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Filière bois : les réserves des exploitants forestiers sur le Sigif 2

Pourquoi le Sigif 2 peine-t-il à être utilisé par les exploitants forestiers? La question préoccupe au regard des réticences observées et du peu d'empressement des différents acteurs à s'imprégner de ce nouveau logiciel de traçabilité du bois camerounais initié par le ministère des Forêts et de la Faune(Minfof) depuis novembre 2018, et présenté le 1er avril 2021.

«Le Sigif 2 a été conçu pour vous, faites-en un outil de travail. Ce logiciel d’information permet de suivre le bois de la coupe jusqu’au port d’embarquement. Le Sigif 2 devait faire basculer les pratiques manuelles vers le digital, pour une meilleure traçabilité du bois camerounais. Il s’agit d’une révolution dans le sous-secteur forestier », pense le ministre. Le système informatique de gestion des exploitations forestières (Sigif) est en effet constitué de deux éléments. Il s’agit du système de traçabilité du bois et la légalité de l’activité forestière. Son enjeu repose sur la célérité du traitement des données, la facilité dans la prise des décisions, la conformité de la chaine d’approvisionnement et la maîtrise des check-points répandues à travers le pays, sur différents itinéraires. Le système génère un code barre qui permet la circulation des grumes jusqu’à embarquement. Ainsi, toute grume qui circule sans code barre sera déclarée illégale.

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Malgré l’annonce de création et d’équipement de 19 check- points forestiers par Jules Dorêt Ndongo, le Sigif 2 divise. Malgré un moratoire de 30 jours accordé aux exploitants forestiers pour leur permettre de s’arrimer au nouveau système, certaines entreprises évoquent le problème d’adaptation, de connexion pas toujours disponible dans certains postes de contrôle, ou la lenteur du système au moment de l’enregistrement de plusieurs grumes au même moment. «Normalement quand on regarde ce système, on pourra facilement tracer le bois, et évitera que la destination du bois soit changée. C’est vrai que ce système est perfectible», précise Atoh Mbemba représentant de Jun Shin Wood, une entreprise forestière opérant à l’Est du Cameroun.

Mesures transitoires

Dans un communiqué du 7 mars 2022, le ministre des Forêts et de la Faune reconnaît des problèmes de mise à jour en temps réel des données du fait de l’instabilité et de l’accessibilité au réseau internet. Proposant des mesures transitoires aux exploitants forestiers (régularisation des informations, dépôt d’une photocopie de la lettre de voiture émise par le Sigif 2 des check-points, transmission par les chefs de poste, des lettres de voiture et des données etc.).

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Les déboires du Sigif 2 après bientôt 4 ans d’existence, rappelle ses difficultés d’élaboration nées d’un conflit ouvert entre le ministère des Forêts et de la Faune, et ses partenaires technico-financiers que sont l’Union Européenne, la KFW (banque Allemande) et la GIZ (Coopération Allemande). Les partenaires techniques et financiers du Cameroun dans ce projet de protection des espèces forestières et de contrôle de légalité du bois camerounais accusent le ministère des Forêts et de la Faune d’avoir conduit de façon unilatérale sa mise en œuvre.

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Projet pourtant financé depuis 2015 par des fonds Européens et Allemands. Ces derniers ont refusé de réceptionner le Sigif 2, pour «non-conformité au cahier des charges». D’après Kfw et Gtz, les tests réalisés par un consultant indépendant ont en effet révélé des dysfonctionnements majeurs. Force est en effet de constater les limites de ce système pour lequel le trésor public fondait des sources de revenus. Les exploitants forestiers ont contribué, d’après le ministère des Finances, à hauteur d’environ 50 milliards de FCFA de recettes fiscales en 2018, et 49,4 milliards de FCFA en 2019. Toujours selon le ministère des Finances, le montant des taxes forestières non-reversées par les entreprises de ce secteur s’élèvent potentiellement à 5,1 milliards de FCFA en 2018, et environ 5 milliards de FCFA en 2019.

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