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Fraude : les produits brassicoles otages de la contrefaçon

Bières, eau minérale, ou étiquettes de marques sont victimes de ces deux fléaux qui causent d’énormes pertes économiques et financières pour les entreprises et le trésor public. Les statistiques en termes de saisies et de préjudices financiers vont crescendo malgré les mesures de contrôle, de répression et de garantie de qualité prises par les différents acteurs. Ecomatin effectue une incursion dans ce milieu très bien organisé.

L’affaire a défrayé la chronique des faits divers à Douala. Les éléments de la Gendarmerie de Nkololoun ont saisi dans la nuit du 27 mars 2021, un important stock de bières dans une brasserie artisanale construite dans un domicile privé de Nkolololoun, un quartier de l’Arrondissement de Douala 2ème. Les produits contrefaits et ceux servant à leur fabrication, qui ont été rassemblés dans cette curieuse gargote étaient impressionnants: 75 emballages vides de Guinness, 65 casiers de petites Guinness pleines, 100 sacs vides de bouteilles de Harp et Smooth, 39 emballages vides de Guinness, 50 sacs de bouteilles vides de petites Guinness. Cette opération n’est pas une nouveauté. Les cargaisons illicites ou de contrebande font régulièrement l’objet de saisies par les éléments des douanes camerounaises basés dans les postes frontaliers ou intérieurs. En août 2021, les éléments de la zone 1 de l’opération Halcomi 3 ont également intercepté 126 cartons de petites Guinness et 209 palettes de malta Guinness de contrebande, au marché mboppi de Douala.

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Les événements de Nkololoun et de Mboppi ne sont en effet que deux arbres qui cachent un vaste réseau de commerce illicite et de contrebande des produits brassicoles contrefaits. Les phénomènes de contrebande et de contrefaçon n’épargnent aucune entreprise brassicole locale, à fortiori, les brasseurs étrangers dont les produits sont commercialisés sur le territoire camerounais. En dehors du contenu qui est désormais fabriqué par des brasseurs inexperts, les préformes, bouteilles, bouteilles et étiquettes de marque font systématiquement l’objet de falsification ou de contrefaçon. Récemment, ce sont des étiquettes marquées «Isinbeck», pâle copie de la célèbre bière «Isenbeck», produite et commercialisée par la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc), qui attestait du génie des faussaires. Une source interne à la Sabc reconnaît l’existence du phénomène, en rassurant les consommateurs sur «la qualité et la fiabilité des produits Sabc».

Laxisme, porosité, corruption

L’entreprise brassicole s’est d’ailleurs dotée d’un nouveau laboratoire central d’une valeur de 250 millions de FCFA composé de plusieurs salles (échantillothèque, essai, physico-chimique, micro-biologie, dégustation, formation, recherche et développement, matières premières principales, nettoyage etc.). «ll s’agit d’un laboratoire de dernière technologie qui matérialise la vision d’excellence et de qualité du groupe Sabc. Le dispositif est entièrement digitalisé avec une application qui permet d’avoir en temps réel l’intégralité de nos mesures. Nous voulons assurer la norme de sécurité alimentaire et de la qualité. C’est la consécration et la matérialisation de ce souci constant de la qualité que nous avons traduit avec ce laboratoire de dernière génération. Nous nous sommes mis aux standards internationaux et nous répondons aux exigences de nos partenaires comme Coca cola ou Heineken. Nous allons gagner en fiabilité, efficacité, et en rapidité. Le leadership de la Sabc passe par sa capacité à innover tout en assurant la promotion du Made in Cameroon….», indiquait Emmanuel de Tailly, le Directeur général du groupe Sabc, lors de l’inauguration du nouveau laboratoire, le 18 janvier 2022.

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Les découvertes de contrefaçon s’étendent jusqu’à la production en eau minérale de diverses marques. La Sabc n’a pas enregistré de contrebande, ni de de contrefaçon ces derniers mois. «Pour ce qui est de Source Tangui, nous pouvons affirmer sans ambages que ce produit ne souffre pas de contrefaçon. Toutefois, nous reconnaissons que certains utilisent nos bouteilles vides pour reconditionner de l’eau de forage vendues en bordure de route à 50 FCFA ou 100 FCFA». Porosité des frontières, corruption, laxisme de certaines autorités, déficit de contrôle de qualité, appât du gain, insuffisance de la répression sont à l’origine de l’amplification du fléau. Toujours d’après les services des douanes, le Nigéria, pays voisin du Cameroun, avec une frontière commune de 1600 kilomètres, est de toute évidence, la principale porte d’entrée des produits de contrebande et de contrefaçon. Du côté de Diageo Guinness, l’on pense que «les autorités administratives devraient renforcer les mesures de contrôle et de répression car, non seulement ces fléaux déprécient nos marques et la qualité de nos produits, nous enregistrons aussi des pertes financières incalculables», s’exprime un cadre de la société Diageo Guinness. D’après les douanes camerounaises,  la contrefaçon et la contrebande font perdre annuellement 200 milliards de FCFA de recettes à l’État, soit 100 milliards de FCFA de recettes fiscales.

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