Financement de l’Etat : les banques locales supplantent les bailleurs de fonds en 2020

En proie à des besoins de financements plus importants en 2020, du fait de la survenue de la pandémie du coronavirus, le Cameroun a su compter sur les banques commerciales locales. Selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), organisme en charge de la gestion des fonds d’emprunts publics de l’Etat et de ses démembrements, les nouveaux engagements contractés localement par l’Etat au cours de l’année 2020 s’élèvent à 669 milliards de FCFA. Au cours de cette même période, la dette extérieure se situe à 473 milliards de FCFA. Pourtant, dans la Loi de finances rectificative du 3 juin 2020, le gouvernement tablait sur des prêts projets, dons et appuis budgétaires de 869,5 milliards de FCFA. Les engagements des bailleurs de fonds au cours de cette année affichent donc un déficit de 396,5 milliards de FCFA (hors appuis du FMI).

Lire aussi : Cemac : comment résoudre l’équation du sous financement de l’économie

Face à ce rétrécissement de l’enveloppe des financiers internationaux, le gouvernement a du se retourner vers les banques commerciales locales. Principales pourvoyeuses de fonds sur le marché des titres publics, elles ont dépassé les prévisions étatiques. Avec un réseau de 21 Spécialistes en valeurs du trésor (SVT), majoritairement composé de banques camerounaises, le trésor public a pu mobiliser 588 milliards de FCFA contre 420 milliards initialement prévus. A cela s’ajoutent les emprunts bancaires qui se sont élevés à 81 milliards de FCFA, portant le total des engagements intérieurs à 669 milliards de FCFA.

Service de la dette

Pour l’exercice 2020, le service de la dette était prévu pour 1 011,92 milliards de FCFA dans la loi de finances initiale, puis ramené à 913,72 milliards dans le budget rectificatif soit 539,72 milliards de dette intérieure et 374 milliards de dette extérieure. A la même période, un montant de 360 milliards a été réglé par l’Etat au titre de la dette extérieure, représentant 62,8% du service total de la dette cette année. Ce montant est en diminution de 20,1% par rapport à 2019 du fait des allègements de dette obtenus dans le cadre de l’initiative G20 relative à la suspension du service de la dette. « Cette initiative qui visait à aider les pays pauvres à lutter contre la pandémie de Covid-19, a permis au Cameroun de bénéficier d’un montant d’environ 124 milliards de FCFA d’allègement de dette » indique la CAA. A contrario, la dette intérieure ne fait pas l’objet de la même attention. Celle réglée s’est située à 213, 5 milliards représentant 37,2% du total de la dette à rembourser. Ce service est principalement constitué de la dette structurée pour 47,8% et des titres publics à hauteur de 46,8%. “Il est à noter que le Cameroun a honoré de manière satisfaisante ses engagements de paiement à bonne date du service de la dette, notamment de la dette extérieure, préservant ainsi la qualité de la signature de l’Etat”, se félicite le directeur général de la CAA, Richard Evina Obam, par rapport à la gestion de la dette publique.

Lire aussi : Marché monétaire : les OTA boostent les financements des Etats de la Cemac