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Financements : pourquoi la Banque européenne pour la reconstruction et le développement boude l’Afrique centrale ?

Alors que le Bénin et la Côte d’Ivoire ont récemment été admis comme membres et que le Sénégal, le Ghana et le Nigeria sont en pole position pour leur admission, la sous-région Cemac est absente de la nouvelle stratégie déployée par ce guichet qui finance pourtant, outre les projets d’infrastructures, mais la mise sur pied d’industries manufacturières, de l’agro-industrie, de l’énergie, la décentralisation, le développement des services etc.

L’on se serait attendu à voir le nom du Cameroun, de la RDC ou de l’Angola sur la liste des pays candidats à l’admission au titre de membres de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Au lieu de quoi, c’est le Bénin et la Côte d’Ivoire qui ont été admis en fin de semaine dernière à la suite de l’assemblée générale de mai 2023 tenue en Ouzbékistan. «Nous sommes très heureux d’accueillir le Bénin et la Côte d’Ivoire en tant que nouveaux membres et nous espérons qu’ils deviendront également des pays d’opération », a déclaré Mme Odile Renaud-Basso, présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), institution financière basée à Londres et créée en 1991 à l’initiative de l’ancien président français François Mitterrand. Mais, face à la progression de certains pays en Afrique des pays du groupe des BRICS, l’institution a décidé de revoir sa stratégie sur le continent et d’étendre ses activités aux pays subsahariens.

Si l’admission du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana, du Kenya et du Nigeria, tous des pays d’Afrique de l’Ouest excepté le Kenya (Afrique de l’est), a été décidée en accord avec «les objectifs stratégiques [des] actionnaires pour l’Afrique subsaharienne et la valeur que la banque peut y apporter», difficile de comprendre l’absence des pays d’Afrique centrale. Certains estiment qu’il y a de la méconnaissance, un manque d’intérêt ou une question d’options stratégique en matière de financement extérieur. «L’on peut effectivement être au faîte des critères et autres conditionnalités à remplir pour accéder ; mais, soit on n’est pas prêt à remplir le cahier de charges, soit on n’y a pas d’intérêt », croit savoir une source proche d’EcoMatin.

Certains pensent que cela relève davantage des choix de politiques publiques. «Les autorités peuvent pour l’instant se plaire dans les guichets qu’ils ont choisis et ne pas trouver opportun de candidater à l’admission à la BERD. Dites-vous bien qu’en ce moment où les financements se font rares et que le pays est à la recherche de nouveaux mécanismes de financements, il a connaissance de l’existence de la BERD. Mais il peut se trouver que cela ne fasse pas partie de ses priorités », souffle une source.

L’institution assure des investissements dans les domaines tels que les ressources naturelles, les institutions financières, l’agro-industrie, l’industrie manufacturière, les services, les infrastructures énergétiques et les énergies renouvelables, et la modernisation des services municipaux. Des domaines souvent abandonnés aux guichets chinois, turques et des pays des BRICS où les pays subsahariens sont lourdement engagés.

Ce changement de stratégie de la BERD intervient au moment où Eximbank China déploie un nouveau mécanisme de financement des projets en Afrique plus souple et mieux adapté aux objectifs de développement des Etats. En Afrique du Nord et au Maghreb, l’institution financière européenne dont le capital, détenu par 71 membres, a été porté à 30 milliards d’euros en mai dernier, a investi 528 millions d’euros dans 15 projets au Maroc ; 387 millions d’euros en Tunisie dans six projets et plus d’1,3 milliard d’euros en Égypte en 2022.

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