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Finances publiques : comment l’ingénierie financière locale a sauvé le secteur de l’électricité

L’effort herculéen du gouvernement de 182 milliards, conjugué à l’expertise financière locale a permis à l’Etat d’assainir les finances dans le secteur de l’électricité sans ponctionner les ressources publiques, encore moins en ayant recours aux partenaires au développement. Un bel exploit qui mérite d’être réédité dans plusieurs secteurs.

Dans trois mois, le trésor public camerounais devrait encaisser la somme de 25 milliards de FCFA représentant les dividendes et impôts versés par KPDC et DPDC, les filiales du producteur indépendant d’énergie Globeleq. Ce paiement est la résultante du processus enclenché en amont et visant à assainir les finances dans le secteur de l’électricité. Malgré de gros investissements consentis par l’Etat (260 Milliards en 10 ans), le secteur sombre dans un déséquilibre criard avec les dettes entre les principaux acteurs. Ce qui porte un coup à l’approvisionnement constant en énergie.

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Compte tenu de l’imminence de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations, que le pays accueille le gouvernement s’est mis à l’école de l’expertise locale pour se tirer d’une situation qui pouvait embarrasser la tenue de cette grande fête du football. “Il était urgent de mobiliser au moins 118 milliards avant le 31 décembre 2021 pour sauver le secteur. Un pari perdu d’avance dans un contexte marqué par la rareté de la trésorerie et de nombreuses sollicitations aussi bien pour les infrastructures de la CAN que pour la riposte contre le Covid 19” reconnaît le ministre des finances Louis Paul Motaze.

Effet de ruissellement

Grâce à l’ingénierie financière originale et locale, un modèle financier a été élaboré permettant à l’Etat d’injecter dans le secteur la somme globale de 182 milliards de FCFA sous plusieurs formes. Primo, le rachat des arriérés de créance de Eneo de 39 milliards de FCFA par un pool bancaire conduit par Société Générale. Secondo, l’injection de 70 milliards de FCFA à travers une titrisation de la créance de Eneo sur l’Etat. Il est d’ailleurs envisagé une deuxième injection de 48 milliards le 17 janvier 2022 à travers une opération d’émission de deux OTA de 4 et 5 ans de maturité. Et enfin la subrogation de l’Etat pour régler la dette de KPDC envers la SNH d’un montant de 25 milliards de FCFA. Au terme de l’opération, ces ressources devraient ruisseler sur tous les acteurs du secteur de l’électricité. Dans le détail, Kpdc et Dpdc empochent 68 milliards, Sonatrel et EDC quant à eux bénéficient d’un montant de 30 milliards et le Trésor Public 25 milliards. S’agissant du remboursement des titres arrivés à échéance, l’Etat, actionnaire à hauteur de 44% au sein de KPDC et DPDC devra puiser dans les dividendes et autres taxes qui lui seront versées chaque année. Entre 2023 et 2028, il est prévu des paiements de près de 110 milliards de ces entités au profit de l’Etat.

L’expertise locale à revendre

“Nous avons expliqué aussi bien au trésor qu’au banques qu’il s’agissait d’un actif rentable. Comme il fait partie du secteur énergétique, l’Etat peut s’appuyer dessus pour régler le problème du secteur de l’électricité”. Les propos de Serge Yanic Nana, le directeur général de Financia Capital et arrangeur de l’opération ne laissent aucun doute sur la fiabilité de la transaction à l’issue de laquelle, tous les acteurs (les banques y compris) trouvent leur compte. Pour l’État, nul besoin de faire appel à des ressources additionnelles ou à des bailleurs de fonds. A travers cette opération, Financia démontre les compétences de l’ingénierie financière locale dont l’expertise devrait très souvent être sollicitée par les pouvoirs publics. Le gestionnaire d’investissement n’est pourtant pas à son premier coup dans le secteur de l’électricité. En 2010 l’entreprise a été arrangeur pour le compte de l’Etat du Cameroun dans le cadre du programme thermique d’Urgence. En clair, elle a procédé à une syndication bancaire pour financer des investissements dans des centrales thermiques visant à renforcer les capacités énergétiques du pays.

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Côté gouvernement, l’expertise est également de mise. Samuel Tela, le directeur de la trésorerie au ministère des Finances est surtout le bras opérationnel de ce département ministériel dans la transaction. Rencontres avec les acteurs, expertise des propositions… Il suit de très près ce dossier. Son expertise et sa bonne connaissance des marchés financiers ont sans doute contribué à la bonne réussite de cette opération. Rappelons qu’en2020,il a été élevé avec 4 autres de ses collaborateurs au nom du chef de l’Etat à la dignité de chevalier de l’ordre de la valeur pour avoir permis à l’Etat du Cameroun de réaliser en 2019 des économies de 4,8 milliards de FCFA sur les émissions de titres publics.

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