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Energie électrique : déficit énergétique, changements climatiques et responsabilité partagée des opérateurs

Les délestages sont légions depuis la fin de la Coupe d’Afrique des Nations de football, et touche presque l’ensemble du pays. Le Gouvernement croit savoir que cette situation dénote en priorité des changements climatiques en raison d’une crise hydrologique. Mais il y a également les problèmes inhérents aux opérateurs des différents segments, entre production, transport et distribution.

Au lendemain de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, les villes camerounaises font face à l’implacable réalité des coupures d’électricité, ce après une relative stabilité observée durant cette compétition. L’entreprise Energy of Cameroon (Eneo), le concessionnaire du service public en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun procède depuis quelques temps par des rationnements, une sorte de distribution équitable de l’énergie entre les localités impactées pour tenter de juguler la crise énergétique. L’énergéticien camerounais qui gère également un pan de la production d’énergie avec ses centrales thermiques justifie souvent le déficit par des problèmes liés à la maintenance de ses installations ou encore du défaut de combustible pour faire fonctionner à plein régime ses centrales, notamment dans le Grand Nord.

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Au demeurant, les problèmes d’énergie ne sont pas l’apanage de la seule entreprise Eneo. L’on dénonce également des fuites d’énergie et une récurrence d’incidents sur le réseau de transport géré par la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) depuis 2012. En outre, malgré la décentralisation de la production, l’offre énergétique demeure insuffisante. En effet, d’après le rapport 2020 d’Eneo, l’entreprise assure 65,42% de la production dans le mix énergétique du pays. Eneo-Genco a pris la relève pour tenter d’augmenter cette capacité de production. Quatre autres acteurs opèrent dans la production, en l’occurrence Memve’Ele via Electricity Development Corporation (13,82%), Kribi Power Development Corporation (14,15%), Dibamba Power Development Corporation (5,63%) et Aggreko (0,98%).

Le gouvernement à la rescousse

Cette situation n’a pas laissé de marbre le Gouvernement. Dans un communiqué du ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi indique que ce déficit énergétique est la résultante d’une crise hydrologique consécutive aux changements climatiques qui affectent le monde entier et qui impactent au niveau national la production de plusieurs barrages hydroélectriques à l’instar de ceux de Memve’ele, sur le fleuve Ntem et de Lagdo sur le fleuve Benoué.

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Dans le detail, le Gouvernement indique que sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS), l’instabilité résulte d’un « déficit conjoncturel de la production de l’électricité, caractérisé notamment par une diminution du débit d’eau alimentant les turbines de la centrale de Memve’ele ». Et concernant le Réseau Interconnecté Nord (RIN) où la situation est beaucoup plus préoccupante, le porte-parole du gouvernement indique qu’ « une importante quantité d’eau du barrage de Lagdo a été utilisée pour faire tourner les turbines de la centrale, afin de permettre aux populations de la partie septentrionale du pays de suivre la Coupe d’Afrique des Nations de football. Mais pour éviter l’assèchement de la retenue d’eau dudit barrage, la société Eneo a dû réduire la production de cet ouvrage de 23 à 9 mégawatts».

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Et pour tenter de résorber cette situation, le Gouvernement a instruit l’accroissement de la production des centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa, à travers des lâchers d’eau plus importants, au départ du barrage réservoir de Lom Pangar, dont les débits journaliers passeront de 1100m3 par seconde à 1200m3 par seconde ; la réactivation et la mise en service de toutes les centrales thermiques du Réseau Interconnecté Sud et la réduction en soirée, de l’alimentation de certaines industries.

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