « Nous avons signé des accords fin 2020 avec KPDC/DPDC pour l’apurement de cette dette » a confirmé, sans trop de précisions Eric Mansuy, le DG de Eneo, dans une interview accordée à Investir au Cameroun.

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Cependant, compte tenu de leurs tensions de trésorerie, les trois entités  ont convenu de mettre en place un mécanisme de remboursement accéléré par une cession de créances. Le 19 avril 2021, elles signeront une lettre d’intention dans laquelle Eneo reconnaissait une dette de 14,964 milliards vis-à-vis de DPDC et 78, 082 milliards pour KPDC. Pour sa part, le groupe Globelec représenté par ses filiales (les cédants) s’engageait à vendre ses créances vis-à-vis de Eneo(débiteur cédé) à un tiers(cessionnaire) avec une décote. Le cessionnaire (qui dans le cas présent est un pool bancaire) devra rembourser aux deux entreprises selon un échéancier défini et procéder au recouvrement auprès de Eneo.

BGFI Cameroun

Intervenant dans le mécanisme comme arrangeur, BGFI Cameroun a été mandaté pour constituer un pool bancaire afin de mobiliser la trésorerie indispensable visant à couvrir la cession desdites créances et assurer l’administration des flux de remboursement.

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de l’Etat due à Eneo

Selon le calendrier de remboursement consulté par EcoMatin, les cessionnaires devront apporter des versements mensuels de 1,465 milliards à KPDC, et 513 millions de FCFA à  DPDC. L’opération se déroulera respectivement sur 60 mois (05 ans) et 36 mois (03 ans) avec un an de différé sur le remboursement du capital uniquement. Jusqu’ici, les taux d’intérêts et décotes appliqués qui représentent les commissions des banques engagées dans le deal n’ont pas été révélées. « Généralement, les décotes sont applicables en fonction de l’urgence financière de l’entreprise. Pour le taux d’intérêt, il dépend de l’échéance avec laquelle le débiteur cédé concède le financement ; plus la maturité est longue, plus le taux sera relevé » nous souffle un banquier.

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De même, l’identité des acquéreurs n’a pas été dévoilée. Seule certitude, BGFI Capital, la banque d’investissement du groupe BGFI Bank s’est taillé la part du lion ; le reste est réparti entre plusieurs banques en activité dans la sous-région, a appris EcoMatin, d’une source proche du dossier.  

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A travers cette opération, BGFI Cameroun vient une fois de plus de prouver son engagement à faire du secteur de l’électricité son domaine d’intervention privilégié. Cet établissement de crédit s’est récemment illustré en menant le peloton de tête d’un pool bancaire dans le cadre de la mobilisation de 100 milliards de FCFA pour le compte de de Eneo. Avec l’octroi de 23 milliards de FCFA pour cet emprunt, le groupe bancaire affichait un taux de participation de 23% du montant total de ce closing financier. Toujours sur le segment énergétique la banque a préfinancé les travaux de la petite centrale hydroélectrique Mbakaou Carrière (1.4 MW, 11.2 GWh/an) dans la région de l’Adamaoua au Cameroun dont la mise en service est prévue pour le mois de juin 2021. « Les problématiques liées à la fourniture de l’énergie électrique et de la fiabilité de l’approvisionnement constituent des obstacles majeurs à la croissance économique d’autant plus que le secteur de l’électricité représente l’un des piliers majeurs du Projet de Stratégie nationale de Développement du Cameroun. Il s’agit donc ici d’une contribution directe de BGFIBank Cameroun à l’amélioration des conditions de vie et de travail de différents acteurs économiques, à la création de nouvelles opportunités de développement d’activités génératrices de revenus, ainsi qu’au renforcement de son engagement aux côtés du gouvernement pour œuvrer au développement socio-économique du pays » a justifié Abakal Mahamat.

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Détenu chacun à 56% par le groupe Globelec et 44% par l’Etat du Cameroun, KPDC et DPDC sont des producteurs indépendants d’énergie qui fournissent de l’électricité à Eneo dans le cadre de contrats d’achat d’électricité à travers 2 centrales dotées d’une capacité globale de 304 MW. Mise en service en 2013, KPDC est une centrale thermique, alimentée au gaz, et dotée d’une capacité de production de 216 MW. L’électricité est produite à partir du gaz naturel provenant du gisement de gaz offshore de Sanaga Sud au Cameroun. Avec une capacité de production de 88 MW, la centrale thermique de DPDC produit de l’électricité à partir du Fuel lourd et fourni à Eneo à travers le réseau de transport géré par la Société nationale de transport de l’électricité (SONATREL).

Lire l’intégralité du dossier dans l’édition N°425 du journal EcoMatin actuellement en kiosques

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