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Fronde contre la fusion Gicam-Ecam : Emmanuel Wafo va saisir le Comité des sages du Gicam

Le 18 avril 2023, EcoMatin annonçait le positionnement d'un mystérieux groupe de membres du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), opposé au projet de fusion-création dont le traité a été signé le 5 avril 2023 à Douala, entre Célestin Tawamba du Gicam et Protais Ayangma, le président d'Entreprises du Cameroun (Ecam). Six jours après cette révélation, l’on en sait davantage sur l'un des acteurs de cette fronde. Il s'agit d'Emmanuel Wafo, le président de la Commission économie et développement de l'entreprise au Gicam, dont l’ambition est de prendre la tête de cette organisation patronale.

Dans un document qu’il vient de rendre public, Emmanuel Wafo, le président de la Commission économie et développement de l’entreprise au Gicam, dit son opposition catégorique au traité de fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam), signé le 5 avril 2023 entre les présidents de ces deux organisations patronales. « Cette fusion, tant sur la forme que sur le fond, pose un certain nombre de problèmes que je dénonce, et qui du point de vue de l’éthique et du droit rendent ladite fusion caduque », écrit Emmanuel Wafo. Cet opérateur économique ne voit à travers cette fusion qu’une « mise à mort du Gicam », mais davantage une action « dont le but ultime est de consacrer l’hégémonie du président Tawamba sur le patronat camerounais ».

C’est la raison pour laquelle, de sources introduites, Emmanuel Wafo entend prochainement saisir de manière officielle le Comité des sages du Gicam, présidé par André Siaka, ancien président de cette organisation patronale (1993-2008), en vue de faire prévaloir ses arguments contre le traité de fusion du 5 avril 2023. Composé de grandes personnalités du monde des affaires (André Siaka, Paul Fokam Kammogne ou encore Richard Howe), le Comité des sages du Gicam, même si ses avis ne sont qu’à titre consultatif, joue un rôle important dans la stabilité et le fonctionnement de ce mouvement patronal créé en 1957. En attendant de saisir formellement cette instance, Emmanuel Wafo interpelle déjà ses membres dans sa tribune. A en croire le protestataire, en vertu de l’article 17 des statuts du Gicam, le Comité des sages est « l’instance mise en place pour veiller au respect des valeurs et principes du Gicam, et pour apporter des conseils et des éclairages au Conseil d’administration ».

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Il invoque également l’alinéa 2 du même article, dont les dispositions stipulent que « le Comité des sages fait office de gardien des statuts du groupement et des principes fondamentaux qui sous-tendent la gouvernance et le fonctionnement du Gicam », dans la mesure où il « veille à l’application des statuts dans leur lettre et leur esprit, ainsi qu’au respect de la Charte éthique et de bonne gouvernance ». Plus important encore, souligne Emmanuel Wafo, conformément aux statuts du Gicam, le comité des sages « est consulté pour avis de conformité sur les projets de modification des statuts et les règles de fonctionnement du groupement ». Or, poursuit le président de la Commission économie et développement de l’entreprise au Gicam, « à ce jour, le Comité des sages semble n’avoir pas été saisi, ni en ce qui concerne la fusion-création, ni sur l’éventualité d’une modification des statuts, encore moins sur la dissolution du groupement ».

Une fusion taillée sur mesure

Rappelons que le processus de fusion, comme annoncé dans ses colonnes par EcoMatin, a débuté en 2019, notamment le 17 janvier, lorsque le Gicam et Ecam ont porté sur les fonts baptismaux un cadre de discussions baptisé « Coordination patronale ». Célestin Tawamba et Protais Ayangma ont d’ailleurs été plusieurs fois aperçus, côte à côte, dans la gestion de certains dossiers importants impliquant le secteur privé, face au gouvernement ou autres partenaires internationaux.

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Le 29 juin 2017, jour de son investiture à la tête du Gicam, Célestin Tawamba avait clairement manifesté sa volonté de rassembler le patronat autour d’un groupement unifié. Projet concrétisé le 5 avril 2023, sous la forme non pas d’une « fusion-absorption » d’Ecam par le Gicam, mais plutôt par une « fusion-création », qui a l’avantage de permettre à Célestin Tawamba de rempiler à la tête du patronat après ses deux premiers mandats, à travers la nouvelle entité qui sera créée. De la volonté des signataires de l’Acte du 5 avril 2023, la nouvelle centrale patronale unifiée sera effective dès le 1er janvier 2024.

Mais avant cette étape, il faudra déjà réussir à faire valider le traité de fusion entre le Gicam et Ecam par l’assemblée générale du Gicam prévue en cette année 2023. Et pour laquelle Emmanuel Wafo appelle déjà les membres à rejoindre le front du refus. « J’invite tous les membres du Gicam à se préparer à dire massivement non à la mise à mort du Gicam, qui nous sera présentée lors de la prochaine assemblée générale extraordinaire cette année », écrit-il dans sa tribune.

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