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Filière rizicole : la Semry milite pour une politique de quotas sur les importations de riz

A l’occasion du dernier conseil d’administration de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), le 29 juillet dernier, son président Midjiyawa Bakary a formulé ce plaidoyer à l’attention du ministère du Commerce, non sans déplorer le manque de moyens qui plombent les activités de cette entreprise.

La Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), bras séculier de l’Etat pour le développement de la filière rizicole camerounaise peine depuis sa création en 1971 à satisfaire la demande nationale, évaluée à près de 600 000 tonnes de riz par an. Elle propose à peine un- sixième de cette demande, avec une production minimale de près de 100 000 tonnes par an. Le pays se retrouve contraint de procéder aux importations pour garantir des stocks de sécurité alimentaire. Pour l’année 2022 par exemple, le ministère du Commerce, régulateur du marché, a autorisé des importations de 400 000 tonnes pour combler le déficit de production locale. A la Semry, on juge ces importations excessives, et elles apparaissent comme des obstacles à la promotion du riz made in Cameroon. Au sortir du dernier conseil d’administration de cette entreprise le 29 juillet dernier, son président, Midiyawa Bakary, a lancé un appel à l’endroit du ministère du Commerce, afin qu’il impose des quotas sur les importations. « Que le Mincommerce protège les producteurs intérieurs, en imposant un quota aux importateurs et comble le reste avec la production de la Semry. Le riz importé mine vraiment le marché. Nous souhaiterions qu’on leur impose un quota. On peut même leur demander de compléter leurs stocks avec du riz Semry », a-t-il déclaré.

Le PCA de la Semry dénonce entre les lignes la concurrence déloyale dont est victime le riz produit localement du fait de l’envahissement du marché par le riz importé. Les populations le préfèrent au riz produit par la Semry, visiblement plus coûteux, surtout par ces temps de conjoncture, marquée par la crise russo-ukrainienne et la rareté des engrais. Il devient donc difficile pour cette entreprise de se déployer surtout qu’elle est confrontée à un déficit de ressources financières. « La Semry n’a pas de moyens adéquats et suffisants pour conduire la production du riz. Du fait que les producteurs ont un problème d’engrais. Depuis qu’il y a la crise ukrainienne, le prix des engrais a presque triplé. Ce qui cause une difficulté dans la production du riz », étaye le directeur général de cette société, Fissou Kouma.

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Fonds de roulement

Les responsables de l’entreprise posent un problème de moyens financiers pour pouvoir développer la production, et assurer le rachat des stocks chez les autres producteurs. Lesquels sont souvent contraints de se retourner vers les commerçants étrangers pour écouler des stocks qui auraient dû être achetés par la Semry. « La Semry éprouve d’énormes difficultés, parce que le fonds de roulement en réalité n’existe pas. Nous avons beau prendre des mesures de contrôle de sortie, mais la Semry a quelques soucis de fonds de roulement pour le rachat. Si la Semry dispose de suffisamment de moyens, elle est en mesure d’acheter l’ensemble de la production disponible, le décortiquer, approvisionner la région, la sous-région et même au-delà. La doléance qui est portée à l’attention de la hiérarchie, c’est d’appuyer la Semry pour le fonds de roulement », plaide Midiyawa Bakary.

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Il convient de préciser que l’année dernière, l’Association internationale pour le développement (IDA), guichet concessionnel de la Banque mondiale, a octroyé au Cameroun un financement de 200 millions de dollars, soit 116 milliards de Fcfa, destinés au renforcement de la production agricole dans la vallée du Logone dans la région de l’Extrême-Nord. L’objectif du financement visait le renforcement de la gouvernance des ressources en eau en vue de l’amélioration de l’irrigation, la lutte contre les inondations, la restructuration de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) ainsi que le renforcement des services publics.

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