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Fusion-acquisition : Alucam absorbe Socatral

La décision a été approuvée par les actionnaires des entreprises lors des assemblées générales du 30 juin 2020. Reste à finaliser les derniers détails juridiques et à harmoniser les systèmes d’information.

Bientôt, la Compagnie camerounaise d’aluminium (Alucam) et la Société camerounaise de transport de l’aluminium (Socatral) ne seront plus celles que vous avez connues jusqu’à présent. Les deux entités ont décidé de fusionner. Au cours des assemblées générales extraordinaires du 30 juin 2020, les actionnaires des deux entreprises ont adopté sans réserve l’unique point à l’ordre du jour, à savoir: la fusion d’Alucam et de Socatral. « Il s’agit d’une fusion par absorption. Alucam a absorbé Socatral », précise Cathy Momha du service de la communication à Alucam. Désormais, Alucam [capital : 19,177 milliards de FCFA, Ndlr] et Socatral [capital : 1,847 milliard de FCFA] ne forment qu’une seule et même entité. « Mais les parties prenantes sont encore en train de finaliser les derniers éléments relatifs à cette opération. Il s’agit de détails juridiques et les systèmes d’information, notamment par rapport aux éléments de langage en vue du plan de communication à venir. Par exemple, il faut trouver le nom de la nouvelle entité», explique Cathy Momha.

 En effet, l’on ne connait pas encore les détails de la parité d’échange (d’actions), l’amplitude de l’augmentation du capital de la nouvelle entité, la prime de fusion et la composition du conseil d’administration. Selon un cadre d’Alucam, il ne s’agit que d’une « régularisation » d’une situation de fait. « Tous ceux qui ont déjà visité les installations de ces deux entreprises se sont rendus compte qu’elles occupent les même espace, partagent les mêmes installations », explique-t-il ajoutant qu’il est très difficile pour une personne externe de faire la différence entre deux ces entités.

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Intégration verticale

 Cette fusion-absorption s’inscrirait donc dans la nature même de l’activité. En effet, Socatral est un atelier qui se situe juste après le dernier atelier d’Alucam. « Je ne comprends même pas pourquoi on a cru devoir séparer sur le plan juridique ce qui est très intégré au plan opérationnel. Ici, les employés Alucam et Socatral portent la même tenue ; les deux entreprises ont le même système de management ; nous faisons les mêmes formations et participons aux mêmes réunions », commente un employé. Cette fusion devrait ainsi donner une bouffée d’oxygène à ces deux entreprises, notamment à Alucam qui fait face à certaines difficultés économiques ces dernières années. Selon les états financiers disponibles, les capitaux propres d’Alucam sont passés de 19,217 milliards de FCFA en 2017 à 12,799 milliards de FCFA en 2018. En outre, l’entreprise a réalisé un déficit de 10,8 milliards de en 2018, après un résultat positif de 2,2 milliards en 2017. L’embellie n’aura été qu’une éclaircie puis que l’entreprise accumule des pertes depuis plusieurs années déjà soit 1,870 milliard de FCFA en 2016, contre 10,099 milliards en 2015 et 8,512 milliards en 2014. En effet, cette opération est une intégration verticale qui permettra surtout une réduction des coûts grâce à une meilleure coordination des secteurs amont et aval. Les 2/3 de la production d’Alucam sont exportés alors que le reste est transformé par la Socatral pour produire les tôles ondulées et Alubassa en les ustensiles de cuisine pour les marchés locaux et régionaux.

Alucam-Socatral : 360 000 tonnes d’aluminium à produire par an

Le Cameroun est sur le point d’importer des tôles ondulées. Voilà une nouvelle qui devrait surprendre plus d’un puisque’il abrite la première aluminerie d’Afrique Noire, la Compagnie camerounaise d’aluminium (Alucam). Avec environ 100 000 tonnes d’aluminium par an, la production d’Alucam (exportée aux 2/3) est utilisée dans les unités locales pour la production des tôles ondulées (Socatral) et les ustensiles de cuisine (Alubassa). De quoi satisfaire le marché local et régional. Mais voilà, un incendie dans l’une de ses unités et la pandémie du Covid-19 ont obligé Alucam à certaines restrictions de déploiement et la fermeture des usines. Résultat : «En raison de l’incident à Alucam/Socatral, il y a un gap entre l’offre et la demande. Il s’agit d’ouvrir provisoirement le marché pour combler le déficit en tôles», prévient le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Déjà, la Brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes relève qu’il y a actuellement une hausse des prix 200 FCFA sur les tôles de 2 mètres à 1200 FCFA et 300 FCFA sur les tôles de 3 mètres à 2300 FCFA. Toutefois, cette situation ne menace pas la filière. Bien plus, la fusion-absorption qui vient de s’opérer entre Alucam et Socatral devrait donner un souffle nouveau à ce fleuron de l’industrie camerounaise, et à la filière au regard du plan de développement du groupe. Par la technique du laminage à chaud des plaques, Socatral produit des bobines qui servent à la fabrication des tôles de couverture d’une part et des disques pour articles de ménage d’autre part. Sa capacité de production annuelle est de 30 000 tonnes. Dans le souci de diversifier son offre en réponse aux besoins du marché, Socatral a inauguré la première ligne de laquage en Afrique Centrale en octobre 2016. De ce fait, elle propose également des produits divers laqués sur son marché qui s’étend sur toute l’Afrique.

Grandes ambitions

Quant à Alucam, on se souvient que le groupe canadien Alcan qui avait absorbé le français Pechiney en 2001, avait décidé de porter la capacité de production de sa filiale camerounaise (Alucam) de 85 000 à 360 000 tonnes d’aluminium par an. Une décision motivée par la longue tradition de la maîtrise des techniques d’électrolyse par des techniciens et ouvriers camerounais; la disponibilité du 2e potentiel hydroélectrique d’Afrique après la RDC et du coût du KWh d’électricité parmi les plus bas du continent; de la disponibilité de plus de 900 millions de tonnes de bauxite (Fongo Tongo et de Minim Martap). Le projet consiste à construire à côté de l’usine actuelle d’Edéa deux séries supplémentaires d’électrolyse de technologie AP 37, pour réduire la consommation d’électricité tout en augmentant la production. Ce qui renforcera la position du groupe sur le marché de l’aluminium en Afrique et sa contribution socioéconomique au Cameroun et dans la sousrégion. Une étude réalisée par le bureau camerounais d’Ingénierie Prescriptor élavue à près de 3,2% la contribution directe et indirecte d’Alucam dans la création de la richesse nationale (Pib) au Cameroun. De plus, cette étude fait une analyse complète de l’impact économique et social d’Alucam et ses filiales, non seulement dans notre pays mais aussi en Cemac.

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