ConjonctureA la Une

Exclusion sociale : le pari impossible de vivre avec 36 000 FCFA par mois

Suite aux déclarations du ministre du Travail, Grégoire Owona, qui a prétendu le 30 avril dernier qu’il est possible de vivre avec ce salaire mensuel au Cameroun, «EcoMatin», dresse dans cette édition les besoins élémentaires d’un Camerounais ordinaire en ville.

A l’aune de la Fête internationale de travail, Grégoire Owona, le ministre du Travail a provoqué une polémique au sein de l’opinion. Et pour cause, le membre du gouvernement a déclaré qu’il est possible de vivre avec un salaire mensuel de 36 270 FCFA au Cameroun. Ce qui est une contre-vérité.

En dressant le portrait d’un Camerounais ordinaire en ville, l’on va se rendre à l’évidence que ses dépenses vont au-delà de 36 270 FCFA. Supposons un seul instant que ce Camerounais se passe de petit déjeuner, mais il prendra quand même un déjeuner vers 13h pour un montant minimal de 500 FCFA. En trente jours, ça fait 15 000 FCFA. Ce qui représente déjà la moitié de son salaire. Seulement pour manger. Le soir, le même montant peut être mis à contribution. Ce qui fait également 15 000 FCFA. Au total 30 000 FCFA sont déjà épuisés. Il reste à peine 6000 FCFA.


>> Lire aussi – Vie chère: quand les revenus des travailleurs ne suivent pas


Si notre citoyen loue une chambre dans un bas-fond, cela peut lui revenir à 10 000 FCFA. L’électricité et l’eau peuvent absorber 2 000 FCFA. Le crédit de communication, c’est 1000 FCFA. Le budget de 1200 FCFA peut être alloué aux soins de beauté et de propreté (achat du savon de ménage 300  FCFA, d’une pâte dentifrice 300 FCFA, se coiffer 300  FCFA, femme comme homme, le lait de toilette de 300  FCFA pour les soins de peaux). Les frais d’habillement sont exclus, le transport aussi.

Tableau récapitulatif des besoins d’un Camerounais ordinaire en ville

Besoins                                                        Coûts en FCFA
Nutrition familiale 1000 x 30 jours = 30 000
Nutrition au lieu du travail 500 x 30 = 15 000
Loyer mensuel 10 000
Téléphone 1 000
Coiffures, lait de toilette, savon, 1 200
Eau et électricité 1 000
Divers 5 000
Total 63 200

Le portrait-robot dont nous parlons lui interdit de boire une bière, de tomber gravement malade, s’offrir des équipements assez coûteux à l’instar d’une TV, et autres divertissements. Par contre, ce citoyen a une famille basique du genre une femme et un enfant, il doit laisser des frais de nutrition journalier d’au moins 1000 FCFA.



Le salaire minimum mensuel au Cameroun était passé en 2014 de 28 à 36 270 FCFA mais, malgré cette hausse, il reste l’un des plus faibles de la sous-région. Le Gabon s’illustre en proposant une somme de 150 000 par mois, contre 89 000 FCFA au Congo-Brazzaville, près de 60 000 FCFA au Tchad ou environ 49 000 FCFA en RDC.

Polémique

Certains ont essayé de polémiquer en tentant d’expliquer qu’il faut faire le distinguo entre Salaire Minimum Interprofessionnel Garantie (SMIG) et ce qui l’a remplacé plus tard le SMIC (interprofessionnel de croissance). Lorsque le ministre s’est exprimé, il a bel et bien parlé de revenus mensuels fixés à 36 270 FCFA. Au point d’affirmer que l’on peut vivre avec cette somme d’argent au Cameroun.  Il n’échappe donc pas à EcoMatin que lorsqu’on parle de SMIG, on ne parle pas de salaire mensuel, mais de la rémunération de base de tout travail. Mais Grégoire Owona a bel et bien parlé de salaire mensuel.



Le Smig, lui, est apparu vers les années 1930. Son but n’était pas de permettre une amélioration des conditions de vie des travailleurs, mais un moyen de relancer la croissance économique, après le crash boursier de 1930 du fait des dérives du capitalisme.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page