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Finances publiques : nouveaux retards de paiement sur la dette du Cameroun, Moody’s se prononce

En 2023, le Cameroun a manqué des échéances de paiement sur sa dette due à à la Banque européenne d'investissement (BEI), ce qui n’a pas échappé à la vigilance des agences de notation qui n’excluent pas l’hypothèse d’un nouveau déclassement de la note de crédit du pays.

Le Cameroun est sous les feux des projecteurs, depuis quelques jours après de nouvelles échéances manquées sur le service de la dette extérieure. L’information émane d’un rapport du FMI publié le 20 février dernier et élaboré dans le cadre de la cinquième revue du programme économique et financier du pays appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) et la facilité élargie de financement (FEP).

Au terme de la revue, rapporte l’institution de Bretton Woods, le Cameroun était défaillant sur un des six critères de performance notamment la non-accumulation d’arriérés extérieurs. Cela est dû au fait que le Trésor public ait accusé des retards (5 jours) dans les paiements du service de la dette à la Banque européenne d’investissement (BEI) en août et septembre 2023.

Citant des « erreurs techniques », comme cause de ces retards, Yaoundé a sollicité une dispense de 30 jours après la date d’échéance avant de considérer les paiements retardés comme des arriérés externes. « Les autorités ont souligné qu’en dépit de faiblesses dans la gestion de la trésorerie, tous les efforts ont été déployés pour respecter les échéances des paiements extérieurs en temps voulu », pointe le FMI.

Contacté, le Trésor public camerounais n’a pas souhaité faire de commentaires. Mais  une source en interne a expliqué que ces retards avaient induit des pénalités pour le Cameroun au moment du règlement.

Mauvais signal

Quoique « mineur et temporaire », cet autre manquement est, selon Moody’s un mauvais signal que le Cameroun envoie aux investisseurs. Après la révélation du FMI, l’agence américaine  s’est immédiatement prononcée évoquant une « faible capacité de gestion de la dette, de la trésorerie et des ressources publiques ».

« Alors que les autorités reçoivent une assistance technique du FMI pour améliorer la capacité de suivi de la dette, nous nous attendons à ce que les conditions financières mondiales et nationales toujours tendues, ainsi que l’augmentation des arriérés budgétaires nationaux, continuent de limiter la liquidité du gouvernement ». Moody’s n’a pas considéré ces retards comme une défaillance de paiements  pour la simple et unique raison qu’ils concernaient un créancier multilatéral et non des créanciers privés. Autant dire que l’inverse aurait été davantage préjudiciable pour le pays. On se souvient qu’en septembre 2023, suite à des retards de paiements similaires envers un certain nombre de créanciers extérieurs dont Deutsche Bank Espagne. Moody’s avait déclassé la note du pays de B2 à Caa1. Plus sévère, S&P avait considéré ce retard comme défaut de paiement et avait classé Yaoundé à « Défaut sélectif », la dernière note avant le défaut pur et simple.

Un plan de succession présidentiel crédible

Selon Moody’s, l’hypothèse de « nouveaux arriérés de paiement et de défauts potentiels » n’est pas à élaguer. Outre la faiblesse de la gestion des finances publiques, l’agence évoque d’éventuelles tensions en raison de l’absence « d’un plan de succession présidentiel crédible », qui pourrait également entraîner des retards de paiement de la dette en cas de transition désordonnée du pouvoir. 

Les craintes de Moody’s peuvent être excessives, ce d’autant que malgré celles soulevées depuis des années, le Cameroun est à jour de toutes ses obligations en matière de service de la dette intérieure et extérieure, et ce malgré un contexte particulièrement difficile. Commentant les dernières évaluations des agences internationales sur le Cameroun, le MAEP, branche de l’Union Africaine en charge d’analyser les progrès de gouvernance des pays africains évoque « une faiblesse du mécanisme de vérification des information » et des « commentaires spéculatifs » qui ont des conséquences « préjudiciables » pour le pays.

Une nouvelle dégradation de la note de crédit du Cameroun signifierait que le  pays sera appelé à payer plus cher les coupons annuels sur ses eurobonds actuels. Bien plus, dans le cas où il contractait de nouveaux prêts commerciaux sur le marché international, le Cameroun devra payer beaucoup plus cher compte tenu du niveau de risque qu’il représente désormais pour les investisseurs. Les notes des agences affecteraient également les prêts intérieurs notamment sur le marché régional des capitaux où Yaoundé à prévu de mobiliser plus de 800 milliards de FCFA cette année pour combler ses besoins de trésorerie.

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