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Fichier solde de l’Etat : que fera le gouvernement des 10.000 fonctionnaires fictifs débusqués ?

La Centrale syndicale du secteur privé, le SDF, etc., exigent la traduction devant la justice de ces personnes qui ont siphonné plus de 1920 milliards Fcfa des caisses de l’Etat en une vingtaine d’années. Ils demandent par ailleurs la publication de la liste des 10.000 faux agents que vient de recenser le ministère des Finances.

Président de la Centrale syndicale du secteur publique (CSP), Jean-Marc Bikoko ne décolère pas depuis la publication par le ministère des Finances (Minfi), il y a quelques jours, d’informations en lien avec le retrait de 10.000 fonctionnaires et agents de l’Etat fictifs du fichier solde l’Etat. Il estime que ce chiffre est minoré, même si l’opération permet au Trésor public d’économiser jusqu’à 30 milliards Fcfa par an. Mais en attendant, il appelle le gouvernement à rendre publique la liste de ces personnes qui ont émargé illégalement dans les caisses de l’Etat. Par ailleurs, insiste-t-il, elles et leurs complices doivent immédiatement être traduits devant la Justice pour répondre de leurs actes, car « il s’agit bel d’un détournement de fonds publics ». Cette position s’aligne sur celle du Social Democratic Front (SDF), qui ne date pas d’aujourd’hui.

En avril dernier, le ministre de la Communication du gouvernement de l’ombre de ce parti, Jean Robert Wafo, écrivait : « Une chose est d’annoncer des efforts d’assainissement mais une autre est de rendre publique la liste des fonctionnaires fictifs, leurs matricules, les montants détournés, la période concernée ainsi que les circuits où cet argent détourné était déposé, puisque des traces existent manifestement dans des établissements bancaires où ces fraudeurs domiciliaient des comptes à cet effet. Ne pas accéder à ces exigences républicaines de transparence participera de l’enfumage et de la protection de ces mafias qui trouveraient manifestement des appuis solides dans les sphères insoupçonnées de décision du pays ».

La première opération d’assainissement du fichier solde de l’Etat a été lancée en 2006 par l’ancien ministre de l’Economie et des Finances aujourd’hui incarcéré, Polycarpe Abah Abah. A mi-parcours de ladite opération, il avait été révélé une baisse de la masse salariale de l’État, laquelle est ainsi passée ainsi de 38 milliards à 28 milliards Fcfa par an. Soit 10 milliards Fcfa d’économie pour le Trésor public. Selon les calculs du SDF, « des mafias siphonnaient des caisses de l’État 96 milliards Fcfa par an. Soit 1920 milliards Fcfa siphonnés en 20 ans, plus précisément de 1987 (année où le Cameroun tombe officiellement en crise) à 2006 (année du début de cette opération d’assainissement du fichier solde de l’État. On n’en était qu’à mi-parcours. Quel était le bilan en fin d’opération ? », S’était interrogé l’homme politique, face au silence des autorités publiques sur ce dossier d’une rare gravité.

Le SDF s’est toujours félicité d’avoir été à l’origine du déclenchement de l’opération d’assainissement du fichier solde de l’Etat, après  une rencontre informelle en 2006 entre une mission du Fonds monétaire international (Fmi) et ses députés. « Cette mission n’arrivait toujours pas à comprendre pourquoi tous les différents programmes arrêtés de commun accord avec le gouvernement ne produisaient pas des résultats. Les députés du SDF avaient alors demandé à la mission d’exiger du gouvernement l’assainissement du fichier solde de l’État qui constitue un véritable serpent de mer. Malgré de fortes réticences dans le sérail, le gouvernement a accédé puisque le FMI menaçait sérieusement de compromettre définitivement l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte », commente le membre de son Shadow Cabinet.

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