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Enquête sur le rôle de Bgfi Bank à la Sonara

L’ingénierie financière déployée par cette banque devait permettre à la raffinerie de résoudre ses difficultés de trésorerie et d’améliorer les rapports avec ses fournisseurs. La direction actuelle ne semble pas convaincue.

La Bgfi bank a-t-elle des soucis à se faire dans la réalisation du projet d’extension et de modernisation de la Société Nationale de Raffinage (Sonara) ? Une chose est sûre, le top management de l’unique raffinerie du pays n’est pas satisfaite de l’exécution du projet et entend bien y voir clair. Dans un communiqué signé le 15 mai 2020, le directeur général de la Sonara, Jean-Paul Simo Njonou, annonce un audit global de la phase 1 du projet.

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Lancée en 2010, le projet d’extension et de modernisation de la Sonara a un coût global de près de 600 milliards de  FCFA, dont 200 milliards pour la première phase et 397 milliards. La phase 1 devait permettre de renouveler l’outil de production pour augmenter la capacité de raffinage de 2,1 à 3,5 millions de tonnes par an. La phase II consiste en l’installation d’un système d’hydrocraquage pour traiter toutes qualités de brut et en particulier le brut [lourd] produit au Cameroun afin d’obtenir des produits finis tels que le Butane, le Super, le Gazole, le distillat, le fuel oïl, le pétrole lampant et le carburéacteur.

 Officiellement, la phase 1 du projet est achevée depuis novembre 2018, cinq ans après le délai initial et de nombreux reports. Pire, à la date de l’incendie qui l’a ravagé le 31 mai 2019, la raffinerie n’affichait qu’une capacité de 2,1 millions de tonnes par an soit une sous capacité de 1,4 million de tonnes.

Or, en 2015, BGFI Bank Cameroun est appelée par le ministère des Finances au chevet de la raffinerie pour améliorer sa situation financière. Le projet d’extension et de modernisation était alors réalisé autour de 41,6% (fin mai 2014). Dans le cadre de sa mission de conseil financier, la filiale camerounaise du groupe bancaire gabonais opte pour une stratégie en trois étapes pour remettre la Sonara à flot.

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Dans un premier temps, il la banque se concentre sur « l’apurement des créances de l’Etat vis-à-vis de la Sonara dont le montant était de 400 milliards de FCFA; le remboursement de la dette auprès des fournisseurs de la Sonara pour un montant de 500 à 550 milliards de FCFA ; le lancement du programme d’investissement de près de 400 milliards de FCFA et le financement du besoin en fonds de roulement de 150 milliards de FCFA », expliquait Théophile Edgar Anon, alors DG de Bgfi bank Cameroun. En tout, une transaction de près de 1500 milliards de FCFA.

Montage financier inédit

Dans un deuxième temps, l’établissement de crédit va préconiser la mobilisation d’un crédit relais de 143,5 milliards de FCFA avec en co-arrangeurs la Société Générale Cameroun, Afriland First Bank Cameroun et Ecobank Cameroun. Ce crédit relais sera adossé à un emprunt obligataire international de 1,5 milliard de dollars. Puis la banque propose l’utilisation de la technique du « project finance », basée uniquement sur les cash-flows intrinsèques de l’acquisition de l’hydrocraqueur, de façon à résorber et à financer le remboursement des 400 milliards de FCFA du projet d’acquisition de l’hydrocraqueur.

Enfin, l’établissement de crédit va s’atteler d’une part, à restructurer la dette bancaire de la Sonara afin de soulager sa trésorerie et d’autre part, utiliser des préfinancements export qui sont basés non pas sur la vente à terme par avance du produit brut mais plutôt des produits finis de la Sonara. Ce qui, expliquait Théophile Edgar Anon, a permis d’augmenter le fonds de roulement de l’entreprise. Il semble que ce montage finance n’a pas permis de résoudre efficacement le problème. Du reste, l’audit général permettra d’en avoir le cœur net.

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Audit général

Les organismes ou cabinets spécialisés désireux de répondre à l’appel à manifestation d’intérêt y relatif doivent déposer leur dossier au plus tard le 19 juin 2020 à 10 heures, heure locale. Dans le cadre de ce marché, le prestataire devra faire un bilan sur l’ensemble des aspects du projet : technique, financier et comptable, planning, organisation, qualité, construction, tests, démarrage, sécurité, etc. ; identifier les causes profondes des dysfonctionnements du projet ; identifier, évaluer les risques et aider à la prise de décision sur les actions optimales à mettre en place, etc. Concrètement, « la mission d’audit a pour but d’éclairer la Sonara par l’explication détaillée et documentée des écarts entre les prévisions et les réalisations, tant en ce qui concerne les réalisations techniques, qu’en ce qui concerne l’allongement des délais et l’augmentation des coûts ».

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