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Entrepreneuriat : Le «Made in Cameroon» au féminin se dévoile à Douala

Dans le cadre de la 36ème journée internationale de la femme célébrée ce 8 mars 2021, le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) a organisé du 4 au 5 mars 2021, une foire exposition de divers produits issus du génie créateur des femmes camerounaises.

Le Made in Cameroon a incontestablement trouvé un nouveau souffle sous l’impulsion de la communauté féminine du Cameroun. Le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) a en effet regroupé, dans le cadre de la célébration de la 36e édition de la Journée internationale de la femme, des entrepreneures, opératrices économiques, et femmes d’affaires autour du thème «Comment mieux développer et faire représenter les femmes qui valorisent le Made in Cameroon». Une initiative de la Commission Entreprenariat Féminin du Gicam, dont la mission est, indique Mireille Fomekong, la présidente, «la prise en charge des questions liées au développement et au renforcement de l’entreprenariat féminin». A cette occasion l’espace réservé aux expositions du savoir-faire féminin camerounais présentait une variété de produits issus du Made in Cameroon. Des chaussures en produits locaux fabriqués par les entreprises Fonj et My Roots, des bougies par l’entreprise Amali Bougie, des vêtements confectionnés par l’atelier Cyar, des poufs fait à base de tissus locaux, oeuvre de l’entreprise Asaab, ou encore du jus de «bissap» produit par l’entreprise CA Ménage.

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Pour Reine Essobmadje, la 1ère vice-présidente du Gicam, l’exhibition Made in Cameroon organisée par le Gicam est une formidable opportunité pour les femmes entrepreneures de présenter leur génie créateur et savoir-faire. Mais également de se préparer à entrer dans le vaste marché offert par la zone de libre-échange continental Africaine dont les avantages sont à saisir par les femmes d’affaires du Cameroun », a-t-elle indiqué. Les visiteurs de l’exposition ont également pu découvrir la transformation des tubercules et de graines locales en biscuit ou pâtisseries. Une production de l’entreprise Kale, sous forme «d’alicaments». Kate Mélanie, la promotrice de cette petite unité de fabrication présente l’alicament comme un aliment qui procure des bienfaits (vitamines, minéraux et protéines). Comme ingrédients du terroir, l’entreprise Kale utilise par ailleurs du maïs rouge, du pistache, du plantain, des patates douces. La production Kale aurait d’ailleurs de nombreuses vertus thérapeutiques: (prostate chez les hommes, pousses de cheveux et entretien de la peau chez les femmes). Les produits présentés par Kate Mélanie sont également conseillés à l’alimentation des enfants autistes, car dépourvus de Gluten. Ainsi qu’aux diabétiques, compte tenu de leur faible teneur en sucre.

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A titre de rappel, la foire d’exposition de la Commission Entreprenariat Féminin du Gicam est rendue en 2021 à sa 3ème édition. 500 invités sont attendues, espère Mireille Fomekong. La semaine du 8 mars organisée par la CEF a connu son épilogue ce 5 mars 2021 par une table ronde autour des femmes de la Commission Entreprenariat Féminin du Gicam (Reine Tamo, Elisabeth Kouam, Christine Song, Sylviane Modèle) et des actrices du Madica (Carine Andela, Habiba Diallo, Chilly Wawaye, Melvin Beringuy). La coupure du ruban symbolique de cet important rendez-vous de promotion des produits du cru, a été effectuée par Léonide Moukoko Ndome, la 3ème adjointe au Maire de Douala, représentante de Roger Mbassa Ndine, le Maire de Douala.

Made in Cameroon : le difficile parcours des entrepreneures camerounaises

Doudou Nyazoke, la promotrice du concept Le Tamarinier Body and Soul se réjouit d’avoir conclu une commande de plus de 500 produits issus de ses ateliers (savon et beurre de karité). Pourtant, tout n’est pas rose pour la jeune porteuse de projet, malgré sa passion. Son unité de production reste artisanale: «je fabrique mes produits dans ma cuisine. Je ne suis pas encore outillée pour une production massive», indique la promotrice. En dehors de son outil de production encore embryonnaire, Doudou Nzayoke sollicite de l’administration des impôts un allègement de taxes pour les très petites structures : «nous avons observé ces derniers temps une amélioration dans le système de paiement des impôts avec l’informatisation. Mais je souhaite personnellement que l’Etat défiscalise partiellement les activités comme les nôtres qui valorisent les produits du terroir». Les tracasseries administratives figurent également parmi les freins au bon fonctionnement de son activité, dit-elle.

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Comme la promotrice des produits Le Tamarinier, l’agence Frida 54 dirigée par Edith Tialeu est confrontée à la barrière culturelle concernant la consommation des produits Made in Cameroon: «Les camerounais n’ont pas la culture de consommer les produits ou les créations Made in Cameroon. Dans le secteur de la décoration, l’attrait pour les produits venus d’ailleurs est encore plus prononcé. Nos compatriotes préfèrent aller s’approvisionner chez Orca, Mahima ou chez les marocains et iraniens que de faire confiance aux produits locaux qui sont de très bonne qualité et valorise notre culture», s’indigne Nke Ateba, Assistante commerciale chez Frida 54. Pour aguicher ses clients, la marque Frida 54 s’expose opportunément sur les réseaux sociaux :«nous faisons des offres sur notre site internet. Malheureusement, nous n’avons en grande majorité que des clients étrangers», s’indigne encore l’Assistante commerciale. A l’endroit du gouvernement, l’entreprise Frida sollicite un soutien multiforme: la vulgarisation et la promotion de l’art local, un soutien aux artisans qui sont au départ de la chaîne de production, promouvoir le «Made in Cameroon» et les artistes.

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Les exposants de la foire exposition organisée par le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) en faveur du Made in Cameroon connaissent ainsi des difficultés de production et de commercialisation identiques s’articulant autour de l’étroitesse du marché, la culture réticente des camerounais à consommer les produits locaux, le manque de financement et de formation, les tracasseries administratives, le poids des impôts, et la concurrence des produits importés. A titre de rappel, les grandes catégories de biens importés par le Cameroun sont les produits agricoles (46%), le pétrole et produits miniers (46%), les produits manufacturés (7,6%) et autres marchandises (0,07%). D’après les chiffres de l’Institut national de la statistique de 2019, le Cameroun a importé pour une enveloppe de 3856,9 milliards de FCFA de biens divers en 2019. Il s’agit notamment des carburants et lubrifiants (18,8%) les machines et appareils mécaniques ou électriques (13%), les céréales (9,8%), le riz (6%).

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