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Financement : pourquoi la recapitalisation de la BAD bloque

L'institution financière panafricaine de développement attend désespérément une hausse de son capital. Les souscripteurs accusent un retard 11 mois sur le délai de souscription indiqué. En dehors de la fragilité financière de la banque, la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Canada, importants actionnaires de l'institution, tardent à honorer à leur engagement.

Après le tumultueux feuilleton de son élection à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina, Président de cette institution financière internationale, fait face à un épineux dossier. Celui de la recapitalisation de la banque. Souscrit depuis octobre 2019 pour une enveloppe de 115 milliards de dollars (62 330 milliards de FCFA), le processus stagne. 81 pays s’étaient en effet engagés à participer à l’augmentation du capital de la banque panafricaine depuis mars 2020, date-butoir d’effectivité des souscriptions. Malheureusement, les mauvaises nouvelles s’amoncellent pour l’institution. 65 pays n’ont pas honoré au paiement de 7% de quote-part. Seulement 16 pays ont libéré leurs actifs. 10 en Afrique : Le Nigeria, le Sénégal, le Maroc, le Bénin, l’Erythrée, le Burkina Faso, le Kenya, le Lesotho, le Rwanda et la Libye. 6 hors-Afrique: l’Allemagne, l’Inde, l’Italie, la Norvège, l’Arabie saoudite et l’Espagne.

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Parmi les pays contributeurs hors-Afrique, la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et le Canada manquent à l’appel des engagements. Ces quatre puissances financières rechignent pour des raisons inconnues à libérer leur 7% de contribution. Pourtant, de leur apport dépend la notation de la BAD en quête de la confirmation d’un triple A récemment obtenu sur la garantie d’engagement financière de ses actionnaires. Ce, après avoir enregistré en juillet 2020, un glissement négatif de notation de l’agence britannique Fitch. Passant de «AA » à «AA-». La BAD fait par ailleurs les frais de la dégradation de la note du Canada, ainsi que des mauvais chiffres sur la perspective de la note des États-Unis dont la contribution au profit de la BAD est de 9 milliards d’Unités de comptes (UC), soit 11,6 milliards de dollars. Autre facteur de blocage du processus d’augmentation du capital de la BAD, les exigences de l’Allemagne qui sollicite la revue à la hausse de son pouvoir de vote. Mettant en danger l’équilibre de répartition du capital (60% aux africains et 40% aux membres non-Africains).

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Ainsi, pour conserver sa note et financer ses multiples engagements, la BAD s’est tournée vers les autres pays du groupe des pays membres non-Africains notés triple A pour la garantie de son «capital appelable temporaire (CAT). Il s’agit de l’Allemagne, le Danemark, la Suède, et le Luxembourg. Dans un tel contexte, la BAD est dans l’obligation de reconsidérer ses ambitions financières: 25% pour observer le ratio Fitch des engagements sur fonds propres élargis au capital appelable, et 3,2 milliards UC sur la période 2020-2030 pour satisfaire au ratio Fitch, conditions nécessaires à la conservation de la note triple A, rapporte nos confrères de Financial Afrique. La BAD ne disposant plus techniquement de fonds propres suffisants pour couvrir ses multiples engagements. D’où le recours au «capital appelable».

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La BAD courrait ainsi le risque de perdre son statut de leader dans le financement du développement en Afrique. Ainsi que de compromettre ses plans de financements. Aux dernières nouvelles venues des milieux financiers, la BAD a finalement obtenu de l’agence de notation S&P Global, la confirmation de sa note de crédit «AAA/A-1» pour ses émissions en devises. Le rapport de notation de ce 29 janvier 2021 indique que «la BAD continuera de gérer de manière prudente son capital tout en maintenant un niveau de liquidité robuste composé d’actifs de haute qualité, et un profil de financement solide». Assorti d’une perspective stable, la note confirme également à la banque panafricaine un soutien extraordinaire de ses actionnaires. S&P Global prend également en compte une éventuelle augmentation du capital de la BAD de 115 milliards de dollars. «La notation AAA de S&P confirme la gestion financière prudente des finances et des risques de la BAD, ainsi que la solidité de nos systèmes de gouvernance…. », a indiqué Akinwumi Adesina.

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Sur le retard de paiement de souscriptions, les milieux financiers y voient une conséquence des griefs relevés contre le président de la BAD, en avril 2020, par des lanceurs d’alerte: comportement contraire à l’éthique, enrichissement personnel, favoritisme etc…..Avant d’être lavé de tous soupçons par la commission Takuji Yano.

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